FOURNIER, Joseph, Alphonse, Camille [pseudonyme dans la résistance : Jean]

Par Huguette Juniet, Eric Panthou

Né le 4 septembre 1900 à La Rouvière commune de Sainte-Marguerite-Lafigère (Ardèche) ; exécuté sommairement le 19 juillet 1944 à Aulnat (Puy-de-Dôme), ouvrier tourneur sur métaux chez Michelin ; membre du Parti communiste (PCF) et de la Confédération générale du Travail (CGT) ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP).

Joseph Fournier est le fils de Julien Fournier, cultivateur et d’une couturière, Marie Euphrasie née Domergue. Il se maria avec Marie-Rose Lafont le 26 janvier 1923 à Villefort (Lozère). Ils eurent trois enfants. Il partit ensuite à Clermont-Ferrand pour travailler à la manufacture de pneumatiques Michelin. Il fut embauché comme tourneur sur métaux au service VRA et habitait le quartier de la La Plaine, 27 rue du devoir, dans une cité Michelin.

Un rapport de police de 1940 estime qu’il se fit remarquer par son activité lors des grèves chez Michelin depuis 1936, connu comme militant communiste.
Il fut licencié de chez Michelin le 6 janvier 1940, très certainement en raison de son engagement syndical passé à la CGT. Il retrouva du travail comme tourneur sur métaux chez Monsieur Duprat, aux Portes d’Argent, à Clermont-Ferrand.
Le 15 janvier 1940, il fut rayé de la liste des ouvriers affectés spéciaux sur ordre et par convocation de l’autorité militaire, puis placé du fait qu’il avait trois enfants, dans la catégorie "sans affectation".
Le 5 novembre 1940 Il fit fait l’objet d’une perquisition après qu’on l’ait signalé à la police comme se réunissant avec d’autres en petits groupes de 3 ou 4 à la sortie du travail, dans la rue. ce signalement venait dans le cadre d’une enquête suite à diffusion de papillons à Clermont et banlieue le 1er novembre 1940 et jours suivants. Rien ne fut trouvé chez lui. Lors de cette perquisition, Il déclara qu’il avait adhéré au PC en 1937, qu’il faisait partie de la cellule Maurice Thorez de la Plaine et qu’il n’avait plus aucun contact avec le PC.
Au même moment, il figurait sur une liste de militants communistes dénoncés par un informateur. Il était déjà connu comme communiste notoire. A la suite de cette dénonciation, le préfet ordonne son arrestation et son internement. Celle-ci est effective le 19 décembre et il est dirigé le jour même centre de séjour surveillé de Saint-Germain-les-Belles en Haute-Vienne. En avril 1941, le camp étant considéré comme trop petit face à la masse d’internés, les prisonniers sont alors transférés à quelques kilomètres de là, au camp de Nexon. Il fut libéré suite à une décision de Pétain au 1er janvier 1942 concernant 138 militants, dont 20 du Puy-de-Dôme. D’après le témoignage de sa belle-fille, il ne put retrouver du travail. Privé de ses droits civiques, il était demi-clandestin. C’est à partir de là qu’il entra dans la Résistance. Il intégra la 1ère Compagnie FTP de Clermont-Ferrand à partir du 1er mars 1943, formation dont la création a été fixée au 1er janvier 1943. Ses chefs étaient Jean Bac, Pougheon et Bazin.
Il devint un des responsables FTPF commandant du détachement de Murat (Cantal). Il fut nommé lieutenant.
Avec ses hommes il exécuta différentes missions : sabotages de lignes de chemin de fer, destructions de lignes hautes tension, en particulier le sabotage des voies à Gerzat le 17 juillet 1944 qui fut la cause de son arrestation. Il fut en effet arrêté par la police allemande la nuit du 18 au 19 juillet 1944 pour infraction à la circulation sous couvre-feu, après avoir fait sauter la voie ferrée à Gerzat entre Riom et Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
Conduit à la Villa René, siège du SD à Chamalières, pour interrogatoire, il fut torturé mais ne parla pas. Il fut néanmoins confondu lors des interrogatoires car la police souleva des contradictions avec les témoignages de Pignol et Pierre Servoir arrêtés en même temps que lui. Il tenta alors de s’enfuir en sautant par la fenêtre, après avoir lancé une machine à écrire sur la tête d’un officier allemand, mais fut rattrapé et roué de coups.
Extrait de sa cellule le 19 juillet 1944 vers 21 heures, il fut fusillé par un peloton d’Allemands du Sipo-SD sur ordre de Eckard en même temps que Marinette Menut et d’autres détenus sur le terrain d’aviation d’Aulnat.
Son corps mutilé fut retrouvé en novembre 1944 dans un trou de bombe. Son enterrement aurait eu lieu le 28 novembre 1944.

