BRÉMOND Victor, Charles, François

Par Jacques Girault

Né le 27 février 1880 à Toulon (Var), mort le 24 avril 1972 à Toulon ; avocat ; républicain-socialiste, puis socialiste SFIO ; député du Var (1924-1928, 1932-1936) ; maire du Castellet (Var) de 1949 à 1958.

Son père, fils d’un marchand de chaussures de Toulon, originaire de Flayosc (Var), était officier-marinier (second-maître mécanicien, puis écrivain de la Marine) ; sa mère était originaire de Puget-Ville (Var). Victor Brémond, fils unique, reçut les sacrements catholiques et habitait la basse-ville. Il suivit des études secondaires au lycée avec une bourse de demi-pensionnaire attribuée par la municipalité. Après avoir obtenu le baccalauréat-ès-lettres, la licence de droit à la Faculté de Montpellier, il soutint une thèse intitulée, « Essai sur l’irresponsabilité parlementaire en France ». Lors des élections de 1924, Le Var rouge affirmait qu’il avait « pu poursuivre ses études à la suite de sa désignation au titre de commis auxiliaire de la Marine à Toulon ». Sa profession de foi en 1936 précisait, « il obtint au titre d’auxiliaire de l’intendance maritime, la dispense de suivre les cours de la Faculté de Droit et put préparer ainsi, à Toulon, ses premiers examens de licence en droit ». Selon le témoignage de son épouse, pour pouvoir commencer gratuitement ses études de Droit, il avait souscrit un engagement d’un an à l’Intendance maritime.

Par la suite, Brémond occupa les fonctions de secrétaire de la Chambre de commerce de Toulon de 1907 à 1911 et fut chargé du cours de droit maritime à l’École d’hydrographie de la marine de commerce. Plus tard, il donna des cours de droit à l’usage des ouvriers de l’Arsenal voulant obtenir des promotions. Avocat stagiaire, le 22 février 1911, il fut inscrit au tableau de l’Ordre, le 2 mars 1914 et releva du barreau de Toulon. Il se maria en juin 1912 à Toulon avec la fille d’un propriétaire. Le couple eut cinq enfants.

Ayant été réformé temporaire en 1900, puis réformé n° 2 en 1904, Brémond s’engagea comme simple soldat au 10e régiment d’artillerie après avoir été déclaré « bon pour le service armé à l’artillerie de forteresse » (Commission spéciale de réforme de Toulon, 7 août 1914). Toutefois, deux versions cohérentes se présentent à propos de ce qu’il fit pendant la guerre.

Lors de la campagne électorale de 1924, sa biographie fut publiée dans Le Var rouge, les 4 et 11 mai ; aucun état de service au front n’était alors mentionné : « il fit toute la campagne comme simple soldat au 1er RAT et au 6e régiment d’artillerie d’Afrique ». La biographie figurant alors dans un rapport de police (Archives départementales du Var, 3 Z 2.5) indiquait : « non affecté, il a été considéré pendant la guerre comme appelé sous les drapeaux et maintenu à son emploi de temps de paix ». Il aurait conservé ses fonctions à Toulon et aurait souvent plaidé à Marseille (selon le témoignage de son épouse, V. Brémond n’aurait jamais plaidé à Marseille), dans sa spécialisation, les affaires de commerce. Le rapport mentionnait ses diverses affectations sans faire état des lieux (52e brigade, le 19 mai 1915 ; 6e groupe d’artillerie à pied d’Afrique, le 1er mars 1916, état-major du groupe comme téléphoniste, le 11 juillet 1916 ; état-major de la RGA de la 6e armée, le 16 janvier 1917 ; 70e régiment d’ALGP, le 1er août 1917 ; renvoyé le 1er mars 1919 du groupement d’armes pour être démobilisé, le 7 mars 1919 du 19e régiment d’artillerie à pied).

Par la suite, les versions furent différentes. Ainsi, sa profession de foi, en 1936, mentionnait qu’il avait pris part à la guerre « sur le front ». Plus tard, le Dictionnaire des Parlementaires, dans sa biographie mentionnait un passage à Verdun. Enfin, selon le témoignage de son épouse, en 1976, la 52e batterie dont il faisait partie comme canonnier, fut envoyée au front le 5 juin 1915 (Verdun : fort de Tavannes, Picardie, Champagne, Lorraine, de nouveau Verdun) ; le 10e d’artillerie de forteresse était devenu le 6e régiment d’artillerie d’Afrique, puis l’ALVF. Brémond, téléphoniste, puis soldat secrétaire à l’état-major de la 6e armée se trouvait près de la frontière belge lors de l’armistice et rejoignit son foyer le 7 mars 1919.

Essayons de clarifier ces deux versions qui ne sont peut-être pas aussi contradictoires qu’il apparaît. En 1924, toute la campagne électorale de la « liste rouge » dont Brémond faisait partie insistait sur la « faillite diplomatique du Bloc national » et proposait une « action pour la paix internationale ». Les candidats avaient-ils dans ce contexte intérêt à détailler leurs états de service militaire. Seul Auguste Reynaud faisait état d’une blessure au front. D’autre part, que la police ait été sensible à certains arguments de l’opinion conservatrice qui faisait de Brémond un « embusqué », ne serait pas étonnant. Inversement par la suite, dans les luttes toulonnaises où le principal adversaire de Brémond, Marius Escartefigue était accusé de désertion, que Brémond et ses partisans aient quelque peu déformé la réalité, ne nous paraît pas impossible.

Quoi qu’il en soit, Brémond participa à diverses associations d’anciens combattants toulonnais et fit partie en 1919 d’une association dite des « combattants du XVe corps ». Il n’apparut pourtant pas dans la campagne de réhabilitation du XVe corps qui se développa au début des années 1920.

Brémond fut candidat au conseil général dans le canton de Besse en 1919. Son bulletin alors indiquait qu’il avait été choisi par le « congrès républicain socialiste du canton de Besse » et qu’il était « propriétaire-viticulteur ». Le 14 décembre 1919, il obtint 400 voix sur 1 818 inscrits et échoua. Avait-il été attiré dans ce canton par une amitié avec le vénérable Noël Blache ? Il ne cachait pas qu’il lui devait beaucoup.

À la fin de 1920, dans la Semaine politique et sociale, hebdomadaire favorable à une politique d’union des Gauches et qui soutenait les partisans du maintien dans la Deuxième Internationale dans le débat qui traversait le socialisme, Brémond écrivit plusieurs éditoriaux critiquant notamment la politique militaire du Bloc national et le rétablissement des relations avec le Vatican. Ainsi, se situait-il dans le camp des adversaires de la majorité de droite.

À la suite d’une crise municipale à Toulon, la minorité favorable à Escartefigue et quelques élus passés au Parti communiste démissionnèrent. Brémond figura sur la liste du « comité d’action républicaine et socialiste. Liste d’intérêt local » soutenue par la section SFIO majoritaire dans le conseil municipal. Au premier tour, le 27 février 1921, cette liste échoua et Brémond arriva en troisième position avec 3 610 voix sur 19 956 inscrits. Les nouveaux élus démissionnèrent aussitôt. Le 10 avril 1921, ils furent réélus, battant cette fois la liste soutenue par la municipalité, en lice dès le premier tour. Brémond arrivait en deuxième position sur cette dernière avec 3 646 voix.

Les élections législatives de 1924 approchaient. Pour les militants de gauche du département, il s’agissait de s’unir pour battre la liste qui les avait éliminés en 1919.

Dès le 22 janvier 1924, l’Humanité annonçait que Brémond pourrait être candidat. En effet, Pierre Renaudel pensait qu’il fallait, pour l’emporter, présenter à Toulon, un élément plus modéré que ses camarades socialistes. D’autre part, des cercles, à la vie plus ou moins régulière, caractérisaient la vie politique villageoise. Brémond, dont la famille de sa femme qu’il avait épousée religieusement en juin 1912, possédait des propriétés dans la région, était membre du cercle du 24 février au Beausset. Il avait été l’invité du cercle du Brulat, hameau du Castellet, dans le courant de l’année 1922, pour y prononcer une causerie sur le thème « Ni Rome, ni Moscou ». Connu aussi dans les « cercles rouges » de Toulon, Brémond parvint à être le candidat proposé par les cercles les plus actifs du Sud-Ouest varois. D’autre part, appuyé par Herriot, il pouvait entraîner derrière lui ce qui restait du parti radical dans le Var dont l’influence était importante comme en témoignait l’élection de deux sénateurs radicaux. Des fonctions telles que la vice-présidence de l’Association des anciens élèves du lycée ou que le secrétariat général de la Société des amis du vieux Toulon étaient des atouts supplémentaires.

Brémond fut donc le candidat non socialiste de la « liste de coalition rouge ». Le 11 mai 1924, elle fut élue et Brémond arrivait en tête avec 33 245 voix sur 78 101 inscrits. Bien que G. Lachapelle en fasse un « radical-socialiste », il s’inscrivit au groupe républicain-socialiste et socialiste français à l’Assemblée et abandonna tous ses dossiers d’avocat à ses confrères.

Brémond participa aux travaux des commissions de la marine militaire, des pensions et de la législation civile et criminelle. Bon orateur, il intervint essentiellement sur les questions susceptibles d’intéresser son électorat toulonnais (problème des emplois réservés dans la Marine, révision des pensions des retraités de l’État, programme naval, budget de la Marine). Il déposa les propositions de lois et fut chargé de rapporter sur le projet concernant le personnel civil et militaire de la Marine. Il était aussi à l’Assemblée l’un des spécialistes des questions de locations d’habitations et des relations locataires-propriétaires.

Jacques Toesca présente ainsi Nicèbre (Brémond), « parlementaire de la bonne tradition, dont l’allure avait de la distinction, et la parole de la pureté, républicain indéfectible, et socialiste de l’école de 1848 [...] (Un militant de province, p. 136).

Les rapports de Brémond et de la vie politique toulonnaise sont difficiles à définir. La vie municipale, à partir de 1925, fut marquée par les offensives de l’ancien maire Escartefigue contre la gestion socialiste. Brémond n’intervint pas dans cette lutte. Il se contentait de regrouper ses fidèles et d’asseoir son autorité dans certains milieux populaires. Un cercle portait son nom et siégeait dans le populeux quartier de Besagne. Ses rapports avec les militants de la section socialiste SFIO n’étaient pas bons. Elle s’opposait, dans sa majorité, à l’orientation donnée par Renaudel à la Fédération du Var. Celui-ci considérait que la SFIO ne pouvait se maintenir durablement à Toulon sans alliance solide et aurait désiré que son parti serve de principal soutien à Victor Brémond. Cette situation fut une cause supplémentaire de l’affaiblissement des positions socialistes dans la ville.

Pour le renouvellement de 1928, la section socialiste SFIO de Toulon avait fait d’importants efforts militants. Renaudel continuait à soutenir Brémond. À l’issue d’une campagne agitée, au premier tour, le 22 avril 1928, appuyé notamment par les radicaux et par la Ligue de la République, Brémond arrivait en deuxième position dans la première circonscription de la ville (le centre), avec 3 079 voix sur 19 050 inscrits. Escartefigue, qui venait de conquérir le siège de conseiller général laissé vacant à la suite du décès de Prosper Ferrero, arrivait en tête. Le candidat socialiste Joseph Risterucci ne recueillait que 1 915 voix. Aussi, alors que la Fédération socialiste du Var appelait à voter pour Brémond, la section socialiste de Toulon refusait de faire campagne pour lui et son candidat se retirait purement et simplement, dans un premier temps, tout en déclarant à ses amis qu’il voterait communiste au deuxième tour. Toutefois, L’Ère Nouvelle, le 25 avril, notait que Risterucci avait apporté « à sa Fédération [...] son désistement ». La situation, si elle était claire en principe, était très indécise au plan local. Au deuxième tour, Brémond obtint 5 716 voix et fut distancé de 700 voix. Cette défaite des forces de gauche à Toulon préludait à la perte de la municipalité en 1929.

Brémond n’intervint pas publiquement dans la difficile campagne électorale pour le renouvellement municipal de 1929. Il ne reprit pas son métier d’avocat (selon le témoignage de son épouse, Brémond ne plaida que pour les syndicats et gratuitement). Il s’efforça de mieux asseoir son cercle de Besagne. Toutefois, le commissaire de police notait, le 11 avril 1929 : « sans être candidat [...] fait de la politique occulte et donne des directives à son comité ». En 1931, Brémond participa à la campagne des élections cantonales et prit position ouvertement pour Émile Claude, l’ancien maire socialiste de la ville qui était conseiller général sortant, qui se représentait et fut battu. Il semble bien que cette intervention fut le résultat d’un accord tacite avec la Fédération socialiste en vue des élections législatives de 1932. En effet, quelques mois plus tard, les responsables de la Fédération socialiste indiquaient leur désir de voir élire Brémond député. La section SFIO de Toulon, qui ne désarmait pas, avait songé à présenter un dirigeant national. Elle en fut dissuadée et dut ne présenter qu’un candidat de principe. Escartefigue, dans sa campagne électorale, ne manqua pas de dénoncer ces « combines électorales ».

Brémond, le 1er mai 1932, avec 5 508 voix sur 20 450 inscrits, arrivait derrière le député sortant mais le battait le dimanche suivant, avec 7 292 voix. La campagne avait été très vive comme en témoigne cet ultime appel lancé par Brémond : « Toulon a besoin d’un représentant au passé irréprochable, qui ait de l’autorité au Parlement, d’un représentant qui travaille. »

Député républicain-socialiste, Brémond fit partie des commissions de la marine militaire (dont il fut le vice-président), des pensions, de l’hygiène et de prévoyance sociale et des affaires étrangères. Il intervint dans les débats sur les traitements des fonctionnaires, sur les pensions civiles et militaires (et fut même chargé de présenter un rapport sur les compensations à verser aux officiers de marine mis à la retraite d’office après la guerre). Il participa aux discussions des budgets de la marine militaire et fut élu secrétaire de la Chambre en 1935.

Tout en continuant à animer son cercle, Brémond participa aussi - et c’est un fait nouveau - aux réunions corporatives et aux grandes manifestations ouvrières à partir de 1933 à Toulon. Le 5 février 1934, à la suite de heurts entre fascistes et antifascistes, il fut même accompagné, par un cortège des militants, jusqu’à la gare alors qu’il se rendait à l’Assemblée nationale. Quelques jours après, le 12 février, il prit la parole à l’entrée de l’Arsenal maritime devant 4 000 manifestants. « J’ai compris qu’il y avait danger » déclara-t-il. Après avoir déposé un ordre du jour contre le fascisme à la sous-préfecture et obtenu la libération de manifestants détenus par la police, il participa au défilé en ville juché sur les épaules de ses partisans. Il intervint plusieurs fois contre les décrets-lois, et notamment après les manifestations violentes d’août 1935 à Toulon. À la Chambre, membre du groupe de défense des retraités, il rapporta sur les décrets-lois concernant les retraites ; à la suite de son rapport, divers aménagements furent retenus. Il ne cessait dans les réunions publiques de lancer des appels à l’union des forces républicaines et socialistes. Par exemple, lors d’un des nombreux meetings organisés par le Cartel des services publics à Toulon, il déclara : « je serai toujours avec ceux qui défendent la République et la Liberté » (Le Petit Var, 25 novembre 1935).

Brémond essaya de s’assurer une plus forte position à Toulon lors des élections municipales de 1935. « Depuis que Nicèbre [Brémond] était, en 1932, redevenu le sympathique député [...] les effectifs de son « cercle » avaient considérablement grossi, et le zèle de ses amis le poussait vers la Mairie, puisqu’il était maintenant le principal personnage des « Gauches » (Un militant de province, p. 166). Il annonça qu’il serait candidat dès le 1er janvier 1935 dans une fête de son cercle. Il prit la tête d’une liste dite « liste V. Brémond » d’action républicaine et socialiste et de défense des intérêts de la cité « composée de militants de son cercle et de membres du Parti socialiste de France. Il obtint le 5 mai 1935, 5 066 voix sur 29 381 alors que la liste du maire Escartefigue avait 2 000 voix de plus en moyenne. Pour le deuxième tour, fut constituée une liste dite « de Front populaire », fusion de sa liste et de celle constituée par la section SFIO et le Parti socialiste français (qui comprenait notamment Gozzi, l’ancien sous-préfet de Toulon qui avait été par deux fois l’adversaire malheureux de Renaudel). Les communistes se retiraient et appelaient à voter pour la liste Brémond. Elle fut battue d’environ 500 voix, Brémond figurant dans une position moyenne avec 10 027 voix. Avec ses amis, il contesta en vain la validité de l’élection de la municipalité Escartefigue.

Brémond fut désigné par le congrès départemental de l’Union socialiste et républicaine à laquelle il avait adhéré, le 9 février 1936, comme candidat aux élections législatives dans la circonscription qu’il représentait. Sa profession de foi placée sous le signe de la défense de « nos libertés », « du droit au travail, du droit de vivre » et « de la paix », se réclamait explicitement du programme du Rassemblement populaire auquel il avait souscrit. Le 26 avril 1936, il arriva en troisième position avec 2 819 voix sur 22 756 inscrits, se désista pour le candidat communiste en application des accords passés et le désistement provoqua une certaine émotion chez ses amis républicains modérés. Ces résultats marquaient un tournant dans la vie politique toulonnaise. Désormais, le Parti communiste comptait dans la gauche toulonnaise.

