GUEZENEC Mireille [née VINCENTS Mireille]

Par Gérard MONTANT

Née le 19 mars 1937 à Issy les Moulineaux (92) ; professeure de dessin d’art en lycée professionnel ; militante syndicale au SNETP-CGT ; militante communiste, adjoint au maire d’Itteville (Essonne).

Le père de Mireille Vincents, Léon, Raymond, Georges, né en 1908 dans l’Aude, fut successivement ouvrier agricole, pompier de Paris, agent d’assurance, dessinateur industriel. Militant communiste et syndicaliste à la CGT, il eut une grande influence sur sa fille. Sa mère Louise Valérie, née dans le Val d’Oise, fut successivement vendeuse, aide infirmière dans un dispensaire, femme de ménage, périodes de travail entrecoupées de phases de travail à domicile pour élever ses enfants.

Deuxième d’une fratrie de 4 enfants, Mireille Vincents fréquenta l’école primaire Paul Bert à Issy-les-Moulineaux (Seine) en octobre 1944. Elle intégra alors la classe préparatoire qu’elle quitta pour le cours élémentaire avant la fin de l’année, sa mère lui ayant appris à lire. Il n’y avait pas en 1943 la possibilité d’intégrer les petites classes dans la commune. Elle se souvenait de ces années en primaire comme des années qui lui avaient permis de découvrir des films soviétiques dont les héros l’enthousiasmaient. Elle fréquenta donc assidument le patronage laïque : « On jouait à la Résistance dans la cours de récréation ».

Après le CM2 en 1948, elle rejoignit le cours complémentaire de la Place Voltaire à Issy-les-Moulineaux. Après son BEPC en 1952, elle intégra le collège technique des Arts Appliqués Élisa Lemonnier dans le IXe arrondissement de Paris pour formation de cinq ou six ans. Aux Arts Appliqués, pour financer les fournitures scolaires, elle fit de nombreux petits boulots (retouches de cartes postales, de catalogues de mode…). Pendant les vacances scolaires elle encadra des colonies de vacances du comité d’entreprise de Renault, puis des commune d’Aubervilliers, de Malakoff, d’Ivry. Pendant ces deux mois, « on se croyait en “Démocratie populaire“, on chantait les chants populaires, révolutionnaires ».

Elle rencontra son futur époux Jean-Yves Guezenec en 1957, étudiant à Sup’Elec . Ils se marièrent en mai 1959 et eurent trois filles.

Après avoir obtenu son diplôme de l’école supérieure des Arts Appliqués, Mireille Guézenec réussit le concours d’entrée à l’École normale nationale d’apprentissage de la rue de la Tour en septembre 1957. Elle se syndiqua à la CGT très rapidement après son intégration à l’ENNA, en opposition à une suggestion faite par un de ses professeurs qui encouragea ses étudiants à rejoindre la Fédération de l’Éducation nationale. Pour elle, « les centres d’apprentissages issus de la Résistance, pour la formation des futurs ouvriers qualifiés, recrutaient des enseignants, anciens ouvriers, et donc ils ne pouvaient qu’être adhérents à une confédération et pour elle il n’y avait pas d’autre choix que la CGT ».

A la sortie de l’ENNA, elle fut affectée en septembre 1959 dans le Nord sur deux mi-temps à Lille et Roubaix. Période difficile, elle payait ses cotisations syndicales mais ne militait pas. Chaque samedi elle rejoignait sa fille Marianne née en novembre 1959 et son mari à Paris.

Après un accident de la circulation survenu en février 1962, elle fut mise en arrêt jusqu’en juin. Elle obtint en septembre 1962 sa mutation sur deux mi-temps en Seine-et-Oise à Sartrouville et Conflans Saint-Honorine, puis en 1963 elle obtint un poste à temps plein sur Sartrouville où elle enseigna jusqu’en 1968.

En septembre 1968,elle fut affectée à Corbeil Essonne (Seine-et-Oise/Essonne), elle se mis en disponibilité pendant deux ans. Au cours de cette période elle dispensa gracieusement des cours de dessin aux enfants de sa cité. En 1971 elle fut affectée près de chez elle à Sainte-Geneviève-des-Bois. Avec 21 heures de cours, une heure par classe, 21 classes différentes de 32 élèves, sa mission fut difficile comme pour tous les enseignants de cette discipline.

Pendant toutes ces périodes de Sartrouville à Sainte-Geneviève-des-Bois, Mireille Guézenec milita sur le plan local prenant souvent la responsabilité du syndicat, elle fut élue à la commission exécutive du Syndicat national de l’enseignement technique professionnel-CGT de l’Essonne.

A la rentrée 1975, élue secrétaire académique de l’Académie de Versailles du SNETP, elle assura cette responsabilité jusqu’en 1982 date à laquelle elle rejoignit la Confédération comme collaboratrice chargée plus particulièrement des questions de l’enseignement et de la formation professionnelle de l’Union régionale Ile-de-France (URIF-CGT) de 1982 à 1984 à la Grange aux Belles puis à Montreuil à partir de 1984. A ce titre à partir de 1983 elle participa au groupe CGT du Comité économique et social régional (CESR).

Elle fut membre de la Commission exécutive nationale du SNETP lors du congrès de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) en 1980, responsabilité qu’elle conserva jusqu’à sa retraite.

Mais le travail sur les questions de la défense des personnels des lycées professionnels, de l’école, de la formation initiale et continue des salariés, ne fut pas ses seules responsabilités syndicales. Elle fut membre de la commission exécutive de l’Union départementale CGT de l’Essonne de 1975 à 1982 et collabora à l’Union locale d’Orsay. Elle participa à de nombreux stages de formation comme formatrice dans les unions départementales, à l’Institut des sciences sociales et du travail de Strasbourg. Elle participa à des conférences, colloques, délégations à l’étranger (conférence mondiale de la Paix à Copenhague, délégations à Prague, Belgrade, Berlin). Sa formation artistique la conduisit naturellement à participer à la commission culture de la CGT, à être la représentante du SNETP à la 12e commission professionnelle consultative (Arts Appliqués), au Conseil supérieur de l’éducation nationale et au Conseil national des programmes. Lors de ces réunions, elle caricatura les intervenants dans les congrès ou conçut des affiches pour le mouvement.

A partir de sa retraite en 1998, Mireille participa à la section nationale des retraités du SNETP et la section nationale des retraités de la FERC.

Sur le plan politique Mireille Guzézenec adhéra pour la première fois au Parti communiste français en 1952 à Issy-les-Moulineaux. Elle cessa de militer choquée par l’aspect conventionnel prôné par le PCF dans le domaine artistique. Elle réadhéra au PCF en 1968. Entre 1978 et 2010, elle fut conseillère municipale à Itteville dans l’Essonne. Simple conseillère jusqu’en 1983 dans une équipe dont le maire était communiste, puis après un mandat avec un maire de droite, elle fut élue adjointe aux affaires scolaires à partir de 1990 jusqu’en 2010 avec un maire socialiste.

Elle fut candidate quatre fois au Conseil général de l’Essonne dans le canton de La Ferté-Alais : en 1982 (14,2 %), en 1988 (11,3 %), en 1992 à la suite du décès du sortant le docteur Conte, maire de La Ferté-Alais (8,65 %) et en 1994 (8,6 %). Elle fut suppléante de Gérard Lefranc à l’élection législative de 1997 dans la circonscription d’Etampes et grand électeur pour les élections sénatoriales de 2004.

Mireille Guézenec soulignait : « Mes parents ont eu une grande influence sur moi, ma sœur ainée militante à l’UJRF m’a aussi influencée ainsi que mon beau-frère militant communiste, d’origine hongroise ». Elle se souvenait avoir été désignée pour remettre des fleurs à Marie-Claude Vaillant Couturier*, « une icône symbolique » pour elle, qui participait à une réunion où elle était la plus jeune communiste. Mais cet engagement n’était pas sans contradictions, sans interrogations pour elle : « Concernant la découverte des crimes du stalinisme, j’ai mis du temps à les admettre puis j’ai attribué à l’individu les dérives d’un homme gâté par le pouvoir absolu et la peur des éventuelles vengeances de ses victimes. Fin 1991, j’ai cru à la Perestroïka et que Gorbatchev allait sauver l’URSS. Les événements en Hongrie m’ont été commentés par mon beau-frère, dont une partie de la famille résidait en Hongrie et qui prétendait qu’il y avait une répression féroce exercée contre les communistes. Vrai ou faux ? L’actuelle dérive du gouvernement hongrois m’incite à penser que ce n’était peut-être pas si faux que ce qui s’est dit. J’ai désapprouvé l’entrée des chars en Tchécoslovaquie et j’ai écrit pour le journal de cellule un article condamnant avec virulence la répression sur la Place Tien An Men. En fait j’ai toujours été naïve mais persuadée qu’il y aurait un jour une société plus juste et plus humaine ; tel a été le fil conducteur de mon engagement. Je n’ai rien fait de remarquable, j’ai été juste un “bon soldat“ comme me le disait un vieux camarade de ma section ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178081, notice GUEZENEC Mireille [née VINCENTS Mireille] par Gérard MONTANT, version mise en ligne le 21 janvier 2016, dernière modification le 21 janvier 2016.

Par Gérard MONTANT

SOURCES : Archives du SNETP-CGT. — Témoignage de l’intéressée en octobre 2015.

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