BRESSLER Raymond

Par Daniel Grason, Lynda Khayat

Né le 7 mars 1921 à Alfortville (Seine, Val-de-Marne), mort en déportation à Auschwitz (Pologne) ; mouleur ébéniste ; militant des Jeunesses communistes d’Alfortville ; résistant FTPF.

Raymond Bressler
Raymond Bressler

Fils immigrés juifs polonais, Henri ouvrier fourreur et de Jeanne, née Sanosky, Raymond Bressler demeura 32 rue de la Station à Alforville. À l’issue de sa scolarité primaire, il obtint le CEP, il devint mouleur ébéniste. Il adhéra à la Jeunesse communiste à la fin de l’année 1938, milita à Alforville jusqu’à la promulgation du décret du 26 septembre 1939 de dissolution des organisations communistes. De nationalité française, il ne fut pas recensé pour le service militaire, appartenant à la classe 1941.

Dès le début de l’Occupation, il assura la distribution de tracts communistes en tant que responsable à la diffusion du matériel de propagande. Raymond Bressler travaillait comme coursier aux Établissements Seignol 12 avenue de Madrid à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine) où il était chargé de l’approvisionnement de la cantine jusqu’à la fin août 1942. Introduit sur le marché de la viande il continua à s’alimenter aux abattoirs de la Villette. Il obtenait 30 kilos de viande par semaine, en écoulait une partie au tarif du marché noir, en faisait profiter sa famille et les militants communistes illégaux. Non recensé comme Juif, il refusa de se soumettre à la législation antisémite de Vichy.

Réfugié dans la clandestinité 45 place Parmentier à Ivry (Seine, Val-de-Marne), il rejoignit les Bataillons de la Jeunesse avant d’entrer aux Francs-Tireurs et Partisans (FTP), où il devint l’adjoint de Lucien Trégaut, commissaire politique des FTP de la région P5 (banlieue sud). Il fut mis alors en relation avec le responsable politique régional du Parti communiste clandestin, Roger Foin, qui devait lui fournir des militants à verser dans l’organisation armée.

Le 31 mai 1942 rue de Buci devant le magasin Eco (VIe arr.) et le 1er août 1942 rue Daguerre (XIVe arr.) dans la fille d’attente de Félix Potin des militantes communistes dénonçaient les difficultés du ravitaillement et tentaient de s’emparer de denrées alimentaires pour les distribuer, des tracts étaient jetés à la volée, des FTP assuraient la protection. Des coups de feu furent échangés, la répression fut impitoyable : trois guillotinés, onze fusillés, quatorze morts en déportation. Ces démonstrations eurent un très fort impact psychologique sur les militants, ils ignoraient l’ampleur de la répression.

Le 17 septembre 1942 vers 10 heures 30 des militants communistes voulaient-ils renouveler ce qui s’était passé rues de Buci et Daguerre ? S’emparer de denrées alimentaires dans l’enseigne « Loiseau-Rousseau » pour les distribuer à la population sur le marché de Bicêtre (Seine, Val-de-Marne). Un gardien de la paix, habillé en bourgeois, Émile L… repéra une militante, tenta de l’arrêter. Pour la dégager un jeune homme s’interposa, interpella le policier, lui lança « Tu cherches la bagarre ! Tu vas la lâcher ! ». L’homme tira, blessa le policier.

Roger Foin était interpellé le 19 octobre à la hauteur du 41 avenue de l’Opéra à Paris (IIe arr.). Des papiers étaient saisis sur lesquels figurait le nom de Raymond Bressler. Le lendemain trois inspecteurs de la BS1 l’interpellaient à la gare d’Austerlitz, où il devait prendre un train pour Brétigny, en compagnie de Roger Foin. Dans son domicile clandestin d’Ivry-sur-Seine place Parmentier, les policiers saisissaient des documents concernant l’organisation et le fonctionnement des FTP, l’instruction des troupes de protection, des feuilles manuscrites contenant noms et adresses et un pistolet automatique « Unique » et son chargeur avec six cartouches.

Le 27 octobre 1942, envoyé au dépôt de la Préfecture, interrogé dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, Raymond Bressler fut tabassé à plusieurs reprises. Outre Foin, d’autres membres du groupe étaient appréhendés : Georges Védié, Lucien Trégaut, Georges de Saint-Étienne, Jacques Guilbaud… Des confrontations eurent lieu entre Raymond Bressler, Roger Foin et Lucien Trégaut. L’analyse de son pistolet automatique 6,35 mm par le laboratoire municipal correspondait avec la douille trouvée sur le marché de Bicêtre où le gardien de la paix Émile L… avait été touché. Lors du face à face entre les deux hommes, le policier reconnut Raymond Bressler qui nia, déclara « Il y a erreur ». Le 5 novembre après 15 jours de détention dans les locaux des Brigades spéciales, de coups de nerfs de bœuf, Raymond Bressler craqua. Il reconnut avoir été désigné pour « faire partie du groupe de protection. Mon rôle consistait à faire usage de mon arme contre toute personne tentant de s’interposer ».

Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, Raymond Bressler fut tabassé à plusieurs reprises. Outre Foin, d’autres membres du groupe étaient appréhendés : Georges Védié, Lucien Trégaut, Georges de Saint-Étienne, Jacques Guilbaud… Des confrontations eurent lieu entre Raymond Bressler, Roger Foin et Lucien Trégaut. L’analyse de son pistolet automatique 6,35 mm par le laboratoire municipal correspondait avec la douille trouvée sur le marché de Bicêtre où le gardien de la paix Émile L… avait été touché. Lors du face à face entre les deux hommes, le policier reconnut Raymond Bressler qui nia, déclara « Il y a erreur ». Le 5 novembre après 15 jours de détention dans les locaux des Brigades spéciales, de coups avec des nerfs de bœuf, Raymond Bressler craqua. Il reconnut avoir été désigné pour « faire partie du groupe de protection. Mon rôle consistait à faire usage de mon arme contre toute personne tentant de s’interposer ».

Il fut livré aux Allemands, puis conduit au fort de Romainville ; quant au dossier de procédure de police, il fut transmis à la justice française. En décembre 1942, le juge d’instruction du tribunal de 1ère instance du département de la Seine, saisi de l’affaire, entama en vain des démarches auprès des autorités allemandes, afin de faire comparaître devant lui Raymond Bressler et ses camarades arrêtés. Le dossier fut renvoyé en janvier 1943 devant la section spéciale de la Cour d’appel de Paris qui prononça, le 15 mai de la même année, un arrêt de renvoi sine die. En effet, le 9 février 1943, Raymond Bressler fut transféré au camp d’internement de Drancy sur ordre de l’Occupant. Raymond Bressler était le 11 février 1943 dans le convoi n° 47 à destination d’Auschwitz (Pologne). Le camp fut libéré le 27 janvier 1945 par l’armée Soviétique, des 998 détenus du convoi, 802 avaient été gazés dès l’arrivée, il ne restait que 10 survivants dont une femme. Raymond Bressler était mort.

Après la Libération, sa mère Jeanne Bressler témoigna devant la commission d’épuration de la police. Elle déclara : « Je ne peux rien vous dire sur l’arrestation de mon fils. Il a été incarcéré au Cherche-Midi et actuellement il est déporté en Allemagne ».

Le nom de Raymond Bressler figure sur le mur des noms rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe arr.), ainsi que sur la plaque commémorative en « Hommage aux habitants d’Alforville fusillés ou morts en déportation » posée devant le monument aux morts de la ville.

Raymond Bressler a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17868, notice BRESSLER Raymond par Daniel Grason, Lynda Khayat , version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 11 novembre 2021.

Par Daniel Grason, Lynda Khayat

Raymond Bressler
Raymond Bressler

SOURCES : Arch. Nat., F 9 art. 5607 Fichier familial de la PPo. de la Seine, F 9 art. 5683 Fichier du camp de Drancy ; Z 4 art. 78 dos. 531 Instruction de la section spéciale de la Cour d’appel de Paris contre Raymond Bressler et autres (renvoi sine die le 15 mai 1943). — Arch. PPo. BS 1 GB 68 Affaire Gilardet, BS 1 GB 70 Affaire Bressler (suite Gilardet), BS 2 GB 108 Affaire Bressler (17 septembre 1942, tentative de meurtre sur un gardien de la paix), BS 1 fonds photo. de l’identité judiciaire, 77W 327, 77W 3113. – Bureau Résistance GR 16 P 89413. – Cécile Ouzoulias-Romagnon, J’étais agent de liaison des FTPF, Paris, Messidor, 1988, p. 149. – Site internet CDJC. – Site internet GenWeb.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 144

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