BRÈS Raoul, Léon, Stanislas

Par Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault

Né le 24 février 1893 à Canet (Hérault), exécuté sommairement le 1er septembre 1944 au camp de Natzweiler-Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin) ;officier de carrière ; résistant réseau Alliance.

Raoul Brès était le fils de Joseph Marius Jules, employé de commerce et d’Élisabeth Vezian. En 1913, lors de la conscription, il se déclara propriétaire demeurant avec ses parents à Aspiran (Hérault) ; fait suffisamment exceptionnel à l’époque pour être noté sur le registre matricule, il était en 1913 titulaire du permis de conduire les voitures de tourisme. Il fut mobilisé le 8 septembre 1914, incorporé au 8ème Régiment d’infanterie coloniale à Toulon (Var). Rapidement passé caporal dès décembre 1914, il entra très vite dans le cursus de la carrière officier, devenant aspirant en avril 1915 puis sous-lieutenant en juin 1915. Passant dans plusieurs régiments d’infanterie successifs, il fut promu lieutenant en juin 1917, deux fois cité, en 1916 à l’ordre du régiment puis en mai 1917 à l’ordre de la brigade. Le 25 mars 1918 il fut fait prisonnier à Miraucourt dans l’Oise, lors de la dernière grande offensive allemande. Interné à Rastatt puis à Karlsruhe, il fut rapatrié au centre de Dunkerque le 8 janvier 1919. Il se maria le 6 septembre 1920 à Saint-Étienne (Loire) avec Claudine Marrand.
Choisissant de poursuivre sa carrière militaire, il parcourut de 1920 à 1930 tous les territoires sous contrôle de la France tant en Allemagne qu’autour de la Méditerranée. Affecté au 1er Régiment étranger, il fut d’abord nommé en Algérie où il resta de juin 1920 à août 1924, lieutenant d’État-major dans plusieurs états-majors successifs à Tlemcen (4ème brigade d’infanterie d’Algérie) puis à Aïn Sefra dans le sud algérien. . D’août 1924 à juillet 1925, il participa à l’occupation des pays rhénans. Puis du 25 juillet 1925 au 16 novembre 1925, il fit campagne au Maroc, vraisemblablement dans le cadre de la guerre du Rif. Enfin il fit partie en 1926 – 1927 du service de renseignements du Levant, quittant Beyrouth pour la France en avril 1927.
Promu capitaine en mars 1929, il fut admis à l’École militaire de l’intendance en octobre 1930. Il fit désormais carrière dans l’intendance, nommé intendant militaire adjoint, affecté à la division d’Alger en septembre 1932. Il fut ensuite affecté à Hyères (Var), puis à Limoges (Haute-Vienne). Directeur du Ravitaillement général à Albi (Tarn), il fut au début des années 40, dans l’armée d’armistice, directeur du Ravitaillement général des Alpes-Maritimes à Nice. Il était alors avec le grade de colonel, intendant militaire de 1ère classe. Il entra dans la Résistance au début de l’année 1943 comme agent de renseignement au réseau Alliance, en compagnie d’un grand nombre d’officiers et sous-officiers d’active de la région (le réseau fondé par Georges Loustanau-Lacau était de forte culture militaire et de tendance droite nationaliste, ce que le recrutement dans les Alpes-Martitimes marque clairement). Il appartint à la région Méditerranée, secteur de Nice "Serre" dans le groupe du commandant Chaudière*. Il fit également partie du réseau des NAP (noyautage des administrations publiques), (Jean Louis Panicacci op. cit.). Il fut arrêté par la SIPO-SD le 5 janvier 1944 à l’hôtel Acropole à Nice (Alpes maritimes) et transféré à la prison de Marseille le 10 février 1944 puis le 21 mars à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne) et déporté 28 avril 1944 avec la classification "NN" ("Nacht und Nebel"-"Nuit et Brouillard") à destination du camp de Schirmeck (Bas-Rhin), où il arriva en juin 1944 et fut emprisonné au block 10 avec ses camarades masculins du réseau.

Devant l’avance alliée les 106 membres du réseau Alliance détenus à Schirmeck, dont Raoul Brès, furent sur ordre du Haut commandement de la Wehrmacht (OKW) à Berlin, transférés en camionnette par fournées de 12 vers le camp de concentration du Struthof, où ils furent dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, abattus d’une balle dans la nuque à la salle d’exécution puis incinérés dans le four crématoire du camp.
Il obtint la mention "Mort pour la France" le 20 mai 1946 et la mention "Mort en déportation" par arrêté du 19 juin 2013.
Son nom figure à Nice sur le monument aux morts du quartier Cimiez, ainsi que sur le monument aux morts d’Aspiran dans l’Hérault. Il figure aussi sur la plaque commémorative, 25 boulevard Dubouchage à Nice. Il figure également sur la plaque commémorative de l’École Militaire Supérieure d’Administration et de Management, à Montpellier et sur la plaque commémorative du réseau S.R. Alliance au camp de concentration du Struthof, à Natzwiller. Enfin une plaque à sa mémoire a été apposée sur la maison familiale d’Aspiran où une rue porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178185, notice BRÈS Raoul, Léon, Stanislas par Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault, version mise en ligne le 26 janvier 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault

SOURCES : Dossier DAVCC Caen. — Aspiran, Mémoire partagée des années de guerre 1939 -1945 plaquette éditée par le groupe mémoire du foyer rural d’Aspiran, 2012 — Wikipédia "Réseau Alliance" et "camp de concentration de Natzweiler-Struthof ". — Marie-Madeleine Fourcade "L’Arche de ¨Noé" Fayard 1968. — Mémorial de l’Alliance, 1948 — Jean-Louis Panicacci, l’Action de la Résistance, in La Résistance azuréenne Ed. Serre, 2003. — "État civil". — MémorialGenWeb.

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