FAURE Henri, Désiré

Par Michel Thébault

Né le 14 mai 1891 à Morterolles aujourd’hui Saint Pardoux-Morterolles (Creuse), fusillé sommairement le 18 juillet 1944 à Nadapeyras, commune de Soubrebost (Creuse) ; agriculteur ; maire de Soubrebost ; résistant FFC réseau Action R5 et FFI 2ème compagnie franche de l’Armée Secrète (AS).

Henri Faure était le fils de Pierre, Baptiste, dit Jules, Faure, cultivateur et de Marguerite Dumonteil. Il naquit au village de Morterolles, dans le canton de Royères (Creuse). Appelé au service militaire en octobre 1912, il fit toute la guerre 1914 – 1918 dans plusieurs régiments d’infanterie successifs. Blessé accidentellement à Verdun en mars 1917, il ne revint au front qu’en mars 1918. Il fut définitivement démobilisé le 1er août 1919. Il s’était marié le 7 avril 1919 avec Marthe Thèves dont le père était cultivateur à Nadapeyras, commune de Soubrebost (Creuse). Le couple resta sans enfant jusqu’au décès de Marthe Thèves, le 28 juin 1926. Henri Faure fit un second mariage le 19 mai 1928 avec Marie, dite Lucie, Maury. Ils eurent un enfant, une fille, Marcelle Faure née le 14 août 1929. Installé cultivateur à Nadapeyras, Henri Faure entra au conseil municipal de Soubrebost en mai 1929, devint adjoint en juillet 1932, puis lors du décès du maire Mr. Dumas le 1er mai 1943, devint le maire de la commune.
 
Il s’engagea dans la Résistance et appartint au réseau Action R5 du BCRA, le service secret de la France Libre.
Henri Faure joua un rôle important dans le sauvetage début 1944 de jeunes filles juives réfugiées en Creuse en leur assurant dans sa commune une cachette sûre. A l’automne 1943, Félix Chevrier directeur des maisons de l’OSE (Organisation juive de Secours à l’Enfance) en Creuse, prit conscience qu’il ne pourrait pas, face à la pression de la politique de déportation nazie, protéger dans ses maisons (château de Chabannes …) les jeunes juifs qui lui étaient confiés. Par l’intermédiaire du réseau Garel, il prit contact en octobre 1943 avec Marcelle Porte-Bonnamour directrice de l’EPS (école primaire supérieure) de Bourganeuf (Creuse) afin de placer et de protéger dans son institution treize jeunes filles juives inscrites comme pensionnaires sous des noms d’emprunt. Six de ces jeunes filles étaient ainsi scolarisées dans la même classe que Marcelle Faure à l’EPS. Mais au printemps 1944, la pression nazie devint menaçante et fin mai 1944, suite à la réquisition de l’EPS par les Allemands, Mme. Porte-Bonamour fit appel au maire de Bourganeuf François Graux, engagé dans la Résistance (bataillon Chateignier de l’AS), lequel prit contact avec son collègue d’une des communes limitrophes voisines, Henri Faure, maire de Soubrebost. Celui-ci parvint à trouver une dizaine de familles de son village qui acceptèrent de cacher les jeunes filles jusqu’à la fin du conflit. Cet aspect de l’action d’Henri Faure, longtemps occulté (l’action en faveur des juifs n’étant pas aussi valorisée que l’action résistante) n’a été reconnu qu’en novembre 2016 avec la pose à la mairie de Soubrebost d’une plaque commémorant l’action d’Henri Faure et des familles accueillantes de Soubrebost. Marcelle Porte-Bonnamour a obtenu à titre posthume, également en novembre 2016, la Médaille des Justes parmi les Nations.
 
Au premier semestre 1944, des maquis appartenant à l’Armée secrète s’organisèrent sur ces premières hauteurs du plateau de Millevaches. La deuxième compagnie franche sous les ordres du capitaine Trancart s’installa à Villatange (Creuse) et Nadapeyras à la mi-juin avec pour mission la protection d’un important terrain de parachutage situé à Nadapeyras, le terrain Pension. Henri Faure ainsi que sa femme et sa fille alors âgée de 15 ans intégrèrent le groupe de résistants. Sergent FFI, il devint l’un des responsables de la garde et du balisage du terrain. Des parachutages d’armes eurent lieu tous les deux ou trois jours du 27 juin au 17 juillet 1944. Ils furent repérés par les services allemands. Dans la nuit du 16 au 17 juillet un nouveau parachutage eut lieu. Mais l’approche des éléments de la brigade Jesser, une formation militaire allemande, composée d’éléments de la Wehrmacht, des SS et de divers services de police, chargée depuis son arrivée en Creuse le 13 juillet de la répression contre les forces de la Résistance, empêcha le transport et la cache immédiate des containers. Les maquisards prévenus à temps reçurent l’ordre de dispersion qui s’acheva au matin du 17 juillet. Une tentative de détruire les stocks reçus ne put aboutir et les troupes allemandes arrivées dans l’après-midi du 17 juillet à Soubrebost, procédèrent comme auparavant dans les communes voisines à des fouilles et des arrestations. D’importants stocks d’armes, et de munitions découverts sur les communes de Soubrebost et Vidaillat furent détruits, des maisons, des granges, le bâtiment de l’école et de la mairie de Vidaillat furent incendiés. Henri Faure revint dans la nuit au village accompagné de son adjoint Henri Chezeaud du hameau de Sendrant, les troupes allemandes semblant avoir quitté les lieux, mais leur retour au matin du 18 juillet entraîna son arrestation ; il fut torturé et exécuté, son corps enterré dans les bois avec celui de François Vacheron ne fut retrouvé que cinq jours plus tard.
 
Il obtint la mention mort pour la France et le statut Interné - résistant (DIR). Il reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance par décret du 24 avril 1946 et fut fait chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 30 décembre 1959.
Inhumé au cimetière communal de Soubrebost (Creuse), son nom figure sur le monument aux morts de Soubrebost ainsi que sur une stèle commémorative dressée après la guerre à Nadapeyras en mémoire des quatre victimes de la brigade Jesser. Une autre stèle fut dressée à sa mémoire et à celle de François Vacheron sur le lieu de leur exécution. Son nom figure aussi sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret (Creuse).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178349, notice FAURE Henri, Désiré par Michel Thébault, version mise en ligne le 2 février 2016, dernière modification le 10 mai 2022.

Par Michel Thébault

Madame Faure devant la stèle inaugurée en octobre 1946.
Madame Faure devant la stèle inaugurée en octobre 1946.

SOURCES : Archives départementales de la Creuse (État civil, registres matricules). — Témoignage en 1995 d’Édith SLOMOVITZ (nom de clandestinité Éliane CASTAING) élève de l’EPS de Bourganeuf. — Archives familiales Mr. Jean Claude Proux (petit-fils d’Henri Faure). — Mémoire des Hommes. — Mémorial genweb, fiche n° : bp-2569073 — Journal La Montagne, 19 novembre 2016.

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