TAULELLE Jacques, Edmond

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 10 avril 1918 à Alès (Gard), fusillé sommaire le 12 juin 1944 à Neuville-sur-Saône (Rhône) ; contrôleur des Assurances sociales ; résistant dans l’Armée secrète (AS) du Gard puis agent du réseau Résistance-Fer à Nîmes (Gard) et à Lyon (Rhône).

Il était le fils d’Edmond Paul, architecte, et de Lydie Vincent. Il exerçait la profession de contrôleur des Assurances sociales et demeurait à Alès (Gard), 8 chemin des Pins. En 1943, il résida à Nîmes (Gard), chez Madame Molines, Caisse départementale des assurances sociales, 40, boulevard Victor Hugo.

Il fut mobilisé en mars 1939 et affecté au 81e régiment d’infanterie alpine. Fait prisonnier à Saint-Valery-en-Caux (Seine-Maritime) en juin 1940, il fut interné au stalag VIC et s’évada d’Allemagne en juillet 1942.

En septembre 1942, Jacques Taulelle entra dans le mouvement Combat à Alès. En tant qu’adjoint de René La Combe, chef de l’AS de l’arrondissement d’Alès, puis comme chef de ce même arrondissement, il participa à l’organisation de l’AS dans sa région et à la formation des premiers maquis des Cévennes. Il recruta des résistants et cacha de nombreux réfractaires. Il fut agent de liaison régional entre l’AS du Gard et les maquis des Cévennes. Il fut également chef d’équipe des corps francs, agent du service de renseignement des Mouvements Unis de la Résistance et il prépara les terrains de parachutage. Recherché par la Gestapo à Alès, Jacques Taulelle rejoignit le réseau Résistance-Fer à Nîmes en août 1943. Sous le pseudonyme de Cavalier, il devint secrétaire de René La Combe, responsable Résistance-Fer de la zone sud. Après l’arrestation, le 20 novembre 1943, de René La Combe et du chef régional de Marseille, Jacques Taulelle partit à Lyon (Rhône) où il devint secrétaire de Résistance-Fer en Zone sud.

Arrêté par la Gestapo à Lyon le 13 mars 1944, il fut interné à la prison de Montluc (Lyon).
Le 12 juin 1944, vers 18h, Jacques Taulelle, deux de ses camarades du réseau Résistance-Fer, Roger Bossé et André Ouagne, et vingt autres prisonniers furent extraits de la prison de Montluc. Sous prétexte de les échanger contre d’autres détenus, les Allemands les entassèrent dans une camionnette, menottés deux par deux. Quatre soldats armés prirent place à l’arrière du véhicule pour les surveiller. Des hommes en civil et en uniforme, dont un agent français de la Gestapo, montèrent dans trois voitures. On imposa le silence aux prisonniers. Le convoi sortit de Lyon. Jacques Taulelle, menotté avec Roger Bossé, murmura « nous sommes foutus ». Roger Bossé lui répondit par un serrement de doigts, le fixant avec un sourire. Le convoi s’arrêta vers 18h45 à Neuville-sur-Saône (Rhône), devant une carrière située sur la route de Civrieux (Ain), à 3 km environ du centre. Jacques Taulelle, ses deux camarades et huit autres détenus furent jetés hors de la camionnette à coups de pied et de poing. Ils furent détachés et menés à 200 mètres de distance, dans un lieu isolé situé Montée du Parc (nommée anciennement Montée de la Chaumière). Ils durent se coucher à plat ventre dans un sentier. Roger Bossé et Jacques Taulelle se dirent adieu. Vers 19h40, le peloton d’exécution formé d’une dizaine d’hommes tira des rafales de mitraillettes. Puis, les victimes reçurent le coup de grâce. Roger Bossé fut frappé d’une balle, en haut de la poitrine, du côté droit, tout près du cou. Plus tard, il comprit que cette balle avait traversé au préalable la tête de Jacques Taulelle. Vint ensuite le tour des douze autres prisonniers. Ils furent conduits dans un pré, à peu de distance, et furent exécutés selon les mêmes modalités. André Ouagne, seulement blessé, décéda dans la nuit à l’hôpital de Neuville-sur-Sâone. Roger Bossé, seul rescapé, se réfugia dans une ferme. Les corps furent découverts le soir même par les autorités locales. Le 13 juin, les vingt-deux victimes furent numérotées, photographiées et inhumées dans le cimetière de Neuville-sur-Saône.

Le corps de Jacques Taulelle fut reconnu par son père le 11 octobre 1944. Il fut inhumé à Alès en novembre 1944.

Sur proposition du ministre, Jacques Taulelle fut décoré de la Médaille de la Résistance en 1945 et de la Rosette de la Résistance en 1946. Il reçut la Croix de guerre avec citation à l’ordre du corps d’armée en 1946. La mention Mort pour la France fut inscrite en marge de son acte de décès en 1948. Une allée porte son nom à Nîmes. Un square porte son nom à Alès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179295, notice TAULELLE Jacques, Edmond par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 16 mars 2016, dernière modification le 5 septembre 2017.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Jacques Edmond Taulelle.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W14, 3460W3, 3808W1078.— Arch. Nat., Pierrefitte-sur-Seine, 72AJ/74 (témoignage de René Lacombe et historique du NAP-Fer par André Plaisantin).— CHRD, Lyon, ar. 1816 (dossier de René Louis Delorieux).— Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours, 2824 engagements, 2003.

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