FÉLIX René, Fernand [pseudonyme dans la résistance : DUROC, JUSTINARD]

Par Huguette Juniet, Michelle Destour

Né le 12 janvier 1916 à La Grand-Croix (Loire) exécuté sommairement le 16 juin 1944 à Aulnat (Puy-de-Dôme) ; manœuvre puis ouvrier mineur ; militant communiste, membre de l’état-major départemental des Francs-tireurs et partisans (FTP) du Puy-de-Dôme.

René et Aima Félix
Cliché famille Félix

Fils de Louis, mineur, et de Jeanne Crouzet , René Félix travaillait comme manœuvre aux mines puis comme ouvrier aux laminoirs de Couzon à Rive-de-Gier (Loire). Il se maria à La Grand-Croix (Loire) avec Aima Flachier née le 24 mai 1911 à Lorette ; le couple eut deux enfants, Michel et Louis.
Membre du Parti communiste (PCF), il devint secrétaire de la cellule communiste de Lorette (Loire) en 1937. Il fut considéré par la police comme un agitateur, principal instigateur des dernières grèves des Houillères de la Péronnière, avant-guerre.
A partir de l’Occupation, il appartenait à la CGT clandestine. René Félix fut arrêté le 16 octobre 1940 pour son activisme politique, emprisonné à La Ronze, camp de triage à Saint-Jean-de-Bonnefonds (Loire), puis transféré le 22 octobre 1940 au château de Mons à Arlanc (Puy-de-Dôme) et le 31 décembre 1940 au Centre de Séjour surveillé de Nexon (Haute-Vienne). Libéré le 31 décembre 1942, il rejoignit sa famille dans la Loire et entra dans le groupe FTP du Gier commandé par Joannès Bonnel. Militant aguerri et déterminé, il participa à des sabotages mais également à des attentats contre des personnalités liés au gouvernement de Vichy ou à ses instances. En septembre 1943, des bombes explosèrent chez des commerçants, membres de la Légion des combattants, au domicile du maire de Lorette et de deux de ses adjoints. Dans la nuit du 1er au 2 octobre 1943, alors que la répression policière se resserrait dans la Vallée du Gier, un inspecteur de police, Honoré Coquat, fut assassiné à Rive de Gier. René Félix, immédiatement soupçonné, quitta la région et rejoignit les FTP de l’Allier.
En novembre 1943, il devient capitaine, commandant d’une compagnie de 120 hommes. Il prend l’identité de Ferdinand Justinard et habite rue Chateaubriand à Montluçon. Aima, sa femme, le rejoignit en janvier 1944. Ils laissèrent leurs deux enfants à l’abri chez des fermiers du Pilat. Début 1944, il fut nommé Commandant Opérationnel Régional chef de bataillon FTPF, connu sous le nom de résistance de Duroc. Il remplaça Marcel Godefroy, dit Rivière, comme commissaire militaire régional aux opérations pour l’Auvergne, à partir du 14 février 1944. Aima Félix, sous le pseudonyme de Mireille, devint agent de liaison pour les FTP.
René Félix participa à de diverses et nombreuses actions, sabotage de voies ferrées, de lignes électriques. Il aurait également participé à l’attaque des wagons de la SNCF dans l’affaire du milliard de la banque de France à Clermont-Ferrand (9 février 1944). Il est également présenté comme le principal acteur et organisateur de l’attentat de la place de La Poterne à Clermont-Ferrand (8 mars 1944) contre la troupe allemande. C’est sans doute parce que cet attentat suscita environ deux cent arrestations et au moins 150 déportations en représailles, que René Félix est resté jusqu’à ce jour une figure peu connue à Clermont-Ferrand. Selon les archives d’Alphonse Rozier, qui a été à la tête du Front national mais a également siégé au Comité de Libération début 1944 au titre des FTP, l’attentat serait dut uniquement à un acte de vengeance spontanée de Duroc après qu’il ait découvert les corps massacrés de trois de ses camarades. Bien qu’il parle de bavure, il loue la bravoure de Duroc en toute circonstance. Il est difficile de trancher sur le fait que cette opération ait été programmée ou non. Les attentats n’étaient pas une pratique des FTP à Clermont-Ferrand, un seul Allemand ayant été abattu, en 1943. Cette action a été néanmoins montée et ordonnée et le repli -très efficace- soigneusement réfléchi lui aussi. S’il y eut une trentaine de blessés parmi les soldats, on estime qu’il n’y eut qu’un seul tué voire aucun. Les participants appartenaient à la 1ère compagnie FTPF sédentaire.
René Félix fut aussi accusé de complicité pour meurtres.
Suite vraisemblablement à une dénonciation, la Milice et la Gestapo l’arrêtèrent le 29 mars 1944, alors qu’il était dans un car qui le ramenait d’une mission, près de Saint- Dier-d’Auvergne (Puy-de-Dôme). Il fut emmené et emprisonné à la prison militaire allemande du 92e RI à Clermont-Ferrand. Le jour même, Aima était en train d’établir un contact dans un restaurant du centre de Clermont-Ferrand. Une femme s’était assise à la table voisine et au bout de quelques minutes ressortit de l’établissement. Aussitôt trois hommes en civil qui s’étaient placés devant les portes, s’avancèrent vers eux. Son camarade eut le temps de s’enfuir mais Aima fut conduite à la caserne du 32e RI où elle reconnut la jeune femme du restaurant parmi les miliciens. Le surlendemain, elle retrouvait René dans la voiture qui les conduisait à Royat, au siège de la Gestapo où il fut interrogé et très violemment frappé.
Le 16 juin 1944, il quitta la caserne en camion et on perdit sa trace. Il aurait été fusillé par les troupes allemandes le jour même.
Après la Libération,son corps, fut retrouvé dans un trou d’obus sur l’aérodrome d’Aulnat,où sa mère le reconnut le 16 octobre 1945.
Il repose au cimetière familial de La Grand-Croix (Loire) où son nom figure sur le monument aux morts.
René Félix obtint le statut « Mort pour la France ». Il a été membre de l’état-major FTP du Puy-de-Dôme et ses services homologués vont du 1er janvier 1943 au 29 mars 1944.
Aima, son épouse, questionnée en juin 1944, accusée par les Allemands de faits de résistance, fut déportée le 13 juillet 1944 pour Ravensbrück. Affectée au kommando de Belzig, elle revint à la Grand-Croix en mai 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178535, notice FÉLIX René, Fernand [pseudonyme dans la résistance : DUROC, JUSTINARD] par Huguette Juniet, Michelle Destour, version mise en ligne le 15 février 2016, dernière modification le 23 décembre 2020.

Par Huguette Juniet, Michelle Destour

René et Aima Félix
Cliché famille Félix
René Félix
René Félix
Aima Félix. Cliché fourni par la famille
Aima Félix. Cliché fourni par la famille

SOURCES : Archives Départementales du Puy-de-Dôme . — Archives municipales de Rive de Gier .— Liste nominative des membres de la formation : Etat-major départemental du département du Puy-de-Dôme, SHD Vincennes : 19 P 63/4 . — Mémoires vives de la Résistance 42. — Là où coule le Gier livre écrit par son petit-fils René en hommage à ses grands-parents. — Témoignage d’Aima Félix le 15 février 1946, pour le service des recherches des crimes de guerre, Mémorial de l’Oppression. — Michelle Destour, Rive de Gier 1939-1945 : une ville ouvrière dans la guerre, éd. Sutton, 2013.— Vanessa Michel, L’attentat de la poterne, un drame au coeur de Clermont, Clermont-Ferrand, éd. Otrement, 2015 .— Archives privées Alphonse Rozier (Clermont-Ferrand), "notes sur l’attaque des FTP rue Montlosier", 2 p. .— MémorialGenWeb .— Compléments par Eric Panthou.

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