BORNET Camille, Philippe

Par Annie Pennetier

Né le 24 avril 1896 à Champlémy (Nièvre), exécuté par les Allemands le 9 juin 1944 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) ; prêtre.

Camille Bornet abbé martyr
Camille Bornet abbé martyr

Camille Bornet était le fils d’Auguste Jacques et d’Adélaïde Lussier. Sous-officier à la 3e compagnie de mitrailleuses du 70e régiment d’infanterie, il eut pour mission de protéger avec sa section de mitrailleuses le retraite du bataillon et lutta jusqu’à la dernière cartouche servant lui-même à découvert une pièce dont les servants étaient tombés. Capitaine de réserve, prisonnier de la Première Guerre mondiale, il avait été décoré de la Médaille militaire et de la croix de Guerre 1914-1918. Ordonné prêtre en décembre 1924, à Nevers, il fut nommé d’abord vicaire de Decize (Nièvre), puis curé dans le Morvan à Glux-en-Glenne et de Saint-Prix (Nièvre) en octobre 1930. Fait prisonnier en 1940, il fut libéré en tant qu’officier de la guerre précédente. Il était revenu dans sa paroisse en 1942. Le 31 mai 1944, la police allemande de Nevers l’arrêta et l’emmena dans ses locaux de la rue Félix-Faure (aujourd’hui rue Paul-Vaillant-Couturier). Il fut arrêté pour avoir porté la communion à des maquisards. Deux jours après son arrestation, il fit passer un billet à ses proches : « Suis victime dénonciation grave et mensongère, aggravée par déposition fausse… Que volonté de Dieu soit faite. Suis courageux dans souffrances et prévisions. Écrivez à maman. Dites-lui ma tendresse infinie ». Son frère René, intervint auprès du chef de la Gestapo de Nevers mais en vain, la réponse « Votre frère est beaucoup plus dangereux qu’un terroriste ordinaire, il avait une grande influence morale. Il s’est rendu dans un camp de maquis pour porter la communion, il a, de ce fait, donné un réconfort moral à un grand nombre de ces bandits ! » et de plus il jugeait que l’abbé lui répondait avec « une crânerie, une vigueur, une fierté intolérables, à tel point qu’il s’était vu dans la nécessité de le gifler ». Le 6 juin, Camille Bornet fut conduit dans les geôles chalonnaises, rue d’Autun. Le personnel de la prison témoigna que « pendant quarante-huit heures, il était resté dans le coma, la poitrine défoncée, les épaules meurtries, et perdant le sang par la bouche, le nez et les oreilles ». Le 9 juin, un infirmier allemand mit fin à l’agonie « par plusieurs piqûres en plein cœur ».
Le chanoine Guynot, dans une publication catholique de juin 1945, évoquait « un homme intelligent et énergique. Sa situation dans le Haut-Morvan où, peu à peu, se concentrait le maquis, l’exposait à tous les risques. Lui, ne voulait y voir qu’une invitation providentielle à se dévouer en prêtre, en prêtre français ».
Il est inhumé dans l’église paroissiale, à Glux-en-Glenne.
Reconnu « Mort pour la France », il a été homologué au grade de capitaine FFI.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Glux-en-Glenne où une stèle a été érigée en son honneur.
Un grand hommage lui a été rendu en août 2014.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179411, notice BORNET Camille, Philippe par Annie Pennetier, version mise en ligne le 29 avril 2016, dernière modification le 12 décembre 2020.

Par Annie Pennetier

Camille Bornet abbé martyr
Camille Bornet abbé martyr

SOURCES : Jean-Claude Martinet Histoire de l’Occupation et de la Résistance dans la Nièvre 1940-1944 Éd.universitaires de Dijon, 2015. — MemorialGenweb.— Des Morvandiaux de l’ombre à la lumière, Mérignac, 2011. — Journal du Centre, août 2014, article de Jean-Christophe Henriet.

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