COINDEAU Albert, André

Par Jean-Louis Ponnavoy

Né le 6 janvier 1906 à Rochefort-sur-Mer (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), exécuté sommairement à Kehl-am-Rhein (Bade-Wurtemberg) le 23 novembre 1944 ; officier de marine et ingénieur ; résistant réseau SR Alliance.

André Coindeau était le fils d’Albert, chaudronnier et de Émilie Noémie Giraud, tailleuse pour hommes. Il se maria à Rochefort le 9 juin 1927 avec Yvonne Mandin, qui appartint comme lui au réseau Alliance. Ils eurent ensemble une fille née en 1928.
Ancien apprenti à l’Arsenal de Rochefort, devenu ingénieur André Coindeau s’installa avec son épouse et leur fille Alberte, née l’année suivant leur mariage, à Nantes où il prit la responsabilité de contrôleur maritime pour la Marine Nationale et Yvonne installa un petit salon de coiffure. Devenu ingénieur des directions de travaux de 2e classe des constructions navales, il intégra la Résistance au réseau de renseignements militaires Alliance en novembre 1942 comme agent de renseignements puis responsable de la zone "Chapelle", secteur de Loire-Inférieure, Maine et Maine-et-Loire, sous le pseudonyme "Urus", matricule "S7". Yvonne le suivit comme agent de liaison, immatriculation "S71". Le couple comprenant bientôt qu’il lui fallait trouver un endroit plus sûr s’installa dans une petite maison des bords de la Loire, à La Chapelle-Basse-Mer (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), la situation géographique de cette maison permettant les émissions radio. André était chargé de la surveillance des mouvements maritimes et principalement de la base sous-marine de Saint-Nazaire et du recrutement d’agents parmi son milieu professionnel. Le 12 décembre 1943 à 6 heures du matin, alors qu’il faisait encore nuit, la Gestapo surgit dans la maison familiale et André eut juste le temps de s’échapper par une fenêtre. Yvonne Coindeau, son frère Maurice Mandin* et 2 radios furent arrêtés et emmenés à la prison Lafayette, à Nantes. André Coindeau fut arrêté le 13 décembre au matin, à Mauves-sur-Loire [à l’époque Loire-Inférieure], alors qu’il attendait un parachutage, incarcéré à la prison Lafayette, à Nantes pendant 3 mois, à celle d’Angers, à celle de Fresnes (Seine, Val-de-Marne) puis déporté en Allemagne le 27 avril 1944 et interné à la prison de Kehl (Bade-Wurtemberg), où il fut mis à l’isolement avec 12 heures de travail par jour. Le dossier d’accusation instruit par la Gestapo de Strasbourg dans le cadre de la liste des affaires n° 252 du 17 juin 1944 et concernant André Coindeau, Louis Helault*, Armand Troudet*, Louis Sicre*, Hugues Monclin*, Maurice Mandin* et Armel Raulo* fut transmis le 26 juin au Tribunal de guerre du Reich qui y apposa les tampons « secret » et « affaire concernant des détenus » ainsi que la mention « NN » (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard). Il n’y eut pas de jugement et les inculpés furent remis à disposition du SD de Strasbourg le 10 septembre mais la veille de la libération de Strasbourg, il fut extrait de sa prison par le trio de la Gestapo, Julius Gerhum, chef de l’AST de Strasbourg, Erwin Schoener, Kriminalkommissar et Reinhard Brunner, Kriminalsekretär et abattu probablement d’une balle dans la nuque avec 8 autres camarades, Louis Helault, Oscar Hosch, Joffre Lemeunier, Maurice Mandin, Hugues Monclin, Louis Proton, Joseph Singer et Armand Troudet dans la nuit du 22 au 23 novembre 1944 sur la rive allemande, à Kehl (Bade-Wurtemberg). Leurs corps furent jetés dans le fleuve.
Il fut homologué comme agent P2 des FFC (Forces françaises combattantes) et chargé de mission de 2e classe avec le grade correspondant de lieutenant le 23 juin 1949.
Il obtint la mention "Mort pour la France" le 25 mars 1947 et la mention "Mort en déportation" par arrêté du 23 mai 1998.
Il reçut à titre posthume la Légion d’honneur le 26 février 1946, la Médaille militaire et la Croix de guerre avec citation à l’ordre de l’armée le 3 septembre 1946 et la Médaille de la Résistance avec rosette le 3 octobre 1946.
Son nom figure sur le monument aux morts et sur la stèle des déportés et fusillés de Rochefort-sur-Mer et sur le monument commémoratif du pont de l’Europe, à Strasbourg (Bas-Rhin), ainsi que sur la plaque réservée au Réseau SR Alliance du côté allemand, à Kehl.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178222, notice COINDEAU Albert, André par Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 27 janvier 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Louis Ponnavoy

SOURCES : Dossier DAVCC Caen.— Marie-Madeleine Fourcade in L’Arche de Noé, Éd. Fayard, Paris 1968. — Christian Bougeard in Histoire de la Résistance en Bretagne. — Journal Ouest France, À la mémoire d’Yvonne et André Coindeau15 août 2014. — Auguste Gerhards in Tribunal du IIIe Reich, Archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, éd. Le cherche midi, Paris 2014. — Mémorial de l’Alliance, 1948. — Association "Grains de mémoire". — Mémorial GenWeb. — Wikipédia "Réseau Alliance".— État civil.

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