MARTY Robert, Auguste, Émile

Par Huguette Juniet, Michel Thébault

Né le 26 juillet 1894 à Rodez (Aveyron), exécuté par la Milice le 2 août 1944 à Chamalières (Puy-de-Dôme) ; militaire de carrière, officier à l’école de la Garde de Guéret (Creuse) ; résistant AS - FFI.

Fils de Pierre, Auguste Marty, âgé de 32 ans à sa naissance, inspecteur du Travail de l’industrie et d’Alice Barandon, âgée de 25 ans, sans profession, domiciliés 1 boulevard Sainte-Catherine à Rodez. Robert Marty se maria le 11 juillet 1926 à Paris (IXe arr.) avec Odile, Victoire Laurens Monteil de Charpal.
Domicilié à Paris, il fut mobilisé en septembre 1914, incorporé le 19 septembre au 74ème régiment d’infanterie comme soldat. Il devint dès la fin décembre aspirant et fut nommé sous-lieutenant au 39ème RI le 27 janvier 1915. Lieutenant au 43ème RI le 8 mai 1917, il prit part à de nombreux combats de la première guerre mondiale, à Verdun en février – mars 1916, dans les Flandres de juillet à novembre 1917, sur la Somme de mars à mai 1918 et enfin participa à l’offensive finale à partir de juillet 1918. Ces combats lui valurent plusieurs citations à l’ordre du régiment ou de la division dont cette dernière du 28 juin 1918 : « Officier d’une activité inlassable et d’une bravoure au-dessus de tout éloge, chargé du service des liaisons et du service de renseignements, a rendu pendant les combats de la Somme et de l’Aisne les services les plus précieux ». Il reçut pour ses services la Croix de guerre (trois étoiles de bronze et une étoile d’argent). Fin août 1918, il fut affecté comme informateur auprès de l’armée américaine, puis chargé de liaisons avec les forces américaines et anglaises jusqu’en octobre 1919. Après la campagne contre l’Allemagne il prit part à l’occupation des pays rhénans. Resté dans l’armée, il fut affecté comme lieutenant en octobre 1919 au 509ème régiment de chars de combat à Lille et fut fait chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 16 mars 1921. Ayant décidé de changer de corps, il fit partie de la promotion 1927-1928 de la Garde Républicaine, corps technique et administratif, puis encadra après l’armistice de juin 1940 l’école militaire de Saint-Cyr repliée à Aix-en-Provence. Colonel, Robert Marty fut muté à l’école militaire de La Garde à Guéret (Creuse), école créée par une décision du ministère de l’intérieur de Vichy le 29 octobre 1943, seule école militaire subsistante sous autorité française, et qui avait pour mission de former des élèves officiers et des élèves gradés. Le colonel Marty, officier spécialisé et instructeur « auto », y enseigna la partie technique.
Mais le corps des officiers était divisé, certains se sentant liés par le serment de fidélité à Pétain et d’autres favorables au ralliement de la Résistance
Le 7 juin 1944, un très grand nombre d’officiers de l’école dont le colonel Marty, rejoignit la Résistance et participa aux combats pour la libération de Guéret (Creuse). La reprise de la ville par les troupes allemandes le 9 juin1944 contraignit l’école de la Garde à prendre le maquis dans le secteur de Bourganeuf (Creuse) rejoignant l’État-major des FFI installé à Janaillat (Creuse). Les maquis de la Garde rejoignirent l’AS.
A la mi-juillet, des éléments de la brigade Jesser, une formation militaire allemande, composée d’éléments disparates de la Wehrmacht, des SS et de divers services de police, entra en Creuse en provenance des départements voisins du sud et de l’est pour organiser la répression contre les forces de la Résistance. Le 1er bataillon du régiment 1000 (commandant Vonalt) installa à Bourganeuf (Creuse) son PC opérationnel. A partir du 16 juillet, le commandement fit rayonner ses compagnies à partir de la ville avec l’objectif d’accrocher les groupes de maquisards pour les éliminer. Le mercredi 19 juillet au matin, des éléments de la colonne Jesser arrivèrent au lieu-dit le Pont de Murat (commune de Saint-Dizier-Leyrenne) et, parfaitement renseignés (disposant de cartes précises, localisant avec exactitude cinq cantonnements FFI), investirent plusieurs hameaux de la vallée du Thaurion. Ils cernèrent en particulier le mamelon au bois de Pérusse à Saint- Didier-Leyrenne (Creuse) où ils savaient que se trouvait l’un des cantonnements de l’école de La Garde. Cernés, les militaires furent sommés de se rendre, ce qu’ils firent sous la direction de leur officier le colonel Robert Marty, sans avoir tiré un seul coup de feu. Rassemblés au Pont de Murat les captifs furent gardés tout l’après-midi. Le colonel Marty fut après un interrogatoire sommaire, emmené à Bourganeuf (Creuse) et enfermé dans la tour Zizim, avant d’être dirigé vers Clermont-Ferrand.
Il a été exécuté après tortures par la Milice le 2 août 1944 à Chamalières (Puy-de-Dôme). Son corps a été retrouvé dans un trou d’obus à l’aérodrome d’Aulnat après la Libération.
Il obtint la mention mort pour la France et son nom figure sur les monuments aux morts de Guéret, de Tarbes et de Montauban. Son nom est inscrit sur la stèle placée au pont de Murat commémorant le colonel Marty et les six fusillés de l’École de la Garde, sur le mémorial de la Résistance creusoise à Guéret ainsi que sur la stèle placée aux Ateliers Industriels de l’Aéronautique à Aulnat où son corps a été retrouvé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178369, notice MARTY Robert, Auguste, Émile par Huguette Juniet, Michel Thébault, version mise en ligne le 3 février 2016, dernière modification le 13 février 2022.

Par Huguette Juniet, Michel Thébault

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 400385, dossier résistant Robert Marty (nc). — AVCC Caen, AC 21 P 593182, dossier Robert Marty (nc). — SHD Vincennes, GR 19 P 3/7 page 164. — Archives dép. Puy-de-Dôme . — Base Léonore des membres de la Légion d’Honneur. ministère de la culture — Eugène Martres L’Auvergne dans la tourmente 1939-1945 .De Borée 1998. — Marc Parrotin Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — Site de la Caserne des Augustins à Guéret . — Site de l’Atelier Industriel de l’ Air AIA . —http://www.riboulet.info/g/g_pg/armee/l%27ecole_page09.htm .— La Montagne, 24 novembre 1944 .— Mémorial genweb — État civil de l’Aveyron.

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