YUSTE José

Par Alain Prigent

Né le 24 mars 1917 à Barcelone (Espagne), mort le 7 octobre 1998 à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) ; ouvrier carrier ; secrétaire de l’union départementale CGT des Côtes-du-Nord (1959-1983) ; membre du comité de la fédération des Côtes-du-Nord du PCF (1959-1974), conseiller municipal de Saint-Brieuc (1965-1971).

Né en 1917 à Barcelone, José Yusté Martinez adhéra à la jeunesse communiste et au parti communiste catalan à l’âge de 14 ans. À 19 ans, il abandonna ses études de médecine pour s’enrôler dans les milices armées afin de défendre la jeune République espagnole. Commandant dans la 43e division à Barcelone, il poursuivit son travail d’organisation des communistes catalans. Au moment de la chute de la République, son unité se trouvait à la frontière franco-espagnole en janvier 1939. Réfugié en France le 14 février 1939, il connut les camps de Barcarès et de Collioure (Pyrénées Orientales). Prisonnier au camp de Barcarès de février à septembre 1939, il se s’engagea à Troyes (Aube) au 84e régiment d’artillerie à Troyes en septembre 1939 puis jusqu’en juin 1940 à la 43e compagnie des tirailleurs étrangers. En juin 1940, il fut fait prisonnier à Dijon puis transféré en Belgique. Emprisonné en Allemagne à partir du 19 juillet 1940 pour toute la durée du conflit, il fit deux tentatives d’évasion mais sans succès.

À la Libération, il revint en France où il rencontra celle qui devint son épouse, Odette, d’origine bretonne, qui lui donna six enfants. Il obtint la citoyenneté française en 1950. Il fut embauché au sein de l’entreprise Gorginot du Val-André où il effectuait de fréquents déplacements qui le contraignirent à renoncer à poursuivre des études de médecine commencées en Espagne. En 1948, il trouva un emploi de carrier à la Carquois, aux carrières de l’Ouest en Pléhérel (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor) qui fut le premier établissement à appliquer la convention collective des carrières et matériaux alors qu’elle n’était pas encore applicable sur tout le territoire. Il fut un syndicaliste actif qui accéda rapidement au bureau syndicat CGT du bâtiment de Pléhérel puis à la commission administrative de l’union départementale CGT des Côtes-du-Nord en 1953. En 1957 après une vaine tentative d’implantation de FO et de la CFTC, le patron, furieux, licencia José Yusté qui se retrouva au chômage avec six enfants à élever. En 1959, il travailla au Comptoir de Montrouge sur le grand chantier de la construction du barrage sur la Rance. C’est à cette période que Marcel Alory, un des dirigeants de la fédération communiste des Côtes-du-Nord, originaire de Plurien, localité proche de Pléhérel, lui signala les difficultés rencontrées par l’union départementale CGT des Côtes-du-Nord, en particulier face à une CFTC en pleine reconquête du monde ouvrier. Yusté accepta de devenir l’un des secrétaires pour seconder François Le Garignon, secrétaire général de l’union départementale, à la peine après 8 années passées à la tête de l’organisation. En car, à pied, en vélo, sur les chantiers de tout le département (bâtiment et carrières) il organisa les salariés, les aida à formuler leurs revendications, discuta des actions nécessaires. Il devint un dirigeant redouté mais respecté du patronat. En 1960, il prit une grande part dans le combat des métallos des Côtes-du-Nord. Au congrès annuel, l’union comptait 2000 adhérents supplémentaires. En 1961 il tomba malade, victime d’une silicose, ce qui ne l’empêcha pas d’être sur le terrain pendant la grève à la SABEM à Trémuson. A la même période, il fit appel à Robert Daniel*, un métallo de Sambre-et-Meuse, pour lui prêter main-forte. En 1968, il joua un rôle important dans le développement des grèves. Dans le secteur des brosseries, il signa la première convention collective qui servit de référence pour la convention nationale. Elu conseiller prud’homal de 1964 à 1982, il devint président du conseil des prud’hommes de Saint-Brieuc. En 1985, lorsqu’on lui remit la médaille d’or des prud’hommes, un des élus « employeurs » déclara devant l’assemblée que ce qu’il avait appris dans le domaine prud’homale, il le devait à José Yusté. Dans le même temps, il fut élu au conseil d’administration de la caisse d’allocations familiales des Côtes-du-Nord le 17 novembre 1955, dont il devint l’un des vice-présidents. Il fut ré-élu à cette responsabilité en 1962. Il siégea au secrétariat de l’union départementale CGT pendant 25 ans de 1959 à 1983. Parlant 5 langues, doté d’une grande culture et d’une ouverture d’esprit reconnu par tous, même dans les rapports des RG, il fut un permanent apprécié par les syndiqués CGT et par les ouvriers costarmoricains. Il fut aussi administrateur de l’AFPA, et de l’office des HLM. Membre du PCF, il siégea au comité fédéral de 1959 à 1974, en particulier à la commission de contrôle financier de 1959 à 1961 et de 1965 à 1968. Ses interventions étaient toujours très écoutées. Lorsque le scrutin municipal de 1959 fut invalidé à la suite d’une intervention de l’Evêque de Saint-Brieuc, José Yusté fut candidat sur la liste d’union républicaine présentée par le PCF au premier tour le 19 août 1962. Au second tour, il ne figura pas sur la liste d’union conduite par le PSU Antoine Mazier qui emporta l’élection. En mars 1965, Yusté fut élu au conseil municipal de Saint-Brieuc sur la liste d’union dirigée par le PSU Yves Le Foll.
Son gendre Jean-Guy Le Berre est un des dirigeants les plus influents depuis 40 ans de l’actuelle fédération du PCF des Côtes d’Armor.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178810, notice YUSTE José par Alain Prigent, version mise en ligne le 28 février 2016, dernière modification le 7 mars 2016.

Par Alain Prigent

SOURCES : Arch. dép. des Côtes d’Armor, 48W76 (Elections prud’homales 1966) ; 46W36 (notes des RG en 1959). — Archives nationales du PCF, dossier des membres du comité fédéral de la fédération des Côtes-du-Nord. Fichier des membres du comité fédéral de la Fédération des Côtes-du-Nord du PCF établi par Gilles Rivière. — Archives de l’UD CGT des Côtes d’Armor. — Carnets du syndicat des carriers de Pléhérel (1952-1959). — L’Aube Nouvelle. — Ouest-Matin. Une semaine dans les Côtes-du-Nord, supplément de l’Humanité Dimanche. — Allocution de Claude Plaquin, secrétaire général de l’UD-22, lors de ses obsèques civiles le 11 octobre 1998.

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