TOUROUDE Georges, André, Raymond. Pseudonyme : Lieutenant Barthélémy

Par Alain Dalançon

Né le 15 septembre 1924 à Thouars (Deux-Sèvres), mort le 21 août 2001 à Royan (Charente-Maritime) ; instituteur en Charente-Maritime, poète et romancier ; Résistant, militant communiste puis du PSU, militant de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), militant du SNI.

Fils unique d’un cheminot employé des Chemins de fer de l’État, Georges Touroude vécut durant sa jeunesse au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) où son père avait été muté. Il aimait la poésie, la littérature et jouait du violon. Élève-maître à l’École normale d’instituteurs de Rouen durant la guerre, jeune communiste, il entra dans la Résistance. Tandis que Roland Leroy devenait responsable de la Jeunesse communiste, il fut désigné avec Michel Mius responsable régional du Front patriotique de la jeunesse qui s’élargit en novembre 1943 dans les Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP), et prit le pseudonyme de « lieutenant Barthélemy ». La priorité donnée par les communistes du Havre aux structures partisanes (PC, JC, CGT) sur les organisations frontistes (Front national, FUJP) fut l’objet d’affrontements politiques internes, si bien que Georges Touroude fut ramené quelque temps à la base. Il échappa plusieurs fois à la dénonciation. Il rassembla ses souvenirs et ceux de ses compagnons dans un livre publié en 1995, Les braconniers de l’Espérance.

Le terrible bombardement du Havre du 5 septembre 1944 conduisit sa famille à se replier en Charente-Maritime, où son père travailla jusqu’à sa retraite à La Rochelle. C’est là qu’il connut à la Libération Robert Chamboulan, écrivain et journaliste résistant, alors rédacteur en chef du journal communiste de Bordeaux, La Gironde populaire, qu’il admirait beaucoup, car lui-même rêvait de journalisme et d’écriture. La famille Chamboulan était revenue à Royan dont elle était originaire, après les bombardements alliés en janvier puis avril 1945 qui détruisirent presque entièrement la ville. Il fallait la reconstruire. Robert Chamboulan était adjoint au maire Charles Regazzoni, et avait repris l’écriture de romans avec sa femme, Germaine Pelletan, appartenant à la famille des républicains protestants (notamment Eugène et son fils Camille). Georges Touroude épousa à Royan le 8 avril 1947, leur fille aînée, Gisèle, elle-même jeune résistante, qui avait ouvert en 1946 l’école de musique Albert Roussel et qui fut également professeur de musique au collège Zola de 1950 à 1960.

Il fut nommé instituteur dans la région de Royan puis à Royan même, à l’école Pelletan, où il effectua tout le reste de sa carrière. Il quitta le Parti communiste français et devint un des principaux militants du Parti socialiste unifié du département au début des années 1960. Secrétaire et trésorier de la section de Royan en 1963, il figurait en 1966 parmi les militants du bureau de la fédération. En même temps, adhérent du Syndicat national des instituteurs, il devint membre du conseil syndical de la section départementale pour un seul mandat en 1963-1965. Il était aussi un membre très actif de la Ligue des droits de l’Homme dont il fut président d’honneur dans le département et conférencier.

Parallèlement à sa carrière d’enseignant, Georges Touroude entreprit une carrière littéraire. Toute son œuvre illustre ses idées de justice et de liberté. Son premier roman, Les Pavés de la haine, paru en 1970 chez Albin Michel, était consacré à la Commune de Paris, comme un article qu’il écrivit dans les Cahiers Bernard Lazare (1971) : « Les insurgés juifs de la Commune ».

Après sa prise de retraite, il rédigea en 1990, en collaboration avec André Berland, la première biographie de Ludovic Trarieux, le fondateur de la Ligue des droits de l’Homme. Également poète, il publia en 1974 ses Contes des vents atlantiques, et ses vers de 1948 à 1990 furent regroupés dans le recueil Dix cris du cœur.

Georges Touroude se consacra aussi à des travaux de recherches historiques. La famille de sa femme se rattachant à celle du pasteur du désert Jean Jarousseau, il en fut le second historien, après Eugène Pelletan. Puis il fit des recherches sur ses illustres descendants Eugène et Camille Pelletan, ce qui relança l’intérêt des historiens pour ces républicains de progrès.

En 1996, Georges Touroude créa avec Paul Baquiast l’Association des Amis d’Eugène et Camille Pelletan (AECP), dont il devint le trésorier. Il fut un des responsables des deux colloques internationaux que l’association organisa en juin 1997 et 1998 à Saint-Georges-de-Didonne. Les actes du premier furent édités sous le titre Les Pelletan : une dynastie républicaine charentaise (Meudon-la-Forêt, AECP, 1998).

Pour son action dans la Résistance, il avait été fait chevalier de l’Ordre national du Mérite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article177958, notice TOUROUDE Georges, André, Raymond. Pseudonyme : Lieutenant Barthélémy par Alain Dalançon, version mise en ligne le 16 janvier 2016, dernière modification le 1er octobre 2021.

Par Alain Dalançon

ŒUVRE : Outre les ouvrages et articles précisés dans le texte : en collaboration avec Germaine Pelletan, Royan, Solar, 1973. — Contes des vents atlantiques, Bias, 1974, nouvelle éd. en 1981. — Bestiaire pour un petit âne, Royan, SLAS, 1981,— Robert-Jean Boulan, poète de notre temps (Anthologie), Royan, SLSA, 1980. — De l’oppression à la Liberté - Histoire des communautés saintongeaises huguenotes et de leur pasteur du Désert Jean Jarousseau (1729-1819), Royan, Éditions de la Langrotte, 1992. — Dix cris du cœur, Avignon, Les dits du pont, 1994. — Les braconniers de l’Espérance - Histoire du mouvement de la résistance étudiante et de la jeunesse patriote (FUJP) en Seine Maritime (1940-1944), Royan, Éditions de la Langrotte, 1995. — Les deux Républicains de progrès : Eugène et Camille Pelletan, Éditions du Pavillon, L’Harmattan, 1995.

SOURCES : Arch. Nat. 81AP/104, 106. — Bulletins de la section départementale du SNI. — Paul Baquiast, "Hommage à Georges Touroude" sur le site de l’AECP. — Marie-Paule Dhaille-Hervieu, Communistes au Havre : Histoire sociale, culturelle et politique, 1922-1983, Publications de l’Université de Rouen et du Havre, 2010. — Notes de Jacques Girault.

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