ALLOIN Jean, René

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 24 juin 1921 à Chessy (Chessy-les-Mines, Rhône), fusillé sommaire le 12 juin 1944 à Neuville-sur-Saône (Rhône) ; charcutier ; résistant.

Maquis de Beaubery. Jean Alloin est debout, le premier à droite.

Jean René Alloin était le fils de Joseph Pierre et Jeanne Gabrielle Jougand. Les Alloin demeuraient au Bourg de Chessy (Rhône). Le père, Joseph Alloin, fut poseur puis cantonnier à la compagnie Paris-Lyon-Méditerranée. Il travailla ensuite à l’usine de teinturerie Mathelin où Jean Alloin le rejoignit comme ouvrier dès son adolescence. Jean Alloin devint ensuite charcutier. En 1944, il était fiancé.

Il s’engagea dans l’armée et fut incorporé au 1er régiment de zouaves à Fort-National (Larbaâ Nath Irathen, Algérie). Au mois d’octobre 1942, Jean Alloin vint en permission à Chessy. A l’expiration de sa permission, il ne put rejoindre son régiment, les départs pour l’Afrique du Nord étant suspendus. Il fut mobilisé au Fort Lamothe à Lyon (Rhône). Démobilisé au début de l’année 1943, il entra comme manœuvre aux établissements Progil à Lyon dans le quartier de Vaise. Le 28 mai 1943, il reçut une convocation pour partir en Allemagne et devint réfractaire au Service du travail obligatoire (STO).

Jean Alloin entra au maquis de Beaubery (Saône-et-Loire) où il fut surnommé « Alloin le Barbu ». En septembre 1943, ce maquis dépendant de l’Armée secrète (A.S.) fut déplacé sur la commune de Montmelard (Saône-et-Loire). Les Allemands l’attaquèrent le 11 novembre 1943. Les maquisards résistèrent et se replièrent à Gibles (Saône-et-Loire). Le 14 novembre, les soldats allemands attaquèrent à nouveau à Gibles. Les résistants tentèrent de leur échapper mais le massif montagneux fut vite cerné. Jean Alloin fit partie du groupe de maquisards qui réussit à s’échapper et s’exila dans l’Ain après l’attaque des Allemands. A partir de la fin de l’année 1943, son parcours est plus difficile à déterminer. D’après la déclaration de son père, Jean Alloin intégra l’A.S. à Lyon. Mais aucun des responsables rhodaniens et lyonnais de l’A.S. interrogés à son sujet après-guerre ne semblaient se rappeler de lui. A partir de la fin de l’année 1943, il continua donc plus vraisemblablement l’action au sein de l’A.S. hors du Rhône.

Le 20 février 1944, alors qu’il était en mission à Lyon sous le pseudonyme de René Achard, Jean Alloin fut arrêté par les Allemands et la Milice, 6 rue Neyret (Ier arr.). Il fut interné à la prison de Montluc (Lyon), dans les cellules 75 et 67. D’après Joseph Alloin, Alphonse Raffin, interné dans la cellule 75 avec Jean Alloin entre le 19 mai et le 30 mai 1944, fut témoin des tortures que les Allemands lui infligèrent.

Le 12 juin 1944, vers 18h, Jean Alloin et vingt-deux autres prisonniers furent extraits de la prison de Montluc. Sous prétexte de les échanger contre d’autres détenus, les Allemands les entassèrent dans une camionnette, menottés deux par deux. Quatre soldats armés prirent place à l’arrière du véhicule pour les surveiller. Des hommes en civil et en uniforme, dont un agent français de la Gestapo, montèrent dans trois voitures. On imposa le silence aux prisonniers. Le convoi sortit de Lyon et s’arrêta vers 18h45 à Neuville-sur-Saône (Rhône), devant une carrière située sur la route de Civrieux (Ain), à 3 km environ du centre. Onze détenus furent jetés hors de la camionnette à coups de pied et de poing. Ils furent détachés et menés à 200 mètres de distance, dans un lieu isolé situé Montée du Parc (nommée anciennement Montée de la Chaumière). Ils durent se coucher à plat ventre dans un sentier. Vers 19h40, le peloton d’exécution formé d’une dizaine d’hommes tira des rafales de mitraillettes. Puis, les victimes reçurent le coup de grâce. Vint ensuite le tour des douze autres prisonniers. Ils furent conduits dans un pré, à peu de distance, et furent exécutés selon les mêmes modalités. Deux hommes du premier groupe furent blessés. L’un d’eux décéda dans la nuit à l’hôpital de Neuville-sur-Sâone, l’autre, seul rescapé, se réfugia dans une ferme. Les corps furent découverts le soir même par les autorités locales. Le 13 juin, les vingt-deux victimes furent numérotées, photographiées et inhumées dans le cimetière de Neuville-sur-Saône.

Son corps fut reconnu par son père, Joseph Alloin, le 1er mars 1945. Un médaillon avec photographie, deux chevalières et une médaille avec chaîne lui furent restitués.
Le statut de Mort pour la France lui fut accordé. Il reçut le titre d’interné politique en 1956.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177910, notice ALLOIN Jean, René par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 13 janvier 2016, dernière modification le 8 janvier 2017.

Par Jean-Sébastien Chorin

Maquis de Beaubery. Jean Alloin est debout, le premier à droite.

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Jean René Alloin.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W14, 3460W2, 6MP699, 6MP650, 6MP603, 3808W1078.— CHRD, Lyon, ar. 1816 (dossier de René Louis Delorieux).— Amicale du Bataillon du Charollais, Le maquis de Beaubery et le bataillon Charollais, 1983.—Note de Maurice Berne. — Mémorial Genweb.— État-civil.

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