DEMONCHY Henri, Émilien, Lucien

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 2 août 1911 à Lyon (Rhône, IIIe arr.), exécuté sommairement le 12 juin 1944 à Neuville-sur-Saône (Rhône) ; commerçant ; résistant dans l’Armée secrète (AS) à Lyon.

Henri Demonchy était le fils d’Élie Emmanuel Marius, surveillant d’usine, et de Jeanne Marie Blanchon. Il naquit au domicile familial, 29 rue des Tuiliers. En 1931, il était employé de banque et demeurait avec ses parents 61 rue Besson à Lyon (Rhône, IIIe arr.). A cette époque, son père était contrôleur dans l’usine Zénith. Henri Demonchy ne fit pas son service militaire. Il fut réformé pour raison de santé. Le 14 décembre 1935, il se maria avec Jeanne Marguerite Juttet à Lyon (IIIe arr.). Le couple s’installa 30 route de Strasbourg à Caluire-et-Cuire (Rhône). Henri Demonchy exerça la profession de voyageur. En 1940, il fut affecté au service auxiliaire pour problème de santé et démobilisé le 26 juillet 1940. En 1944, il était négociant en peignes et filets pour coiffeurs. Ses locaux commerciaux étaient situés au 62 rue Molière à Lyon (IIIe arr.).

Henri Demonchy devint résistant dans l’Armée secrète (A.S.) en 1942 où au début de l’année 1943. Pierre Duboeuf, ancien responsable de l’Armée secrète du Rhône, attesta qu’Henri Demonchy fut agent de liaison et de renseignement. D’après une attestation d’Albert Lécrivain, ancien chef d’état-major de l’A.S., Henri Demonchy, dit Boulon, fut chef du 2ème Bureau et secrétaire de l’état-major départemental de l’A.S. du Rhône. Par ailleurs, ses bureaux du 62 rue Molière furent mis à disposition de l’état-major de l’Armée secrète du Rhône et servirent de point de chute aux agents de la région R1.

Suite à une dénonciation, le 18 mars 1944, la Gestapo l’arrêta sur son lieu de travail, 62 rue Molière, pour activité anti-allemande. Sa voisine fut témoin de son interpellation : « Il était 9h30 du matin, lorsque j’ai remarqué trois individus en civil qui sont entrés dans l’entrepôt de notre voisin par l’allée de notre immeuble. Au bout de vingt minutes environ ces individus sont ressortis en compagnie de Monsieur Demonchy, et j’ai très bien vu qu’ils l’ont emmené dans une voiture automobile, laquelle se trouvait en station cours Lafayette, angle rue Molière. Depuis cette date, je n’ai plus revu Monsieur Demonchy ».

Henri Demonchy fut torturé dans les locaux de l’École de santé militaire, avenue Berthelot (Lyon), puis interné à la prison de Montluc (Lyon), cellule 132.

Le 12 juin 1944, vers 18h, Henri Demonchy et vingt-deux autres prisonniers furent extraits de la prison de Montluc. Sous prétexte de les échanger contre d’autres détenus, les Allemands les entassèrent dans une camionnette, menottés deux par deux. Quatre soldats armés prirent place à l’arrière du véhicule pour les surveiller. Des hommes en civil et en uniforme, dont un agent français de la Gestapo, montèrent dans trois voitures. On imposa le silence aux prisonniers. Le convoi sortit de Lyon et s’arrêta vers 18h45 à Neuville-sur-Saône (Rhône), devant une carrière située sur la route de Civrieux (Ain), à 3 km environ du centre. Onze détenus furent jetés hors de la camionnette à coups de pied et de poing. Ils furent détachés et menés à 200 mètres de distance, dans un lieu isolé situé Montée du Parc (nommée anciennement Montée de la Chaumière). Ils durent se coucher à plat ventre dans un sentier. Vers 19h40, le peloton d’exécution formé d’une dizaine d’hommes tira des rafales de mitraillettes. Puis, les victimes reçurent le coup de grâce. Vint ensuite le tour des douze autres prisonniers. Ils furent conduits dans un pré, à peu de distance, et furent exécutés selon les mêmes modalités. Deux hommes du premier groupe furent blessés. L’un d’eux décéda dans la nuit à l’hôpital de Neuville-sur-Sâone, l’autre, seul rescapé, se réfugia dans une ferme. Les corps furent découverts le soir même par les autorités locales. Le 13 juin, les vingt-deux victimes furent numérotées, photographiées et inhumées dans le cimetière de Neuville-sur-Saône.

Le corps d’Henri Demonchy fut reconnu par sa femme le 9 octobre 1944. Il fut exhumé du cimetière de Neuville-sur-Saône et inhumé à Lyon.

Il fut homologué au grade de capitaine FFI en 1946. Le statut de Mort pour la France lui fut accordé en 1950. Il reçut le titre d’interné résistant en 1954. Une place porte son nom à Caluire-et-Cuire.
Son nom figure sur la stèle commémorative, à Mionnay (Ain) et sur le monument aux morts, à Caluire-et-Cuire (Rhône).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177909, notice DEMONCHY Henri, Émilien, Lucien par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 13 janvier 2016, dernière modification le 7 octobre 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES  : DAVCC, Caen, dossier d’Henri, Émilien Lucien Demonchy.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W8, 1Rp3009, 6MP730, 6MP664, 3808W1078.— CHRD, Lyon, ar. 1816 (dossier de René Louis Delorieux).— Bruno Permezel, Montluc, antichambre de l’inconnu, 1942-1944, 1999.— Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et alentours, 2824 engagements, 2003.—Note de Maurice Berne. — État-civil.

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