Son nom figure sur la stèle placée dans les locaux de l’Atelier industriel d’Aéronautique AIA, parmi les nombreuses victimes de la barbarie nazie, ainsi que sur le monument aux Morts, Rue Verlaine, quartier de La Plaine à Clermont-Ferrand (Puy-de–Dôme) ainsi que sur le tableau commémoratif CGT Montreuil.

Il obtint le statut « Mort pour la France » et fut homologué FFI et DIR. Le 16 mars 1959, il a reçu à titre posthume la carte de Combattant volontaire de la Résistance (CVR).
Ses dates de services homologués comme FTP de la 1ère compagnie vont du 1er mars 1943 au 18 juillet 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178582, notice FOURNIER, Joseph, Alphonse, Camille [pseudonyme dans la résistance : Jean] par Huguette Juniet, Eric Panthou, version mise en ligne le 15 février 2016, dernière modification le 11 août 2022.

Par Huguette Juniet, Eric Panthou

SOURCES : SHD 19 P 63/51. Liste nominative des membres de la formation 1ère Compagnie, Clermont-Ferrand du département du Puy-de-Dôme, FTPF .— AVCC, dossier Joseph Fournier : AC 21 P 608115 et AC 21 P 187343 (non consultés) .—Arch. dép. du Puy-de-Dôme : M 3828. L’inspecteur Sonnet au commissaire divisionnaire de police spéciale de Clermont-Ferrand, 6 mai 1940 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296W75 : Le commissaire de police au commissaire divisionnaire chef de la 2° section, police criminelle, 17 février 1941, Vichy .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296W75 : Etat des résultats obtenus dans la répression des menées communistes par la 6éme brigade régionale de police mobile de Clermont-Ferrand du 1er septembre 1939 au 15 janvier 1941 ainsi que des menées contre la sûreté de l’état. Département du Puy-de-Dôme .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296W91 : le commissaire de police mobile au divisionnaire chef de la 6éme Brigade mobile, le 30/11/1940 .— Le Moniteur, 3 janvier 1942 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296W91 : PV perquisition de Joseph Fournier, le 5 novembre 1940 .— "L’enterrement d’un héros : Joseph Fournier", La Voix du Peuple, organe de la fédération PCF du Puy-de-Dôme, 2 décembre 1944 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296W92 : Renseignement n°15, circa fin novembre 1940 .— SHD Vincennes, 19 P 63/5 : état des morts ayant appartenu à la 1ére Compagnie FTP, Camp Gabriel-Moquet, signé Lieutenants Bazin et Ollier, 4 janvier 1948 .— SHD Vincennes, dossier de résistant de Joseph Fournier : GR 16 P 231454 (non consulté) .— Arch dép. Du Puy-de-Dôme. Dossiers nominatifs d’attribution de la carte du combattant volontaire de la résistance : 2546 W 5887 .— Bulletin intérieur Michelin, n°11, janvier 1945 .— Gilles Levy, François Cordet, A nous, Auvergne !, Presses de la Cité . — Mémorial GenWeb . –— "Un quart d’heure avec Mathieu et Bresson", La Voix du Peuple, 28 octobre 1944. — État civil de Sainte-Marguerite-Lafigère .— “La bourgade devenue prison”. http://www.l-echo.info/article/26325/bourgade-devenue-prison [consulté le 1er décembre 2018]

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