CHAUVEAU Louis René

Par Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault

Né le 1er octobre 1886 à Igornay (Saône-et-Loire), exécuté le 1er septembre 1944 au camp de Natzweiler-Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin) ; ingénieur des Travaux Publics ; résistant réseau SR Alliance.

Louis Chauveau était le fils de Jean-Marie, mineur, âgé de 30 ans et de Rose-Antoinette Laurent, sans profession, âgée de 24 ans. Il fit ses études à l’École Spéciale des Travaux Publics, du Bâtiment et de l’Industrie (ESTP), alors appelée École Eyrolles, à Paris. Conducteur adjoint des Ponts et Chaussées il fut nommé sans doute dans l’un de ses premiers postes à Saint Clair de Halouze dans l’Orne. Il se maria le 9 juin 1910 à Béhoust (Seine-et-Oise, Yvelines), avec Mathilde Augustine Laroche, dont il eut deux fils.
Il poursuivit sa carrière dans l’administration des Travaux Publics. Par ailleurs, la présence de son nom sur la plaque commémorative du prytanée de La Flèche reste encore inexpliquée mais témoigne sans doute d’une carrière en partie militaire. Ingénieur des travaux publics de l’État, il entra dans la Résistance en juin 1943 comme membre du réseau de renseignements militaires Alliance et agent de renseignements avec le matricule "K81" et le pseudonyme "Claude", sur la région Est "Forteresse" au secteur de Gray/Dijon. Il fournit le plan du poste d’écoute d’Autrey-lès-Gray et les plans de destruction du barrage de Gigny-sur-Saône (Saône-et-Loire) ainsi que des états concernant le trafic fluvial allemand sur la Saône. Le réseau fut infiltré par l’Abwehr (trahison de Jean-Paul Lien) et Louis Chauveau fut arrêté à son domicile 7, avenue Charles Couyba à Arc-les-Gray le 18 octobre 1943 à 6h00 du matin par la Feldgendarmerie sur ordre du SIPO-SD. Il fut interné à la prison de Dijon puis à celle de Chalon-sur-Saône le 24 octobre et de nouveau à celle de Dijon le 23 décembre puis déporté le 13 mars 1944 à destination de Compiègne pour être regroupé avec les déportés du secteur Autun et La Rochelle afin de constituer le convoi du 29 avril 44 vers le camp de Schirmeck (Bas-Rhin). Il y arriva le 29 avril 1944 et fut interné avec les autres hommes au block 10. Le dossier d’accusation d’espionnage instruit par la Gestapo de Strasbourg dans le cadre de la liste des affaires n° 215 du 19 mai 1944 concernant Louis Chauveau, Bernard Ferrand*, Jean Machin*, Georges Arnoux*, Paul Perrot* et Léonce de Masin* fut transmis au Tribunal de guerre du Reich qui y apposa les tampons « secret » et « affaire concernant des détenus » ainsi que la mention « NN » (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard). Le procès n’eut cependant pas lieu et les accusés furent remis le dix septembre 1944 à disposition de la Gestapo de Strasbourg mais leur sort était déjà scellé car devant l’avance alliée les 106 membres du réseau Alliance détenus à Schirmeck, dont Louis Chauveau, avaient été sur ordre du Haut commandement de la Wehrmacht (OKW) à Berlin, transférés en camionnette par fournées de 12 vers le camp de concentration du Struthof, où ils furent dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, abattus d’une balle dans la nuque à la chambre d’exécution puis incinérés dans le four crématoire du camp, situé juste à côté dans le même bâtiment.
Louis Chauveau reçut à titre posthume la Croix de guerre avec palmes le 6 mai 1946 et la Médaille de la Résistance par décret du 31 mars 1947 ainsi que le "certificate of service" délivré par le maréchal Montgomery. Il fut homologué comme agent P2 des FFC (Forces françaises combattantes) avec son grade réel de capitaine et chargé de mission de 3e classe de la DGER (Direction générale des études et recherches) avec le grade de sous-lieutenant.
Il obtint la mention "Mort pour la France" le 23 avril 1947 et la mention "Mort en déportation" par arrêté du 8 octobre 1987 ainsi que le titre de "Déporté Résistant" le 25 septembre 1950.
Son nom figure sur le monument aux morts et sur la stèle commémorative du carré mixte du cimetière, à Arc-lès-Gray (Haute-Saône), sur le mémorial de la Résistance à Vesoul (Haute-Saône), sur la plaque commémorative au Prytanée militaire de La Flèche (Sarthe) et sur la plaque commémorative du réseau S.R. Alliance au camp de concentration du Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin). Une rue d’Arc-les Gray porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178434, notice CHAUVEAU Louis René par Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault, version mise en ligne le 7 février 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault

SOURCES : Dossier DAVCC Caen.— Marie-Madeleine Fourcade L’Arche de Noé Fayard 1968. — Auguste Gerhards Tribunal de guerre du IIIe Reich éd. Le cherche midi, Paris 2014.— Livre Mémorial des Déportés de France de la F.M.D. tome 2. — Mémorial de l’Alliance, 1948. — Fondation pour la mémoire de la déportation — Mémorial GenWeb. — Wikipédia "Réseau Alliance" et "camp de concentration de Natzweiler-Struthof". — État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable