Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault), Stand de tir de la Madeleine, 14 mars - 11 juillet 1944

Par André Balent

Seize fusillés entre le 14 mars et le 11 juillet 1944, par un peloton de GMR (jugés par la Cour martiale de la Milice de Montpellier, Hérault) pour neuf d’entre eux, par des Allemands (jugés par le tribunal militaire OFK 894 de Nîmes, Gard), pour sept autres.

Vue générale de la butte de tir de la Madeleine, Villeneuve-lès-Maguelone
Vue générale de la butte de tir de la Madeleine, Villeneuve-lès-Maguelone
Cliché : André Balent, 13 février 2016

La butte du stand de tir de la Madeleine située dans la commune de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) a été utilisée pour l’exécution de résistants provenant de divers départements de la R3 et jugés :
- soit par la Cour martiale de la Milice de Montpellier — Cour martiale de la Milice : dénomination courante que nous reprenons dans cette notice alors qu’il conviendrait plutôt d’utiliser la terminologie officielle de « Cour martiale du secrétariat d’État au Maintien de l’ordre » qui montre bien de caractère étatique de cette juridiction qui officiellement n’avait pas de lien organique avec la Milice —,
- soit par le tribunal militaire allemand OFK 894 de Nîmes.

Les jugements :

Il y eut cinq séances d’exécutions, après des jugements prononcés par la Cour martiale de la Milice de Montpellier (Hérault) et le tribunal militaire allemand OFK (Oberfeldkommandantur) 894 de Nîmes (Gard) tint une seule séance, le 31 mai 1944 à Montpellier.
Les exécutés de la Madeleine furent condamnés à mort :
- lors de quatre séances de la Cour martiale de la Milice de Montpellier : 14 mars (un condamné : Antoine Miralles), 31 mars (un condamné : Louis Plantadi), 22 mai (deux condamnés : Louis Bonfils, Henri Garcia) et 11 juillet 1944 (Pierre Auriol, Gabriel Hispa, Menusier, Joseph Sauri, Pierre Stoll).
- à l’issue des délibérations du tribunal militaire allemand de Nîmes OFK 894, le 31 mai 1944 : Francis Gaussen, Raymond Migliario, Georges Pierru, Jean-Marie Pitangue, Louis Rachinel, Aimé Sauvebois, René Sénégas.

D’après Jacques-Augustin Bailly (op. cit., pp. 40-41), ce fut l’intendant Pierre Marty qui choisit lui-même les détenus traduits devant une juridiction qu’il mit en place. Il s’agissait d’une justice expéditive, sans instruction ni défense. Il reste peu de traces des procès-verbaux de cette cour et de la documentation la concernant car les dossiers furent en grande partie détruits le 21 août 1944 à la fin de l’occupation allemande de Montpellier. La dernière exécution (les 5 FTPF de Perpignan fusillés le 11 juillet 1944) fut ordonnée par Charles Hornus, le successeur de Marty nommé entre-temps à Toulouse. La Cour de justice de la Milice aurait dû aussi condamner Raoul Batany, du mouvement Combat et membre des CFL de l’Hérault. Le 17 août 1944, il fut abattu par deux miliciens à la caserne de Lauwe de Montpellier et sans doute enterré vivant dans une cave de cet édifice.
On remarque que les 7 condamnés par le tribunal militaire allemand le furent lors d’une seule séance alors que les 9 condamnés par la Cour martiale de de la Milice donnèrent lieu à 4 procédures sommaires.
Dans les deux cas il s’agit de procédures expéditives sans appel.
On peut aussi souligner que la Cour martiale a concentré sa répression sur les FTPF alors que les Allemands ont frappé pour l’essentiel des résistants de la mouvance MUR/AS/CFL. Les condamnés par la Cour martiale avaient été livrés à cette juridiction par la police française ou la Milice. Ce n’est sans doute pas un hasard si les forces de répression françaises ont considéré comme prioritaire l’éradication de la résistance communiste. Cette volonté d’anéantir en premier lieu les organisations de résistance de la mouvance communiste et de ménager — très relativement — les MUR ou l’ORA a souvent été constatée dans nombre de départements de la R3 et de la R4.

