Par Jacques Girault
Née le 13 avril 1936 à Paris (XXe arr.) ; institutrice ; militante syndicaliste ; militante communiste en Seine-et-Marne, à Paris, en Seine-Saint-Denis, dans les Hauts-de-Seine ; militante associative ; conseillère municipale de Nanterre (Hauts-de-Seine)
Son père, Georges, né en 1907 à Paris (XXe arr.), fumiste et maçon, et sa mère, Henriette, née en 1909 à Paris (XXe arr.), manutentionnaire dans une usine métallurgique, habitaient Romainville (Seine) où son oncle Marcel Kermann était conseiller municipal communiste.
Son père, communiste, arrêté en 1939, fut condamné à trois mois de prison au moment de la signature du pacte germano-soviétique. Après sa libération, au retour du front, il refusa d’être démobilisé. Entré dans la clandestinité avec son épouse, il participa à la réorganisation des syndicats du Bâtiment pour lutter contre l’occupant par le sabotage des productions de guerre. Revenu en mai 1944 à Paris, il organisa, avec ses camarades du syndicat et les FTP, la libération de l’Est de Paris et sa banlieue, prenant d’assaut avec son frère et son beau-frère la Bourse du Travail, rue du Château d’Eau et la caserne du Prince Eugène place de la République.
Sa mère, Henriette Kermann, membre du Comité mondial des Femmes contre la guerre (Amsterdam-Pleyel), adhéra au Parti communiste à la suite de l’exécution de Gabriel Péri. Participant à l’organisation des luttes de femmes et de mères, arrêtée le 2 mars 1942 en présence de sa fille, emprisonnée à la Petite Roquette, elle fut condamnée à cinq ans de travaux forcés le 27 juillet 1942 par la Cour spéciale de justice, et emprisonnée à Fresnes puis à la Maison centrale de Rennes (Ille-et-Vilaine). Au cours du transfert dans cette dernière, en liaison avec les FTPF et le Front national, en gare de Montparnasse, elle participa à l’organisation de l’évasion de Madeleine Marzin. En mai 1944, avec les résistantes livrées à l’occupant nazi et internées au fort de Romainville, déportée à Ravensbruck, elle se retrouva à Zwodau en Bohème dans les usines Siemens. Actrice de la Résistance des détenues françaises, elle s’évada d’une « marche de la mort » en avril 1945 et rejoignit les lignes américaines. À son retour en France, elle fut une des fondatrices de la Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes et rédigea son témoignage en 1981 sous le titre La Résistante que j’ai faite, la déportation que j’ai vécue, réédité en 2013.
Yolande Kermann habitait Les Lilas avec ses parents, où elle était réfugiée après l’arrestation de sa mère. Elle adhéra à l’Union des jeunes filles de France en 1951 et devint secrétaire du comité des Lilas qui mena des actions contre la guerre d’Indochine, pour l’interdiction de l’arme atomique et la signature de l’appel de Stockholm.
Bachelière, institutrice dans le XXe arrondissement de Paris en 1954, membre du Syndicat national des instituteurs, elle adhéra au Parti communiste français. Étudiante à La Sorbonne, elle milita à la section PCF du Ve arrondissement puis à l’Union des étudiants communistes qu’elle contribua à fonder. En poste à Saint-Denis, elle se maria en octobre 1957 à Jean-Paul Traimond, instituteur en poste en Kabylie et membre du Parti communiste algérien interdit, rentré en France après avoir abandonné son poste, étant recherché par la police française pour son action contre la guerre. Le couple, habitant Villeparisis (Seine-et-Marne), eut deux enfants.
Yolande Traimond, responsable de la section communiste, entra au comité de la fédération de Seine-et-Marne en 1957. Elle y resta jusqu’à la conférence fédérale de 1961 qui ne la renouvela pas, en raison de sa mutation professionnelle dans l’Est parisien.
Logé à Épinay-sur-Seine, le couple travaillait à Villeneuve-la-Garenne. Tous les deux devinrent militants syndicaux et délégués du personnel. Commissaire paritaire, elle était responsable de la commission des maternelles. Membre du comité de la section locale du PCF, elle prit part au comité de grève de Villeneuve-la-Garenne en 1968. Elle fonda et présida l’Amicale des locataires de la cité d’Orgemont.
Nommée directrice d’école maternelle en 1972 à Nanterre, elle devint membre du comité de la section communiste. Toujours déléguée du personnel dans la CAP, elle fut en 1982 conseillère pédagogique des zones d’éducation prioritaire de Colombes, Nanterre et Gennevilliers. Dans le même temps, elle contribua avec Michel Laubier, premier adjoint communiste, à la création et l’animation, en tant que présidente, de l’Association de défense des intérêts des riverains des autoroutes de Nanterre, qui obtint par ses actions l’enfouissement des autoroutes A86 et A14 sur leur parcours nanterrien. Après la tuerie du conseil municipal, le 27 mars 2002, elle devint conseillère municipale communiste succédant à Valérie Méot.
Elle contribua à la création de la Fédération syndicale unitaire et devint responsable à mi-temps de la section du SNUipp des Hauts-de-Seine puis de la commission des retraités en 1992.
Membre de la FNDIRP en tant que fille de déportée, elle participa aux actions de la section locale et du collectif "mémoire de la Résistance et de la Déportation" ainsi qu’au comité local du Mouvement de la paix. Parmi leurs diverses actions, figuraient des émissions de radio, notamment sur "Les femmes dans la Résistance" (juin 2014-radio Agora) et sur l’exposition "J’ai dessiné la guerre" en 2015. Toujours sur radio Agora, elle évoqua l’activité de sa mère entre 1939 et 1945 (13 juin 2014).
Par Jacques Girault
SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Entretien sur le site Internet de Radio Agora. — Renseignements fournis par l’intéressée.