TREILHOU Fernand, Roger, Justin

Par Jacques Girault

Né le 24 avril 1908 à Blaye-les-Mines (Tarn), mort le 14 février 2008 à Albi (Tarn) ; instituteur en Lozère puis dans l’Aveyron ; militant du SNI ; militant socialiste.

Photo d’identité en 1963
Photo d’identité en 1963

Fils d’un mineur, conseiller municipal socialiste de Saint-Benoît de Carmaux (Tarn) dans les années 1930, et d’une mère, ancienne élève d’une école catholique, Fernand Treilhou reçut les premiers sacrements catholiques et fut le seul enfant du couple à poursuivre ses études. Il devint, dès son adolescence, athée et libre-penseur. Élève du cours complémentaire de Carmaux, il entra en 1925 à l’École normale d’instituteurs de Mende (Lozère), alors dirigée par René Ozouf, et refusa de faire la préparation militaire. Il obtint le brevet supérieur et en 1933 le brevet agricole. A son retour du service militaire, devenu instituteur en avril 1930 au hameau d’Aubigeyrette par Javols, muté dans l’école du hameau de Sainte-Lucie par Marvejols (1930-1931, il obtint un poste dans une école déshéritée à Cannac par Durenque où il enseigna jusqu’en 1937. Il se maria uniquement civilement en septembre 1934 à Saint-Benoît-de-Carmaux avec une institutrice, fille d’instituteurs. Le couple eut deux garçons et enseigna en poste double à Cannac par Durenque.

Fernand Treilhou adhéra au Syndicat national CGT en 1928. Gréviste le 12 février 1934 et le 30 novembre 1938, il fut sanctionné de huit jours de retenue de salaire. Il participa aux actions de défense de l’école laïque dans un milieu gagné par l’Eglise catholique. « J’étais pacifiste mais pas prêt à toutes les démissions » et il participa aux initiatives pour aider les Républicains espagnols. En outre, il adhérait à la Ligue des droits de l’Homme et à la Libre-Pensée.

Fernand Treilhou rejoignit le Parti socialiste SFIO le 12 février 1934 et en resta membre jusqu’en 1958. Il participa aux actions locales du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, et, aux élections législatives de 1936, à défaut de candidat socialiste, il se prononça pour le candidat radical-socialiste dès le premier tour. Il fut trésorier de la commission fédérale de l’enseignement.

Mobilisé en septembre 1939 dans l’artillerie comme maréchal des logis, fourrier, sur la ligne Maginot, Treilhou, fait prisonnier en juin 1940, resta en captivité (Stalag IV A), en Haute-Saxe en Allemagne, jusqu’en décembre 1942. Il encadra notamment les prisonniers préparant le certificat d’études primaires. Il fut libéré après avoir sauvé une enfant qui se noyait dans un lac gelé.

A son retour dans l’Aveyron, Fernand Treilhou retrouva le poste qu’il occupait, avec son épouse depuis 1937 à Cathières par Lédergues. Mal accueilli par une partie de la population, il aida la Résistance. Nommé à Gages de Montrozier en 1947, il y resta avec son épouse jusqu’en 1963. Il fut le secrétaire dans le département de l’association nationale des anciens prisonniers de guerre, déportés, internés, STO, constituée en novembre 1945.

Fernand Treilhou entra au conseil syndical de la section départementale du SNI comme secrétaire de la commission des prisonniers à partir de juillet 1945. Il devint le secrétaire de la section départementale en octobre 1947 et le demeura pendant dix ans, demeurant par la suite au conseil syndical Membre du comité consultatif et de la commission administrative paritaire départementale depuis novembre 1945, il le resta pendant seize ans. Dans les discussions internes au SNI, il se prononça avec fermeté pour le maintien de l’unité des instituteurs et condamna avec force les syndiqués qui avaient proposé de rejoindre les militants de Force ouvrière.

Il fut assesseur des séances des congrès nationaux du SNI du 19 juillet 1950, du 19 juillet 1951, du 18 juillet 1953, du 22 juillet 1955 (séance consacrée à la laïcité) et de la réunion du conseil national, le 19 mars 1951. Dans L’École libératrice du 22 mai 1953, il rendit compte de la manifestation laïque de Rodez du 10 mai contre la loi Barangé placée sous le signe de l’inscription de la banderole, « Honneur à l’école laïque ». Il fut candidat au bureau national du SNI, en décembre 1953, en vingtième position sur la liste « Pour un syndicalisme indépendant et constructif ».

Fernand Treilhou fut candidat à la commission paritaire centrale, le 5 novembre 1954.

Militant relativement peu dans le Parti socialiste SFIO, Treilhou n’accepta pas la nouvelle politique concernant l’Algérie puis le ralliement à la future Cinquième République. Il quitta alors le Parti tout en restant sympathisant socialiste.

Fernand Treilhou et son épouse, retraités, vinrent habiter Albi. Surtout actif dans le groupe départemental de la Libre Pensée, il continua à adhérer au SNI puis au Syndicat des enseignants-UNSA jusqu’en 2006.

En octobre 2003, lors des rencontres de l’hôpital d’Albi sur le thème « Vieillesse et longévité », Le Journal d’Ici consacra un article au couple Treilhou qui donnait leur secret, appliquer « des règles simples d’hygiène et de vie ».

Veuf en 2006, il entra dans une maison de retraite. A ses obsèques civiles, son fils aîné rappela son attachement à l’école républicaine et laïque.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179447, notice TREILHOU Fernand, Roger, Justin par Jacques Girault, version mise en ligne le 22 mars 2016, dernière modification le 22 mars 2016.

Par Jacques Girault

Photo d'identité en 1963
Photo d’identité en 1963
L'école de Sainte-Lucie.
L’école de Sainte-Lucie.

SOURCES : Renseignements fournis par l’intéressé et sa famille. — Presse syndicale.

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