CERF Cécile, née Cypora SHALIT

Par Claudine Cerf

Née le 12 janvier 1916 Vilna (Russie), morte en 1973 à Paris ; résistante FTP-MOI ; membre de la Commission centrale de l’enfance (CCE) de l’UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide) : secrétaire de direction de Naïe presse, traductrice de Presse Nouvelle Hebdomadaire.

Cécile Cerf dans les années 1950
Cécile Cerf dans les années 1950

Cécile Cerf naquit dans une famille juive à Vilna (Russie) mais, quatre ans plus tard, la ville passa sous domination polonaise et devint Wilno jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. La jeune fille, très politisée, adhéra à l’action révolutionnaire estudiantine contre la dictature militaire polonaise .
En 1932, Cécile Cerf poursuivit sa scolarité à Paris mais elle abandonna ses études par conviction politique pour vivre concrètement la condition ouvrière.
Elle épousa Marcel Cerf en 1934, devint française et participa à la lutte du peuple parisien contre la tentative de coup d’Etat fasciste de février de la même année.
Pendant la Seconde guerre mondiale, son mari fut prisonnier en Allemagne.
De 1942 jusqu’à la Libération, Cécile Cerf servit la Résistance de façon continue et suivie avec des responsabilités multiples et croissantes sur le territoire français. En décembre 1942, elle s’engagea dans les rangs des FTPF, en région parisienne. Elle servit alors en tant qu’agent de liaison sous les ordres directs de « Fernand », de Jacques Szarf et de Youdine .
Elle participa au sauvetage des enfants israélites, à la recherche de logements pour les combattants armés FTPF illégaux et à l’approvisionnement des groupes de combat. Cécile Cerf s’impliqua personnellement et particulièrement dans les transports d’armes et de matériel qui permirent la réalisation de plusieurs actions, notamment celle du 17 janvier 1944 lors du déraillement d’un train de troupes ennemies près de Bellay.
Cécile Cerf intégra les FTP-MOI. D’avril à juin 1943, les nazis et les Brigades Spéciales lancèrent la Grande Traque N°2. Cécile Cerf était un des chaînons de cette deuxième filature de résistants FTP- M.O.I.
Du mois d’ août 1943 jusqu’à juin 1944, Cécile Cerf fut alors Responsable FTP-MOI auprès de la Résistance, zone Nord, chargée de développer l’activité résistante parmi les femmes et ce, dans toutes les immigrations (polonaise, italienne, espagnole, etc). Elle recruta de nombreuses femmes patriotes qui servirent en tant qu’agents de liaison.
Elle fut, à cette époque, en relation avec la résistante Maria Rabaté.
Fin 1943, elle installa une imprimerie clandestine à Châtenay-Malabry au domicile d’une autre résistante, Simone Aubry. Cette imprimerie, dont elle assurait la direction, fonctionna jusqu’en mai 1944, éditant ou reproduisant de nombreux tracts et journaux clandestins du FN-FTPF.
À partir de mai 1944, Cécile Cerf devint responsable auprès de la Résistance-zone nord (FTP-M.O.I) pour la mise en place des Milices Patriotiques. Elle fut chargée spécialement de la région parisienne et des départements de l’Yonne et de la Côte d’Or. Au cours de la même période, elle assura des missions d’inspection dans les maquis de Saône-et-Loire, transportant à vélo tracts et matériels divers, avec une entière indépendance de jugement.
Elle organisa également la Résistance parmi les femmes sous forme d’aide aux maquis.
Après guerre, elle fut l’une des fondatrices de la Commission centrale de
l’enfance (CCE) de l’UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide) consacrée à la prise en charge des orphelins de la Shoah. Cécile Cerf fut la première administratrice du journal du MRAP « Droit et Liberté ».
Nommée secrétaire de rédaction du quotidien progressiste de langue yiddish Naie Presse, son objectif était la préservation d’une langue et d’une culture et la défense des libertés républicaines. Directrice de la librairie du Renouveau, elle convoqua régulièrement des écrivains de toutes origines pour animer des rencontres avec les
lecteurs. Cécile Cerf organisa à la Sorbonne, en 1959, une soirée en l’honneur de Cholem Aleikhem et un colloque à l’UNESCO à l’occasion de l’exposition consacrée au centenaire de l’écrivain de langue yiddish. Pour Presse Nouvelle Hebdomadaire (PNH), Cécile Cerf traduisit de nombreuses nouvelles d’écrivains classiques et modernes de langue yiddish, ignorés du public français ainsi que des mélodies populaires.
Elle mourut en 1973 à Paris.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178095, notice CERF Cécile, née Cypora SHALIT par Claudine Cerf, version mise en ligne le 22 janvier 2016, dernière modification le 10 avril 2022.

Par Claudine Cerf

Cécile Cerf dans les années 1950
Cécile Cerf dans les années 1950

SOURCES : Attestations officielles pour les activités de Résistance de Cécile Cerf : Louis Gronowski , Responsable National FTP-M.O.I. -Gaston Laroche, capitaine FFI, Commandant de détachement. — Le sang de l’Etranger, les Immigrés de la M.O.I dans la Résistance, Courtois, Peschanski, Rayski, Fayard. 1989. — Collection privée ( donation à « United States Holocaust Memorial Museum » Washington, DC. USA). — UJRF (Union de la jeunesse républicaine de France).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable