CHAPELEAU Pierre Charles Maurice

Par Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault

Né le 30 septembre 1914 à Gérardmer (Vosges), exécuté sommairement le 1er septembre 1944 au camp de Natzweiler-Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin) ; officier de carrière ; résistant au réseau SR Alliance.

Maurice Chapeleau était le fils de Joseph, militaire, et de Marie-Louise Julia Louis, lingère. Il fut adopté "pupille de la Nation" en février 1929. Officier de carrière, il participa sans aucun doute à la campagne de 1939 – 1940. Resté officier dans l’armée d’armistice, il fut capitaine au 25ème Bataillon de Chasseurs alpins. Cette unité en grande partie anéantie lors des combats du mois de juin sur la Somme puis lors de la retraite vers la Loire, fut reconstituée à Nice en août 1940 dans le cadre de l’armée d’armistice. En garnison à Hyères (Alpes-Maritimes), le bataillon fut dissous le 27 novembre 1942 avec toute l’armée d’armistice après l’invasion de la zone libre, sur ordre de l’Allemagne. Démobilisé, Pierre Chapeleau resta dans les Alpes-Maritimes, employé à Nice au service des Eaux et Forêts.
Il entra dans la Résistance au début de l’année 1943 comme agent de renseignement dans le groupe du commandant Chaudière* au réseau de renseignements militaires Alliance avec le pseudonyme "Gallus" pour la région Méditerranée secteur de Nice "Serre", rejoignant ainsi (vraisemblablement grâce à des liens établis de longue date) un grand nombre d’officiers et sous-officiers d’active de la région (le réseau fondé par Georges Loustanau-Lacau étant de forte culture militaire et de tendance droite nationaliste, ce que le recrutement dans les Alpes-Martitimes marque clairement). Il fut arrêté par la Gestapo le 4 janvier 1944 à son bureau des Eaux et forêts, rue Valperga à Nice et interné à la prison de Marseille le 17 février 1944 puis transféré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne) le 23 mars 1944. Il fut déporté en mai 1944 à destination de Strasbourg puis du camp de Schirmeck (Bas-Rhin), où il arriva par le convoi de juin 1944 et fut mis au block 10 avec les autres agents masculins du réseau.
Le 7 juillet 1944 le dossier d’accusation instruit par la Gestapo de Strasbourg dans le cadre de la liste des affaires n° 286 impliquant également Jean Chaudière*, André Berson*, Nestor Canivet*, André Dujat des Allimes* et Jean Autran* fut transmis au Tribunal de guerre du Reich qui y apposa les tampons « secret » et « affaire concernant des détenus » ainsi que la mention "NN" (Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard). Les accusés furent remis sans jugement à disposition de la Gestapo de Strasbourg le 10 septembre mais leur sort était déjà scellé car devant l’avance alliée les 106 membres du réseau Alliance détenus à Schirmeck, dont Maurice Chapeleau, furent sur ordre du Haut commandement de la Wehrmacht (OKW) à Berlin, transférés en camionnette par fournées de 12 vers le camp de concentration du Struthof, où ils furent dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, abattus d’une balle dans la nuque à la chambre d’exécution puis incinérés directement dans le four crématoire du camp, situé dans le même bâtiment.
Il fut homologué comme agent P2 des FFC (Forces françaises de l’intérieur) et chargé de mission de 1ère classe de la DGER (Direction générale des études et recherches) avec son grade réel de capitaine.
Il fut déclaré "Mort pour la France" le 2 janvier 1948 et "Mort en déportation" par arrêté du 6 octobre 1987.
Son nom figure sur le monument aux morts de Gérardmer (Vosges) et sur la plaque commémorative du réseau S.R. Alliance au camp de concentration du Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178660, notice CHAPELEAU Pierre Charles Maurice par Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault, version mise en ligne le 4 avril 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault

SOURCES : Dossier DAVCC Caen — MémorialGenWeb. — Wikipédia "Réseau Alliance" et "camp de concentration de Natzweiler-Struthof". — Marie-Madeleine Fourcade in L’Arche de ¨Noé Fayard 1968 — Auguste Gerhards, Tribunal de guerre du 3e Reich, Archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, 2014..— Mémorial de l’Alliance, 1948 — Livre Mémorial des Déportés de France de la F.M.D. tome 2. — État civil.

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