DAVID-BEAUREGARD (de) Andrée, [pseudonymes dans la clandestinité : "Dominique", "Odette"]

Par Hélène Chaubin

Née le 9 septembre 1915 à Toulon (Var), blessée par les Allemands au col de Peytafi et morte à Faugères (Hérault) le 21 août 1944 ; infirmière ; résistante dans les Bouches-du-Rhône, puis dans l’Aveyron et l’Hérault ; agent de liaison d’un maquis de Saint-Affrique (Aveyron).

Plaque commémorative en l’honneur d’Andrée de David-Beauregard
Plaque commémorative en l’honneur d’Andrée de David-Beauregard

Andrée de David- Beauregard est née en Provence dans une famille dont la noblesse était attestée depuis le XIe siècle. Son père, le comte Stanislas, né en 1880, était officier de marine. Sa mère était née Cécile de Boutiny en 1884. Tous deux, mariés en 1903, avaient déjà eu 6 enfants avant Andrée et en eurent encore 5 autres après elle. La famille était de tradition catholique, militaire et royaliste. Un héritage reçu en 1925 assura sa fortune. Une grande propriété revint au père d’Andrée qui désormais s’y consacra. À partir de 13 ans, Andrée de Beauregard fut confiée aux sœurs de l’Assomption à Cannes (Alpes-Maritimes) puis à Montpellier (Hérault). Elle y acheva en 1934 ses études secondaires. Peu disposée à se soumettre aux fortes disciplines de sa famille, elle chercha à acquérir son indépendance en devenant infirmière. Elle put suivre les cours de l’école de la Croix-Rouge de Hyères (Var).

C’est en 1937 qu’elle quitta Hyères pour Paris, avec une amie « Dorothy », qui était la fille d’un expert-comptable de Montpellier, et avait reçu une éducation beaucoup plus libérale qu’Andrée de Beauregard. Toutes deux fréquentèrent les artistes de Montparnasse. Andrée travailla quelque temps dans une clinique de la capitale. Quand la guerre débuta, en septembre 1939, elle s’engagea dans la Société de secours aux blessés militaires de la Croix-Rouge, puis en février 1940 dans les Sections sanitaires automobiles féminines (la SSAF). Aussi fut-elle envoyée en avril 1940 vers un hôpital du front à Bar-le-Duc (Meuse). L’avancée des Allemands fit reculer rapidement les lignes françaises. Après quelques jours à l’hôpital Royallieu près de Compiègne (Oise) où régnait la panique et où l’aviation allemande faisait d’énormes dégâts, la SSAF le 8 juin, gagna Beauvais (Oise) prise dans la tourmente des combats et de l’exode. Puis ce fut la fuite devant les forces allemandes jusqu’à Sarzeau (Morbihan) sur la côte bretonne. Les infirmières étaient prisonnières. La Croix Rouge obtint leur libération.

Andrée de Beauregard fit alors un choix courageux : retourner à Royallieu réservé à l’accueil des prisonniers de guerre, Français et Anglais. L’hôpital était alors devenu un stalag. Rétablis, les prisonniers étaient envoyés en Allemagne. Andrée de Beauregard travailla avec donc avec une filière d’évasion. Découverte, promise à la Cour martiale, elle parvint à s’enfuir. C’est en mars 1941 qu’elle réussit à passer en zone libre.
À Hyères, son père, ancien président départemental de l’Action française, pétainiste (et germanophobe), venait d’être placé à la tête de l’équipe municipale. Son expérience récente dans le nord du pays et sa vision de la situation politique, sa réaction au drame de Mers El-Kébir qui révoltait son père, tout mettait Andrée de Beauregard en discordance avec le milieu familial. Elle repartit en avril pour Marseille où se trouvait son amie Dororhy et obtint un poste dans une clinique. Avec l’occupation totale de la France à partir de novembre 1942, ce sont les Allemands qui exercèrent sur Marseille, une dure répression qui frappa en particulier des milliers de juifs. Andrée de Beauregard eut l’opportunité d’un contact avec un réseau de renseignement britannique, le réseau Carte, à la fin de 1943, quand on l’appela pour des soins à un parachutiste anglais. Désormais elle fit un travail d’observation du dispositif militaire allemand dans la région. Elle fut arrêtée à la fin de mai 1944 mais libérée faute d’éléments probants.

Elle quitta Marseille pour l’Aveyron alors que le débarquement en Normandie avait eu lieu et que les maquis obéissaient aux ordres de sabotage des moyens de communication. À Saint-Affrique, elle prit un nouvel emploi à l’hôpital lui servant surtout de couverture, et un pseudo, "Odette ". Elle était sur le territoire d’un maquis qui avait fédéré plusieurs petits groupes de résistants : le maquis Paul Claie (AS). Désormais elle fut son agent de liaison sur un espace qui s’étendait du sud de l’Aveyron à l’ouest héraultais, la région R3-2. Elle eut le contact, au maquis du Vernazoubre, avec le jeune Louis Marres, et avec les mineurs de Graissessac (Hérault) particulièrement actifs dans les opérations de sabotages. Ils ne la connaissaient que sous son pseudo « Odette ».
Son nom figure sur l’une des 3 stèles sur la route de Bédarieux à Béziers, territoire de Faugères.
Elle reçut plusieurs décorations posthumes : chevalier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 1939-1945 avec palme (nomination à titre posthume du 28 novembre 1944), citation à l’ordre de l’Armée du 4 septembre 1945.
L’odonymie honore aussi sa mémoire : une avenue de Hyères (Var) porte le nom d’Andrée de David-Beauregard depuis le 14 février 1945.
Voir : Lieu d’exécution du Col de Peytafi, Faugères (Hérault).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article178948, notice DAVID-BEAUREGARD (de) Andrée, [pseudonymes dans la clandestinité : "Dominique", "Odette"] par Hélène Chaubin, version mise en ligne le 3 mars 2016, dernière modification le 17 juillet 2022.

Par Hélène Chaubin

Plaque commémorative en l'honneur d'Andrée de David-Beauregard
Plaque commémorative en l’honneur d’Andrée de David-Beauregard
Stèle en l'honneur d'Andrée de David-Beauregard sur les lieux de son exécution
Stèle en l’honneur d’Andrée de David-Beauregard sur les lieux de son exécution

David-Beauregard (de) Andrée, [pseudonymes dans la clandestinité : "Dominique", "Odette"]

SOURCES : SGA (Secrétariat général pour l’Administration - Mémoire des hommes). ⎯ Arch. municipales Hyères, « 1939-1945. Nos rue témoignent ». — Mémorial Genweb. — Thomas Rabino, Le réseau Carte, Histoire d’un réseau de la Résistance antiallemand, antigaulliste, anticommuniste et anti collaborationniste, Paris, éditions Perrin, 2008, 398 p.. — Christian Font et Henri Moizet, Maquis et combats en Aveyron, Toulouse, CRDP Midi-Pyrénées, 1995, 253 p. — A.N.A.C.R. .Aveyron, Mémorial du Rouergue en Résistance, Rodez, imprimerie La Ruthénoise, 1991, 120 p. — François Mouteyres, Dédée, un secret de famille, un destin français, Forcalquier, Éditions Fannyo, 2014, 190 p. — Deux livres de souvenirs, actuellement introuvables, ont été écrits. L’un d’eux par une sœur d’Andrée de Beauregard : Souvenirs de famille, d’Hélène de David-Beauragard, 1970, 230 p. cité sur internet : site Geneanet.org. ; l’autre de Chantal de Villemagne, Stanislas et Cécile, 1880-1960, Textes et Prétextes, 2003, 127 p. — Dedée un secret de famille un destin français, Éditions Sillages, Marseille, juillet 2011. — renseignements Jean-Marie Guillon.

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