TOUCAS Edmond, Maurice, Médard

Par Gérard Leidet, Patricia Toucas-Truyen

Né le 8 juin 1925 à Méounes-les-Montrieux (Var), mort le 17 novembre 2002 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) ; ouvrier traceur-chaudronnier ; militant syndicaliste, secrétaire général de l’union locale-CGT d’Aix-en-Provence (1954-1983) ; militant du Parti communiste français (1945-1998) ; militant mutualiste.

Edmond Toucas, le 1er mai 1972, place de la Mairie, à Aix-en-Provence.
Edmond Toucas, le 1er mai 1972, place de la Mairie, à Aix-en-Provence.

Son père, Louis Toucas (1902-1972), était agriculteur, puis devint gendarme ; sa mère, Magdeleine Teisseire (1905-1985), sans profession, s’occupait du foyer. Ses parents, catholiques tous les deux, assurèrent une éducation religieuse à leurs enfants (une sœur, Jeanne, naquit en 1927) ; Edmond demeura par la suite agnostique.

Il fréquenta l’école primaire de Méounes puis de La Seyne-sur-mer (Var) où il obtint le certificat d’études primaires et entra dans la vie active en 1939, après avoir prolongé sa scolarité au cours complémentaire.

De 1939 à 1942, il fut ouvrier traceur-chaudronnier aux Forges et chantiers Méditerranée à La Seyne-sur-mer. En 1943, il rejoignit l’entreprise de construction et réparation navales Terrin qui employait environ 1400 personnes à Marseille et y resta jusqu’en 1948.

Sous l’Occupation, en 1942, Edmond Toucas s’engagea dans la Résistance dans les Jeunesses communistes (JC) clandestines. Son action consistait à organiser les jeunes de l’entreprise Terrin en vue de sabotages. Ayant pris contact avec la CGT clandestine après les accords du Perreux, il adhéra en 1943 à un syndicat légal pour y faire de l’entrisme, et participa aux grèves de 1944. Il fut arrêté à deux reprises, en 1943 et 1944. Le 23 août 1944, lors de la libération de Marseille, il participa à la prise de la Casa d’Italia. À cette occasion, il fit la connaissance de Lucien Molino. Il occupa alors des responsabilités au sein du collectif des Forces unies des jeunesses patriotiques (FUJP), au comité national des jeunes syndiqués CGT. Il fut également délégué au comité d’entreprise à Terrin.

Suite aux grèves de 1947-1948, Edmond Toucas fut licencié de l’entreprise Terrin, en même temps qu’une vingtaine de délégués syndicaux. Il travailla dans divers ateliers de construction navale à Marseille, mais se consacra surtout au militantisme syndical, ce qui lui valut d’être fréquemment renvoyé. Il fut désigné par le syndicat CGT de la métallurgie marseillaise pour s’occuper des problèmes juridiques et plaider dans les conseils de prud’hommes. En 1948, il participa avec la délégation des Bouches-du-Rhône à la Première Conférence internationale des jeunes travailleurs à Varsovie. Il y fut chargé de prononcer un discours sur le plan Marshall au nom de la CGT. Il fut ensuite responsable du collectif des délégués des Bouches-du-Rhône au Festival international de la jeunesse de Berlin en 1951, puis à celui de Bucarest en 1953. En 1948 toujours, sur le plan politique, il suivit les cours de l’école du PCF de la fédération de la métallurgie à Viroflay. L’année suivante, en 1949, il compléta sa formation militante à l’école centrale de la jeunesse à Gif-sur-Yvette (Seine-et-Oise, Essonne).

En 1953, Edmond Toucas devint permanent syndical CGT de la métallurgie marseillaise. À cette époque, le secrétaire du syndicat des Métaux et de la Bourse du Travail d’Aix-en-Provence, Charles Belgrand (1919-1954), ex-confédéré, prit sa retraite. L’union locale d’Aix demanda à l’UD de lui envoyer un nouveau permanent (« même communiste », était-il précisé). Lucien Molino désigna Edmond Toucas qui devint le nouveau secrétaire général de l’union locale d’Aix. Il occupa ce poste jusqu’à son licenciement pour raison économique en 1983.

En tant que permanent syndical, Edmond Toucas prit une part active à toutes les grèves et manifestations organisées à Aix, tant sur le terrain social que politique (notamment pour l’indépendance de l’Algérie). En 1968, afin de favoriser les rencontres entre intellectuels et ouvriers, il organisa à l’union locale, contre l’avis de l’UD, une « école syndicale » pour les étudiants. Cette école, qui devait aider à la constitution de l’UNEF-Renouveau, fonctionna pendant la durée des événements.

Ses responsabilités au PCF furent « équivalentes » (« comme il se devait pour un responsable d’une organisation de masse » disait-il) à celles qu’il occupait à la CGT. Il fut alors secrétaire de la section d’Aix du PCF, succédant notamment à l’intellectuel communiste Georges Mounin, pseudonyme de Louis Leboucher, professeur et linguiste, secrétaire de la section en 1945-1946. De 1956 à 1962, il fut membre du comité fédéral des Bouches-du-Rhône et assista en 1956 au 14e congrès au Havre.

Au milieu des années cinquante, la CGT, et plus particulièrement Lucien Molino, l’incitèrent à s’engager dans la voie mutualiste. Une caisse dite « Le travail » vivotait alors à l’UL d’Aix, avec quelques dizaines d’adhérents. Edmond Toucas la transforma en section mutualiste CGT « Mutuelle des travailleurs aixois », dont l’effectif atteignit rapidement 420 adhérents. La section aixoise adhéra à la Fédération nationale des mutuelles ouvrières (FNMO) en 1960. Il écrivit alors régulièrement dans La vie mutualiste lancée par Lucien Molino en 1953.

Après avoir été licencié de la CGT en 1983, Edmond Toucas se consacra entièrement à cette mutuelle, devenue en 1986 « La mutuelle provençale du pays d’Aix ».

Il avait rédigé des articles pour La Provence nouvelle à la Libération, et très souvent pour le journal La Marseillaise d’orientation communiste, fondé en décembre 1943 de la volonté du Front national région sud de se doter d’un organe de presse. Les colonnes de La Marseillaise lui furent cependant fermées au début des années 1980, en raison de son « évolution critique », et ce malgré une participation à la campagne pour les élections municipales d’Aix en 1983 sur une liste de gauche. Celle-ci, conduite par Yves Kléniec obtint 6 964 suffrages (13,86 % des voix) tandis que la liste du PS menée par M. Rozan, obtenait 13 655 voix (27,18%). Il exprima alors « un regret permanent de débats pas toujours approfondis, tant au PCF qu’à la CGT, et l’abus de directives obligatoirement applicables. » Malgré tout, il demeura adhérent du PCF jusqu’en 1998.

Edmond Toucas s’était marié en 1954 avec Émilie Terzian, fille de réfugiés arméniens, ouvrière, alors militante à la CGT et à la Jeunesse arménienne de France (JAF), puis infirmière psychiatrique. Le couple eut trois enfants, nés en 1955, 1957 et 1961.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179043, notice TOUCAS Edmond, Maurice, Médard par Gérard Leidet, Patricia Toucas-Truyen, version mise en ligne le 6 mars 2016, dernière modification le 29 avril 2016.

Par Gérard Leidet, Patricia Toucas-Truyen

Edmond Toucas, le 1er mai 1972, place de la Mairie, à Aix-en-Provence.
Edmond Toucas, le 1er mai 1972, place de la Mairie, à Aix-en-Provence.

SOURCES : Arch. de la fédération des Bouches-du-Rhône du PCF. – Arch. de la Bourse du Travail d’Aix-en-Provence. – Renseignements fournis par le militant et sa famille. – Notices Charles Belgrand et Georges Mounin par Antoine Olivesi in DBMOF.

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