WEYL Monique [parfois PICARD-WEYL Monique, née PICARD Monique, épouse WEYL]

Par Vanessa Codaccioni

Née le 28 mai 1925 à Lausanne (Suisse), morte le 17 octobre 2009 à Paris ; avocate communiste à Paris.

Monique Weyl est née dans une famille modeste et républicaine, d’un père enseignant politisé à gauche et d’une mère sans profession. Avocate dès 1945, membre du PCF en 1947, elle fat partie de la cinquantaine de nouveaux avocats militants qui défendirent pendant la guerre froide et le conflit indochinois les communistes en butte à la répression. Dès 1948, elle défendit des mineurs impliqués dans les grandes grèves de l’hiver et, l’année suivante, lors d’un déplacement à Béthune pour défendre ses clients, rencontra en 1949, l’avocat communiste Roland Weyl, qu’elle épousa l’année suivante. Le couple eut trois enfants dont deux devinrent également avocats.

Puis au moment de la guerre d’Indochine, elle plaida dans des procès faits aux « combattants de la paix », c’est-à-dire de jeunes militants le plus souvent inculpés de « démoralisation de l’armée et de la nation », ou dans des affaires de presse qui touchèrent des journalistes ou des organes de presse du PCF. Dans cette période, elle défendit également Antoine Bar, un résistant inculpé en 1945 puis une nouvelle fois en 1948 pour l’assassinat d’un collaborateur et qui obtint finalement un non-lieu. Tout au long de sa vie, Monique Picard-Weyl mit ainsi en œuvre une défense politique mais également une solidarité internationale par le biais de l’AIJID (Association internationale des juristes démocrates), défendant des « patriotes » vietnamiens ou palestiniens, des prisonniers libanais emprisonnés par l’État d’Israël dont Suha Bechara ou Anouar Mohamed Yassine, des femmes anglaises pour la paix ou encore des militants en lutte contre l’apartheid.

Si elle milita au sein du même parti ou des mêmes associations que son mari, un engagement commun qui donna lieu à la publication de sept ouvrages co-signés, et qu’elle partagea avec lui un très grand nombre de dossiers, Monique Picard-Weyl n’en mena pas moins ses propres combats. Elle fut par exemple l’une des premières juristes à réclamer dès les années 1960 la prise en compte du droit à l’environnement, un engagement sur les questions environnementales qu’elle poursuit ensuite au Comité Directeur du Mouvement National de Lutte pour l’Environnement. De la même manière, Monique Picard-Weyl lutta activement en faveur des droits des femmes. Membre de la Commission des Droits de l’organisation féminine du PCF, l’Union des femmes française, elle se mobilisa très activement sur la question des pensions alimentaires et sur la réforme des régimes matrimoniaux.Toujours dans la lignée de cet engagement, elle publia en 1996 « Laissez-nous libres. L’IVG, une conquête à défendre et à dépasser », un ouvrage rédigé sous forme d’entretiens avec une « jeune femme d’aujourd’hui » et préfacée par Marie-Georges Buffet qui revint sur « l’erreur » que fut l’opposition durable du PCF à la contraception. Dans ce livre, Monique Picard-Weyl revint, en tant qu’avocate et militante, sur l’histoire de l’interdiction de l’avortement, cette forme de « répression » singulière faite aux femmes, et sur la manière dont la maîtrise de la procréation et des naissances s’inscrivait dans un combat pour « la libération humaine ». Pourtant, et suivant en cela les orientations du mouvement communiste, Monique Picard-Weyl se disait « antiféministe », une manière de signifier que les rapports de domination homme-femme ne devaient pas se substituer à la lutte des classes, mais s’y intégrer.

Dans le même sens, l’autre grande cause défendue par Monique Weyl fut la paix. Signataire de l’appel de Stockholm, membre du Mouvement de la Paix dont elle intégra le conseil national, elle multiplia les interventions dans l’espace public pour défendre la Charte des Nations Unis, qui interdit le recours à la force dans les relations internationales. Son livre posthume, 60 ans après l’appel de Stockholm. Non à la guerre, Oui au bonheur, publié aux Éditions de L’Humanité, revint sur les mobilisations internationales pour la Paix mais dénonça également l’usage de l’arme nucléaire.

Avocate horaire et après 53 ans d’exercice, elle décéda brutalement, d’une crise cardiaque, en octobre 2009. À l’annonce de son décès, de nombreuses personnalités adressèrent des messages de sympathie à sa famille, comme l’avocate Nicole Dreyfus, pour laquelle elle fut « une militante inlassable de l’émancipation humaine » ou Marie-George Buffet qui écrivait : « Elle me manquera, ainsi qu’à tous les communistes et les démocrates. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178688, notice WEYL Monique [parfois PICARD-WEYL Monique, née PICARD Monique, épouse WEYL] par Vanessa Codaccioni, version mise en ligne le 24 avril 2016, dernière modification le 31 janvier 2021.

Par Vanessa Codaccioni

SOURCES : Arch. comité national du PCF, dossier Roland Weyl. — « Femmes : le Moyen-âge, et après ? », L’Humanité, 27 août 1996. — Lucien Degoy, « Monique Picard-Weyl, la part du droit », L’Humanité, 22 octobre 2009. — Carole Condat, « Roland et Monique Weyl, deux robes pour un même combat », L’Univers syndicaliste, n° 690, janvier 2010.

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