LAHUEC Joseph, Guillaume

Par Daniel Grason

Né le 25 février 1904 à Bannalec arrondissement de Quimper (Finistère), tué le 21 août 1944 place Saint-André-des-Arts à Paris (Ve arr.) ; cultivateur, commis livreur, palefrenier, gardien de la paix ; F.F.I.

Fils de Joseph et de Catherine, née Lancien, cultivateurs, Joseph Lahuec alla à l’école à l’âge de huit ans, à treize ans il obtint le CEP. Membre d’une fratrie de sept enfants, il travailla à la ferme familiale d’une surface de 35 hectares jusqu’à son départ au service militaire le 10 mai 1925 au 31e Régiment d’infanterie. Libéré le 8 mai 1926 il retourna travailler à la ferme jusqu’au 26 novembre 1927.
Il quitta la Bretagne pour Paris, logea 152 rue Nationale (XIIIe arr..), débuta comme commis livreur aux Services rapides et messageries Cavier, 24 rue du Caire (IIe arr.), travailla le 9 janvier 1928 comme palefrenier aux Messageries Nationales avenue Claude-Vellefaux (Xe arr.). Le 10 janvier 1928 il sollicita un emploi de gardien de la paix dans une lettre au préfet de police, il habitait 21 rue Vic-d’Azir (Xe arr.).
Il reçut une réponse positive, commença le 7 mars 1928, sa carrière de gardien de la paix se déroula sans accroc. Joseph Lahuec était réputé comme « un gardien expérimenté, consciencieux, actif sur la voie publique et discipliné ». Il exerça son métier dans le XIXe arrondissement de Paris, en décembre 1937 il fut affecté au commissariat de Sceaux (Seine, Hauts-de-Seine). Il s’était marié le 4 juin 1930 à Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) avec Françoise Marion, puis il épousa en secondes noces Lucienne Buissière le 31 août 1940 à Sceaux (Seine, Hauts-de-Seine), le couple habita 21 rue Édouard-Vaillant à Châtenay-Malabry (Seine, Hauts-de-Seine), trois enfants naquirent.
En janvier 1944, il entra dans un groupe de résistants de la police. Le 20 août 1944, le groupe fut chargé de récupérer des armes dans un dépôt appartenant aux allemands au Fort de Verrières-le-Buisson (Seine-et-Oise, Yvelines). Les sept mitrailleuses et les munitions étaient chargées dans un véhicule, direction probable la préfecture de police sur l’Ile de la Cité à Paris (IVe arr.) où les policiers étaient ou allaient entrer en résistance.
Vers 11 heures 30, le véhicule passaient place Saint-André-des-Arts (VIe arr.) à deux cents mètres de la préfecture de police, des soldats intimaient l’ordre de s’arrêter. Les F.F.I. quittèrent précipitamment l’automobile pour se réfugier dans les immeubles avoisinants, Joseph Lahuec se précipita dans un couloir de l’immeuble du 11 place Saint-André-des-Arts, il fut mortellement atteint d’une balle dans la tête tiré par un jeune soldat allemand. Poursuivit par le jeune F.F.I. Alphonse Boudard : « Sans hésiter, jeune clebs, je me suis lancé à la poursuite du Fritz… sauté par-dessus le corps de ce Joseph qui vient de tomber… je ne réfléchis pas, je fonce dans l’escalier ». Le soldat se réfugia dans le dernier étage d’un immeuble… et se suicida.
Des hommes transportèrent le corps de Joseph Lahuec au poste de secours de l’École de médecine (VIe arr.). En cette période estivale, son épouse et les trois enfants séjournaient dans le Finistère, le beau-père de Joseph Lahuec, Charles Buissière qui habitait Sceaux vint reconnaître le corps. Il se chargea de toutes les formalités, l’acte de décès de Joseph Lahuec a été enregistré en mairie du Plessis-Robinson (Seine, Hauts-de-Seine), ses obsèques se déroulèrent à Sceaux (Seine Hauts-de-Seine).
Déclaré « Victime du devoir », Joseph Lahuec fut nommé brigadier, cité à l’Ordre de la Nation (JO du 20 décembre 1944), et décoré de la Légion d’Honneur (JO du 3 janvier 1945). Le ministère des Anciens combattants lui attribua la mention « Mort pour la France », et l’homologua F.F.I., Il fut également homologué membre de la Résistance Intérieure Française (F.F.I.). La préfecture de police nomma un tuteur pour les trois enfants.
Le nom de Joseph Lahuec a été inscrit sur les monuments aux morts de Châtenay-Malabry et du Plessis-Robinson, sur la liste des Morts pour la Libération de Paris au Musée de la Police, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, (Ve arr.), enfin une plaque a été apposée sur la façade de l’immeuble 11 place Saint-André-des-Arts.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179211, notice LAHUEC Joseph, Guillaume par Daniel Grason, version mise en ligne le 11 avril 2016, dernière modification le 1er février 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. KC 20. – SHD, Caen AC 21 P 68158. – Bureau Résistance : 331372. – Christian Chevandier, Été 44. L’insurrection des policiers de Paris, Éd. Vendémiaire, 2014, p. 251-253. – Alphonse Boudard, Les Combattants du petit bonheur, Paris, La Table Ronde, 1977. – Site internet GenWeb. — État civil

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. et Grason Daniel

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