Brémond abandonna sa profession d’avocat sans renoncer au titre. Ses amis entamèrent bientôt des négociations avec la SFIO. En septembre 1937, à la veille des élections cantonales, Brémond demandait son adhésion à la SFIO qui fut acceptée. Dans Le Populaire du Var, hebdomadaire fédéral de la SFIO, le 25 septembre, « Jean du Var », (Albert Lamarque) commentait : « L’entrée au Parti de Victor Brémond [...] est un signe des temps. Nous n’avons pas cessé ici de préconiser la réconciliation entre socialistes, persistant à soutenir qu’il n’y a pas place dans le Var pour deux partis socialistes, qui ne peuvent pas ne pas se réclamer de la même doctrine. »

Après la guerre, Brémond ne participa pas immédiatement à la vie politique toulonnaise. Il fut seulement candidat sur la liste du Parti socialiste en 1947. Le 19 octobre, il devint conseiller municipal pour la première fois avec neuf autres colistiers. Le 25 octobre 1947, se déroula l’élection du maire : le candidat du RPF aux deux premiers tours arrivait en tête avec quatorze voix ; tour à tour Jean Bartolini puis Joseph Risterucci avaient obtenu treize voix ; le chef de file socialiste Franck Arnal suivait avec dix voix. Pour le troisième tour, le communiste Bartolini et son colistier du Parti socialiste unifié, Risterrucci lancèrent un appel : ils acceptaient de voter pour un maire socialiste à condition que le député Arnal laisse la place à Victor Brémond. Les élus socialistes refusèrent et un maire gaulliste fut élu. Deux ans plus tard, la dissolution du conseil municipal entraînait de nouvelles élections. Il avait, semble-t-il, démissionné du conseil municipal avant la dissolution pour pouvoir être candidat au Castellet. Il devait toutefois conserver une influence au travers du nouveau chef de file socialiste Édouard Le Bellegou, ancien membre de son cercle, qu’il conseilla souvent.

Au Castelet, village où sa femme possédait une propriété (le clos Marie-Thérèse au Brulat), le maire Péronne entra en conflit avec les élus communistes. Cette crise entraîna la démission du conseil en avril 1949. Des élections municipales permirent en juillet 1949 à Brémond de figurer parmi les élus. Il devint maire SFIO de la commune, le 24 juillet. Réélu premier de sa liste en 1953, Brémond démissionna pour des raisons politiques, le 2 juin 1958. Dans la commune, il termina l’électrification, engagea des travaux au cimetière, etc.

À Toulon où il résidait, Brémond était le président de l’Amicale des anciens élèves du lycée. Il avait notamment contribué à redonner une certain éclat à la cérémonie du 11 Novembre. Il assurait aussi la présidence de la société des Amis du vieux Toulon où il avait donné, depuis 1931, de nombreuses conférences (les évènements de 1848 à Toulon, les institutions de Toulon au Moyen-Âge, Lamartine à Hyères, Bonaparte à Toulon, le théâtre populaire à Toulon). Atteint de surdité, il quitta cette présidence vers la fin des années 1960. Il avait obtenu notamment le transfert du Musée du Vieux Toulon dans l’ancien évêché du Cours Lafayette.

Victor Brémond n’était pas franc-maçon. Il n’avait pas fait baptiser ses enfants et fut enterré civilement. Après s’être identifié au Toulon démocratique en cultivant un « clientélisme » idéologique surtout fait de rapports personnels, il joua un rôle particulier dans la vie politique toulonnaise. En face d’une droite aux aspects démagogiques qui finit par se confondre avec Escartefigue, il représentait un des éléments majeurs de la division du camp socialiste. La réunification ne se fit que lorsque la nécessité de juguler la menace communiste se fit sentir. Mais là encore, son originalité résidait dans le fait qu’il n’excluait pas l’alliance avec les communistes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17852, notice BRÉMOND Victor, Charles, François par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 10 juin 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. F7/13021. — Arch. Dép. Var, 2 M 3.48 ; 2 M 3.49 ; 2 M 3.50 ; 2 M 3.52 ; 2 M 5.24.1 ; 2 M 6.21 ; 2 M 7.28.4 ; 2 M 7.35.4 ; 4 M 47 ; 4 M 59.1 ; 4 M 59.3 ; 3 Z 2.5 ; 3 Z 2.6 ; 3 Z 2.22 ; 3 Z 2.23. — Arch. Com. Le Castellet. — Arch. Troisième région mar. : 2 A4/81. — Arch. Ass. Nat. : procès verbaux électoraux, dossier personnel. — J. Toesca, Un militant de province, Toulon, 1951. — Presse locale. — Renseignements fournis par l’intéressé et par la veuve de l’intéressé. — Sources orales nombreuses dont E. Le Bellegou, J.-B. Gaignebet, M. Dalambilly

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