THIBAL André

Par Hélène Chaubin

Né le 19 décembre 1906 à Montpellier (Hérault), exécuté sommairement le 24 août 1944 à Jacou (Hérault) ; ouvrier, chauffeur-livreur, militant du parti communiste, résistant membre des FTPF de l’arrondissement de Montpellier.

André Thibal
André Thibal

André Thibal, né en 1906, avait 9 ans quand son père, combattant de la 1ère guerre mondiale, fut tué en Champagne en 1915. Il fut accueilli à Montpellier dans l’orphelinat de l’Abbé Prévost où il fit un apprentissage en horticulture. C’est à l’orphelinat qu’il côtoya Pierre Sutra qui allait être comme lui une victime de la répression allemande, et qu’il devint son ami.
Adhérent au parti communiste, il accueillit avec joie la formation du gouvernement de Front populaire. André Thibal s’était marié en 1929 et le couple s’était installé dans une petite maison de la garrigue de Castelnau. Son fils, prénommé André comme lui, naquit en 1930 à Montpellier mais décéda accidentellement en janvier 1934. André Thibal eut ensuite une fille, Simone, née le 19 août 1939, donc à la veille de la mobilisation. Il était alors chauffeur-livreur à la minoterie du Moulin des Guilhem à Castelnau. Il retrouva son poste de travail à son retour pendant l’été de 1940.
André Thibal était hostile au régime institué à Vichy en juillet 1940. Quand les Allemands occupèrent la zone dite « libre » en novembre 1942, il s’engagea dans la Résistance armée : il choisit les FTPF. Son ami Pierre Sutra fit de même. André Thibal cachait des armes à son domicile mais les Allemands ne les découvrirent pas, en dépit de plusieurs perquisitions. Dans cette périphérie rurale de Montpellier, il y avait quelques mazets inhabités : cela permit à André Thibal de trouver un hébergement pour une famille juive.
Le 24 août 1944, André Thibal chargea en bois son camion qui appartenait à son entreprise — c’était un gazogène — et retrouva Pierre Sutra au village. Des armes et des munitions étaient dissimulées dans le camion qui se dirigea vers Montferrier car André Thibal et Pierre Subra comptaient participer à la défense de la ville de Montpellier. Les FFI avaient prévu l’arrivée d’une colonne blindée allemande dès le 24 août. Elle avait été retardée, mais un barrage allemand était placé en bas de l’accès au village. Les deux hommes cherchèrent à s’échapper mais furent interceptés et les armes furent découvertes dans le camion. En même temps les Allemands avaient interpellé d’autres ouvriers qui revenaient en bicyclette de leur travail. Quatre d’entre eux furent retenus car, possesseurs d’un permis de conduire, ils pouvaient être les chauffeurs du camion. Interrogés sur place, molestés, les 6 hommes, arrêtés vers 18h, furent fusillés à 20h contre un mur, à hauteur du carrefour de Fescau. Puis ils furent jetés dans un fossé et recouverts de fumier.
Ce crime est rappelé chaque année lors d’une commémoration et le nom des victimes est gravé sur une stèle. Outre Pierre Sutra et André Thibal, ce sont Jean Coste, de Montferrier, qui avait 44 ans, René Guérin, de Saint-Christol, âgé de 36 ans, Louis Long, de Montpellier, qui avait 33 ans et Charbonnel – son prénom est encore ignoré – âgé de 37 ans. Leur souvenir est évoqué sans que soient mentionnés les liens de deux d’entre eux avec la Résistance et le crime est donc interprété comme le sont les prises d’otages innocents suivies d’exécutions.
Le témoignage de Simone Thibal, fille d’André Thibal, recueilli par le Centre régional d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Castelnau-le-Lez, et publié en 2010 aux éditions l’Harmattan, révèle l’appartenance de son père à la Résistance. Il est confirmé par un entretien, en janvier 2016, entre Hélène Chaubin et Simone Thibal qui précise que son père a reçu à titre posthume en 1959 plusieurs décorations, dont la Médaille de la Résistance.
Le lendemain de l’exécution des 6 hommes, le 25 août, la bataille de Montferrier qui avait pour objet d’interdire aux Allemands le passage par Montpellier d’une colonne allemande venue de Rodez s’engagea entre des hommes du maquis Bir Hakeim commandés par François Rouan, des FFI de Montpellier, du Corps franc Léon, et des troupes coloniales en garnison à Montpellier : soit en tout 900 hommes.

Voir Jacou (Hérault), 24 août 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178189, notice THIBAL André par Hélène Chaubin, version mise en ligne le 26 janvier 2016, dernière modification le 25 février 2022.

Par Hélène Chaubin

André Thibal
André Thibal
Lieu de travail des victimes de Jacou
Lieu de travail des victimes de Jacou
Stèle de Montferrier en hommage aux victimes de Jacou
Stèle de Montferrier en hommage aux victimes de Jacou

SOURCES : A.D.Hérault, 2027 W 30, témoignage de Paul Dinnat sur la bataille de Montferrier. — internet : site de la commune de Montferrier-le-Lez. — Simone Thibal, « André Thibal, mon père, assassiné par les allemands en août 1944 à Montferrier », in La France Libre, la Résistance et la Déportation, (Hérault, zone sud), L’Harmattan, 2010. — Entretien Hélène Chaubin - Simone Thibal le 25 janvier 2016. — Roger Bourderon, Libération du Languedoc méditerranéen, Hachette, 1974. — Hélène Chaubin, L’Hérault dans la guerre, 1939-1945, De Borée, 2015.

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