Les exécutions :

Les condamnés furent exécutés le jour même de leur procès ou le lendemain.
Dans le cas des condamnés par l’OFK de Nîmes, ils durent être transportés depuis cette ville jusqu’à Villeneuve-lès-Maguelone, deux communes séparées par une distance d’environ une cinquantaine de kilomètres (Villeneuve-lès-Maguelone se situe au sud-ouest de Montpellier). À moins que leur jugement ait été prononcé en leur absence alors qu’ils étaient incarcérés à Montpellier, ce qui était le cas de René Sénégas. Les condamnés par la Cour de la Milice furent exécutés par des pelotons issus du corps des GMR. Parfois, comme la chose est signalée dans certaines notices biographiques des exécutés de la Madeleine, ces pelotons étaient composés de volontaires. Lors de son exécution, Roger Menusier, gardien de la paix à Perpignan, reconnut et interpela d’anciens collègues du GMR "Bitterois" parmi les membres du peloton chargé de l’exécuter. Le 11 juillet 1944, les GMR exécutèrent les FTPF perpignanais en présence d’officiers allemands.

Nous ignorons à quelle(s) unité(s) du Heer appartenaient les soldats du peloton allemand qui procéda aux exécutions du 30 mai 1944.
Le champ de tir de la Madeleine, lieu des exécutions, se trouve le long de la route départementale qui relie Montpellier à Sète, sur les flancs du petit massif calcaire côtier de la montagne de la Gardiole. Aujourd’hui, il se trouve à proximité de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone (400 m en contrebas). À 300 m au-dessus de la route de Montpellier à Sète a été édifiée la butte de tir où furent fusillés les seize résistants. Aujourd’hui (2016), le champ de tir ayant été désaffecté, elle se trouve au milieu d’une garrigue méditerranéenne dont la végétation s’est réinstallée sur un site que l’armée avait occupé.

Dans tous les cas, ces exécutions relèvent d’un processus de radicalisation de la répression des organisations de résistance aussi bien de la part des Allemands que de celle menée par l’intendant de police de Montpellier Pierre Marty et son successeur Charles Hornus, deux hauts fonctionnaires de Vichy, miliciens zélés, convaincus du bien-fondé de la politique qu’il convenait de mener sans faiblesse contre les « terroristes » de toutes obédiences. En mettant en place la Cour martiale de la Milice de Montpellier, qui fonctionna pour la première fois le 14 mars 1944, Marty appliquait avec zèle les lois des 20 janvier et 11 février 1944 voulues par Joseph Darnand. Marty, d’ailleurs, participait souvent aux expéditions des GMR et de la Milice contre les maquis, quelquefois de concert avec les forces allemandes, dans les deux intendances régionales de police qu’il dirigea successivement, à Montpellier d’abord, puis à Toulouse.

LES FUSILLÉS DE LA MADELEINE, TYPOLOGIE D’UN GROUPE D’EXÉCUTÉS APRÈS JUGEMENTS :

Mouvements d’affiliation :

AS / CFL : 8 (Bonfils, Migliario, Pierru, Pitangue, Gaussen, Sauvebois, Sénégas, Rachinel)
FTPF : 9 (Miralles, Plantadi, Garcia, Auriol, Hispa, Menuisier, Sauri, Stoll, Rachinel)
Rachinel, résistant du Vaucluse, membre de l’Organisation spéciale du PC, FTPF de la région parisienne fut, avant son arrestation, un membre des corps francs des MUR de l’Hérault.

Affiliation à un parti quand elle est connue :

PCF (et /ou JC) : Miralles, Plantadi, Garcia, Hispa, Menusier, Sauri, Rachinel.
On remarque que, jusqu’au 6 juin 1944, les fusillés (14 et 31 mars, 30 mai) appartenaient en majorité à la résistance non communiste : 6 AS et 3 FTPF). Après le 6 juin, la proportion s’inverse : 1 AS, 5 FTPF ces derniers tardivement, le 11 juillet, tous arrêtés à Perpignan. Les Allemands n’ont fusillé, le 30 mai, que des résistants de l’AS ou des CFL. Six des neuf FTPF étaient de militants communistes avérés.

Les maquisards :

Cinq des fusillés de la Madeleine étaient des maquisards, trois relevaient de l’AS et deux autres des FTPF.
Les Gardois Aimé Sauvebois et Francis Gaussen avaient le profil de réfractaires du STO. Ils intégrèrent le « groupe Toussaint », maquis école de la Picharlerie (AS) implanté dans les Cévennes lozériennes dans la commune de Moissac-Vallée-Française et animé par l’ancien officier de l‘Armée populaire de la République espagnole Miguel Arcas. Ce maquis fut ensuite rejoint par le grand maquis itinérant de l’AS Bir Hakeim du commandant Barot, pseudonyme de Jean Capel et, à proximité au Galabartès, commune de Saint-Germain-de-Calberte (Lozère) par le groupe Montaigne MOI (Mouvement ouvrier international et non Main d’œuvre immigrée) animé par l’instituteur d’origine lozérienne Louis Veylet, le trotskiste d’origine ariégeoise, de Combat, François Rouan* et l’ancien volontaire des Brigades internationales, communiste allemand, ancien député du KPD au Reichstag, Otto Kühne. Ces trois groupes collaborèrent tant bien que mal et se regroupèrent dans le sillage du plus structuré et puissant, Bir Hakeim. Du 7 au 12 avril 1944, ces hommes firent bientôt face aux forces coalisées des Allemands et des GMR dépêchés par l’intendant régional de police de Montpellier Pierre Marty. Louis Veylet succomba, blessé puis achevé. Aimé Sauvebois et Francis Gaussen faits prisonniers les Allemands le 8 avril, furent jugés le 30 mai par l’OFK de Nîmes. Ils furent exécutés le jour même au champ de tir de la Madeleine avec des résistants (4) urbains de Montpellier (AS/CFL) dont un d’Avignon et de Paris, ancien membre de l’OS du PCF et FTPF (Louis Rachinel).
Le Montpelliérain René Sénégas appartenait au maquis AS Bertrand formé au nord-ouest du département de l’Hérault, près du Bousquet d’Orb.. Il fut arrêté à Montpellier le 1er mars 1944 par la Sipo-SD, jugé le 30 mai 1944 à Nîmes par l’OFK 894 et exécuté le jour même au champ de tir de Villeneuve-lès-Maguelone
Deux maquisards FTPF furent également exécutés à la Madeleine, François Miralles et Louis Plantadi. Tous deux faisaient partie du maquis Jean-Grandel, créé à l’origine, par des enseignants du Saint-Ponais, André Allègre instituteur à Prémian (Hérault), Antoine Beille, professeur à Saint-Pons-de-Thomières (Hérault), Henri Lauriol instituteur à Lamalou-les-Bains (Hérault). Très rapidement affluèrent à ce maquis de nombreux Sétois, dont certains, jeunes cadres expérimentés des JC (Amilcar Calvetti puis Victor Meyer) qui prirent sa direction. Le maquis Jean-Grandel, après s’être déplacé dans le Saint-Ponais (Hérault), se dispersa et l’un de ses groupes, très mobile qui fit ensuite mouvement vers le Tarn et l’Aveyron fut dirigé dès septembre 1943 par Meyer chef des FTPF pour ces deux départements.
Miralles envoyé, semble-t-il, en mission à Montpellier par le maquis Jean-Grandel, fut arrêté dans cette ville le 19 février 1944. Il fut le premier résistant à être traduit devant la Cour martiale de la Milice de Montpellier. Condamné à mort, le 13 mars, il fut exécuté par des GMR le lendemain.
Plantadi, arrêté le 2 mars 1944 dans l’Aveyron (à Rodez ou à Rignac selon les sources) fut transféré à Montpellier. Le 31 mars, Il fut le deuxième condamné mort par la Cour martiale de la Milice.

Les résistants « urbains » :

Ces résistants dont certains conservaient leur activité professionnelle et qui continuaient de vivre chez eux développaient par ailleurs une activité clandestine consistant aussi dans la lutte armée. C’était le cas des FTPPF « légaux » ou, issus des MUR des groupes armés (AS, AO, CFL)
À la Madeleine furent fusillés sept FTPF légaux et trois résistants de la mouvance MUR (AS, CFL).

Les FTPF légaux :

Le premier qui fut exécuté à la Madeleine fut Louis Rachinel. Originaire de la Manche, militant communiste de la région parisienne et du Vaucluse, il fut d’abord membre de l’OS (organisation spéciale) de ce parti puis d’un groupe de FTPF. Ayant abattu avec quelques autres membres de son groupe Martineau, commissaire de police de Gonesse (Seine-et-Oise ; Val-d’Oise), il disparut et se réfugia dans l’Hérault où il participa aux activités des groupes francs des MUR. Arrêté par les Allemands à Avignon (Vaucluse) le 2 février 1944, alors qu’il était en mission, il fut d’abord incarcéré dans cette ville. Transféré à Marseille (Bouches-du-Rhône) puis à Montpellier il fut condamné à mort par l’OFK de Nîmes puis exécuté le 31 mai 1944 avec cinq résistants (AS) de la R3.
Le deuxième FTPF légal fusillé fut l’Aveyronnais Henri Garcia, le 22 mai 1944, en même temps que Louis Bonfils. Garcia, militant du PC à Decazeville (Aveyron), membre de l’Organisation spéciale de ce parti et d’un groupe de FTPF légaux du bassin houiller, participa au sabotage de locomotives des houillères. Arrêté et transféré à Montpellier, il fut condamné à mort par la Cour martiale de justice de la Milice.
Le 11 juillet 1944 les cinq FTPF « légaux » de Perpignan furent les derniers à avoir été jugés par la Cour martiale de la Milice de Montpellier et exécutés à la Madeleine (Pierre Auriol, Gabriel Hispa, Roger Menusier, Joseph Sauri, Pierre Stoll). Ils appartenaient au groupe « Valmy » de la 411e compagnie des FTPF (« légaux ») actifs à Perpignan et Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Le 24 mai 1944, certains d’entre eux participèrent à l’attaque avortée de la Trésorerie de Perpignan, boulevard Wilson. Auriol les attendait près du monument aux morts départemental avec un véhicule de l’hôpital. Ils furent retrouvés et arrêtés quelques jours plus tard. Transférés à Montpellier ils furent jugés et exécutés le 11 juillet 1944. Ils interpellèrent, pour certains d’entre eux, les GMR du peloton d’exécution ou les deux officiers allemands qui étaient présents ce jour-là à la Madeleine. L’un d’entre eux, Sauri, cria : « Vive Thorez ! Vive Staline ! ». Jean Espana, impliqué aussi dans l’affaire de la trésorerie de Perpignan fut sauvé par un policier perpignanais de l’AS qui l’interrogeait et put gagner le Gard puis un maquis de la Lozère.

Conduits également à Montpellier pour y être jugés par la Cour martiale de justice de la Milice, trois autres FTPF légaux perpignanais, Henri Durrieu de Madron, Armand Estève, Isidore Forgas, arrêtés le 22 mai 1944 pour les deux premiers, le 28 juillet 1944 pour le troisième, furent aussi condamnés à mort (il n’y a semble-t-il plus de traces de leurs condamnations). Transférés le 16 août — un jour avant l’exécution sommaire de Raoul Batany (AS /CFL) par deux miliciens à la caserne de Lauwe — de Montpellier à Toulouse afin d’être exécutés dans cette ville, ces trois FTPF furent libérés peu après leur départ de Montpellier à Lavérune (Hérault) par des éléments du maquis Bir Hakeim (AS/CFL).

