VÉRILLON Maurice

Par Gilles Vergnon

Né le 14 octobre 1906 à Lyon 2e arr. (Rhône), mort le 8 juin 2001 à Die (Drôme) ; pharmacien ; maire de Die de 1942 à 1944, puis de 1947 à 1974 ; sénateur socialiste de la Drôme de 1959 à 1980, conseiller général de Die de 1949 à 1979, président du Parc naturel régional du Vercors de 1976 à 1979.

Issu d’une famille modeste (père employé, Joseph, mère couturière, Joséphine Mesclon) d’un quartier ouvrier de Lyon, Maurice Vérillon, bon élève, présentait le profil du “boursier”. Après son baccalauréat, il poursuivit des études de pharmacie à Lyon, d’où il sortit, après un internat dans les hôpitaux de la ville, “pharmacien-chimiste de 1re classe”. Il renonça à une carrière de professeur de médecine à cause des premières atteintes de la tuberculose qui lui firent conseiller une résidence “au grand air”.
Installé à Die en septembre 1931, il reprit la pharmacie Fagot, la principale de la ville. Il se maria le 2 février 1937 à Lyon (7e arr.) avec Simone Girier. Il était correspondant local du Petit Daupinois. Mobilisé en 1939 à Briançon, il participa à la campagne de Norvège, qui lui valut une décoration. Evacué en Grande-Bretagne en juin 1940, il rentra en France, après un long périple par l’Afrique du Nord. Réputé comme notable “jouissant de l’estime générale” et “à l’écart des luttes politiques”, Maurice Vérillon fut nommé premier adjoint dans le nouveau conseil municipal installé le 31 janvier 1941 par les autorités préfectorales puis, après la démission du maire Marie Tardif, maire de Die le 5 septembre 1942. Ces fonctions lui furent reprochées à la Libération, où il fut décrété un temps inéligible. Selon son témoignage, faisant part au préfet de ses désaccords envers le régime de Vichy et de ses réticences à accepter les fonctions de maire, il se serait entendu répondre que celui-ci partageait ses sentiments, et qu’il valait mieux des hommes de son profil à la tête de la municipalité. Il s’interposa en tout cas efficacement pour éviter des représailles contre la population, lors de la brève occupation allemande de la ville, en juillet-août 1944, dans le cadre de l’offensive contre le maquis du Vercors. Maurice Vérillon démissionna de ses fonctions le 2 août 1944, et fut mobilisé dans la Première armée française, où il participa à la campagne d’Allemagne, puis en Indochine, d’où il revint au printemps 1946. De retour à Die, sollicité par des militants locaux, il adhèra à la SFIO sans doute fin 1946 ou début 1947, et conduisit la liste socialiste aux municipales de 1947, où il battit nettement la liste communiste du maire sortant, Fernand Richaud, la seule qui lui était opposée. Commence alors une longue carrière d’édile : réélu sans discontinuer jusqu’en 1971, il renonça à son mandat le 26 janvier 1974, continuant à siéger au conseil municipal, présidé par son successeur Marcel Bonniot, jusqu’en 1983. Parallèlement, il fut élu conseiller général en 1949, réélu jusqu’en 1979, et sénateur de 1959 à 1980. Il figura aussi sur les listes SFIO aux élections législatives en 1951, 1956 et fut candidat dans la circonscription de Die en novembre 1958.
Maurice Vérillon fut aussi un des premiers présidents du parc naturel régional du Vercors, de 1976 à avril 1979, puis “président d’honneur” jusqu’en mars 1995. Il présida aussi le comité départemental du tourisme de la Drôme.
Maurice Vérillon, qui détint avec Maurice Pic (voir ce nom), un des records de longévité parmi les socialistes drômois dans ses mandats, était d’avantage un “homme de terrain” qu’un politique. Il ne siégea d’ailleurs que tardivement (après 1961) et brièvement à la direction fédérale du parti et ne s’impliqua jamais dans les controverses internes. Il suivit néanmoins fidèlement l’orientation de sa formation politique, y compris dans l’accord avec les communistes. Décrit en 1952 par le sous-préfet de Die comme “excellent administrateur”, doté d’un “fort ascendant sur les maires de toutes nuances des cantons voisins” et entretenant “d’excellents rapports avec l’administration”, Maurice Vérillon, maire et sénateur honoraire a laissé un souvenir vivace à Die et dans le Diois. A l’origine de la création de nombreux équipements municipaux (piscine, abattoir, maison de retraite) et de l’implantation de la cave coopérative de la Clairette de Die, il intervint activement comme sénateur pour les zones rurales de son département. Rétrospectivement, il apparaît comme le digne successeur de Léon Archimbaud, conseiller général de Die de 1921 à 1940 et figure du radicalisme drômois, une continuité qu’il revendiquait d’ailleurs explicitement, à côté de ses constantes références républicaines : sa profession de foi pour les élections cantonales d’avril 1955 appelait ainsi à “conserver la place de choix acquise par le président Archimbaud”.
Maurice Vérillon était titulaire de la médaille de Norvège, de la médaille coloniale d’Extrême-Orient, de la croix de guerre TOE 1939-1945, officier de la Légion d’honneur et commandeur dans l’ordre du Mérite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178695, notice VÉRILLON Maurice par Gilles Vergnon, version mise en ligne le 21 février 2016, dernière modification le 25 décembre 2019.

Par Gilles Vergnon

SOURCES : Entretien avec Maurice Vérillon (8 septembre 1998). — Journal du Diois et de la Drôme. — Archives municipales de Die, 3D 93. — Arch. Dép. Drôme, 76/7 2 M18 et 518 W1. — Jean-François Robert, “Le conseil général de la Drôme 1945-1998. Entre traditions et ruptures”, Cahier de l’Institut Marius Moutet, 2, février 1998. — Le Dauphiné libéré, 9 juin 2001. — État civil.

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