Nous savons également que d’autres résistants arrêtés en juillet 1944, domiciliés à Catllar et à Prades (Pyrénées-Orientales) détenus dans les locaux de la Milice de Perpignan de l’ancien hôpital militaire de la rue Foch, y furent sauvagement torturés. Ils auraient dû être conduits à Montpellier afin d’être jugés par la Cour martiale de la Milice. Mais, peu avant de quitter Perpignan après le débarquement de Provence, les miliciens les libérèrent, non sans avoir vidé les comptes en banque de certains d’entre eux.

Membres de l’AS et /ou des CFL :

Les cinq résistants des CFL des MUR de Montpellier (Raymond Migliario, Jean-Marie Pitangue, Louis Rachinel, Georges Pierru, Louis Bonfils) étaient très jeunes, sauf Rachinel. Leur groupe franc était infiltré par un agent de nationalité française de la Sipo-SD (Paul Berger, alias "le Grand Pierre", alias "Banty" ou "Bendi", par ailleurs membre de la "brigade Marty"). Les deux premiers furent arrêtés le 6 avril 1944 un jour après avoir lancé une bombe dans l’hôtel Métropole de Montpellier occupé par les Allemands. Louis Rachinel avait été arrêté le 2 février 1944 en mission à Avignon. Il avait été, auparavant, un résistant du Vaucluse et un FTPF de la région parisienne.
Condamnés par l’OFK 894 de Nîmes le 30 mai 1944, ils furent exécutés le jour même à la Madeleine. Le quatrième Louis Bonfils fut arrêté le 7 avril 1944 à Narbonne par la police française. Jugé par la cour martiale, il fut exécuté par les GMR en même temps que le FTPF communiste Garcia. Bonfils faisait partie d’un groupe franc qui était chargé d’abattre des collaborationnistes de l’Aude.

Âges :

Les fusillés de la Madeleine étaient très jeunes pour la plupart d’entre eux. Quatre d’entre eux, tous des FTPF, avaient trente ans et plus : Hispa 30 ans, Rachinel 31 ans, Menusier, 32 ans, Auriol (le plus âgé) 38 ans. Deux avaient moins de vingt ans : Migliario et Pitangue âgés de 17 ans et membres de l’AS/CFL. Le groupe le plus important était composé de neuf résistants (quatre FTPF, quatre AS/ CFL, un indéterminé) âgés de vingt à vingt-quatre ans : Gaussen et Plantadi 20, Bonfils et Miralles 21, Pierru, Sauvebois et Stoll 22, Garcia et Sauri 24.

Milieux socio-professionnels :

Le groupe des fusillés était composé de deux étudiants (Pitangue et Migliario) et de quatorze hommes exerçant tous une profession le plus souvent salariée.
Parmi ces derniers :
-  Deux des fusillés travaillaient dans l’agriculture : Sauvebois (agriculteur), Sauri (ouvrier agricole).
-  Cinq d’entre eux étaient des ouvriers de l’industrie ou de l’artisanat : Bonfils (ajusteur mécanicien : il a travaillé dans une entreprise artisanale et dans une entreprise de transports publics urbains. Il a été aussi marin), Garcia (mineur de charbon), Rachinel (ajusteur mécanicien. Comme Bonfils, il avait effectué une partie de sa carrière professionnelle dans une entreprise de transports publics), Miralles (mécanicien), Sénégas (cuisinier)
-  Un d’entre eux était un employé d’une entreprise privée (Pierru) et deux autres employés d’une entreprise publique, la SNCF (Plantadi, Stoll, cheminots. La qualité d’employé de la SNCF, avancée dans certaines sources n’est pas prouvée pour Stoll).
-  Les autres étaient des fonctionnaires : deux policiers (Hispa et Menusier, gardiens de la paix), Auriol (employé de l’hôpital de Perpignan), Gaussen (employé de l’enregistrement de Montpellier).
En bref, la composition socio-professionnelle des exécutés de la Madeleine est très diversifiée, même si la plupart d’entre eux se rattachent aux milieux populaires et aux couches moyennes.

Départements d’origine et /ou de résidence et d’action clandestine :

En prenant en compte le lieu de résidence (et, parfois aussi de naissance), soit avant leur arrestation, soit encore avant d’avoir intégré un maquis les fusillés de la Madeleine venaient :
Treize de départements de la R 3 :
-  Des Pyrénées-Orientales pour cinq d’entre eux tous des FTPF faisant partie du dernier groupe de fusillés le 11 juillet : Auriol, Hispa, Menusier, Sauri, Stoll
-  De l’Hérault : six, tous de l’AS/CFL (Bonfils, Migliario, Pierru, Pitangue, Rachinel, Sénégas)
-  Du Gard : deux, de l’AS/CFL (Gaussen, Sauvebois)
-  De l’Aude, un, FTPF ( Miralles) ; un AS, précédemment dans l’Hérault et compté aussi dans ce département (Bonfils)
-  De l’Aveyron, un, FTPF, (Garcia)

Trois d’autres départements des zones sud ou nord :
-  De la Creuse : un, FTPF, (Plantadi)
-  De Seine-et-Oise : un, FTPF, devenu membre des groupes francs AS/CFL de l’Hérault, (Rachinel)
- Des Alpes-Maritimes, arrêté dans l’Aude : un, AS/CFL, (Bonfils)

Plantadi, Rachinel et Bonfils bien que venant de l’extérieur de la R3 furent des résistants actifs de celle-ci, Plantadi dans l’Aveyron, Bonfils et Rachinel dans l’Hérault ; Bonfils membre d’un groupe franc de l’AS dans l’Aude..

Les monuments commémoratifs :

Deux monuments commémoratifs ont été édifiés à Villeneuve-lès-Maguelone :
-  Une stèle sur le lieu-même des exécutions, sur la butte du champ de tir de la Madeleine. Elles portent les noms des fusillés dans l’ordre alphabétique accompagnés des dates des exécutions et de leur âge. Il y a parfois des erreurs de transcription des patronymes et, dans un cas, de datation de l’exécution. La consultation des notices biographiques des fusillés indiquent les erreurs constatées. On trouve les m^mes erreurs répétées sur les deux monuments.
-  Un mémorial à 300 mètres en contre-bas, à proximité de la route départementale 612 de Montpellier à Sète. Une stèle porte l’inscription suivante :
« Aux fusillés de la Madeleine
À 300 mètres 16 jeunes résistants tombèrent en 1944 sous les balles nazies.
Passant souviens-toi »
Après la première ligne a été gravé un bonnet phrygien entrelacé avec une croix de Lorraine. Il convient de souligner qu’il n’est fait allusion qu’aux seules balles nazies (allemandes), alors que les GMR de Vichy — des Français, donc — firent partie des pelotons qui exécutèrent la majorité des fusillés de la Madeleine.
De part et d’autre de cette stèle principale, seize monolithes symbolisent chacun des fusillés. Des cérémonies y sont organisées à des dates variables.

Les fusillés :

Pierre AURIOL
Louis BONFILS
Henri GARCIA
Francis GAUSSEN
Gabriel HISPA
Roger MENUSIER
Raymond MIGLIARIO
Antoine MIRALLES
Jean-Marie PITANGUE
Louis PLANTADI
Georges PIERRU
Louis RACHINEL
Joseph SAURI
Aimé SAUVEBOIS
René SÉNÉGAS
Pierre STOLL

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178097, notice Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault), Stand de tir de la Madeleine, 14 mars - 11 juillet 1944 par André Balent, version mise en ligne le 22 janvier 2016, dernière modification le 28 mai 2020.

Par André Balent

Vue générale de la butte de tir de la Madeleine, Villeneuve-lès-Maguelone
Vue générale de la butte de tir de la Madeleine, Villeneuve-lès-Maguelone
Cliché : André Balent, 13 février 2016
Plaque commémorative de la butte de tir de la Madeleine, Viilleneuve-lès-Maguelone
Plaque commémorative de la butte de tir de la Madeleine, Viilleneuve-lès-Maguelone
Cliché : André Balent, 13 février 2016
Monument commémoratif près du rond-point sur la route de Montpellier à Sète, vue générale
Monument commémoratif près du rond-point sur la route de Montpellier à Sète, vue générale
Cliché : André Balent, 13 février 2016
Monument commémoratif près du rond-point sur la route de Montpellier à Sète, plaque rappelant les fusillades du printemps et de l'été 1944
Monument commémoratif près du rond-point sur la route de Montpellier à Sète, plaque rappelant les fusillades du printemps et de l’été 1944
Photographie : André Balent, 13 février 2016

SOURCES : DAVCC Caen. — Archives départementales de l’Hérault, 1043 W 71, procès-verbal du jugement d’Antoine Miralles par la cour martiale de la Milice et de son exécution, 13 mars 1944. — Archives privées André Balent : Paul Dinnat, ancien FTPF montpelliérain, militant communiste, Je veux témoigner, récit de ses activités de prisonnier, d’évadé et de résistant pendant la guerre 1939-1945, transcription d’un enregistrement (2003-2004), tapuscrit, 31 p. communiqué par Jean-Claude Richard-Ralite. — Julien Allaux, La 2e guerre mondiale dans l’Aude, Épinal, Éditions du sapin d’Or, 1986, 254 p. — Jacques-Augustin Bailly, La Libération confisquée. Le Languedoc 1940-1944, Paris, Albin Michel, 1993, 481 p. — André Balent, « Les exactions de la Milice à Catllà en juillet 1944 », Le Fil à soi, 70, Catllar, Els Amics de Catllà, 2015, pp. 10-15. — Gérard Bouladou, Les maquis du Massif Central méridional 1943-1944. Ardèche, Aude, Aveyron, Gard, Hérault, Lozère, Tarn, Nîmes, Lacour Rediviva, 2006, 617 p. — Henri Cordesse, Histoire de la Résistance en Lozère 1940-1944, Montpellier, Les Presses du Languedoc, Max Chaleil éditeur, 3e édition, 1999, 285 p. — Christian Font, Henri Moizet, Maquis et combats en Aveyron, Chronologie 1936-1945, Rodez & Toulouse, ONAC Aveyron, ANACR Aveyron, CRDP Midi-Pyrénées, 2e édition, 2001, 412 p. — Ramon Gual & Jean Larrieu, « Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane », II a, « Els alemanys fa (pas) massa... temps », Terra Nostra, 91-92, Prades, 1994, p. 278 ; II b, « De la Résistance à la Libération », Terra Nostra, 93-94, Prades, 1998. — Harry Roderick Kedward, À la recherche du maquis, Paris, Éditions du Cerf, 1999, 473 p. [p. 156, p. 342-344]. — Jean Larrieu, « Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane », I, « Chronologie des années noires », Terra Nostra, 89-90, Prades, 1994. — Danièle Ledoux, Henri-Claude Bonnet, Jean Grandel, Un homme du peuple dans l’histoire, Paris, Le Temps des cerises, 2006, 469 p. — Lucien Maury, La résistance audoise (1940-1944), tome II, Carcassonne, Comité d’Histoire de la Résistance audoise, 1980, 441 p. — Chantal Mezger (éd.), Jacqueline Bloch-Roinac, "Une adolescente en résistance", Guerres mondiales et conflits contemporains, n°259, 3 / 2015, pp. 129-146. — Georges Sentis, Les archives des FTP catalans (hiver-printemps 44), Lille, Marxisme/Régions, 1984. — Gérald Suberville, "L’affaire Pierre Marty intendant de police devant la Cour de justice de Toulouse", in Les lendemains de Libération dans le Midi, Actes du colloque de Montpellier 1986, Montpellier, Université Paul-Valéry Montpellier III, 2e édition, Montpellier, 1998, 240 p., 1e édition, 1997, pp. 3-26. — Le Maquis école de La Picharlerie (1943-1944), Mende, ONAC VG Lozère, 2e édition révisée, 2010, 32 p. — Site MemorialGenWeb, consulté les 3, 6, 14 et 22 décembre 2015.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable