TRIAIRE Emmanuel, Léon, dit parfois Émile

Par Gérard Leidet

Né le 1er mai 1872 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; instituteur ; militant de la Fédération nationale des syndicats d’instituteurs (FNSI) ; délégué départemental de L’École émancipée avant 1914 ; secrétaire de la rédaction de L’ouvrier syndiqué (1906-1907).

Emmanuel Triaire était le fils de Christophe Triaire et d’Amélie Bruyère domiciliés à Aix-en-Provence. Titulaire du brevet de l’enseignement primaire, ancien élève de l’École normale d’instituteurs d’Aix, il était, en 1891, instituteur à l’école du village des Milles, situé près d’Aix-en-Provence.
Par décision du conseil de révision, il fut ajourné pour "faiblesses" en 1894 et 1895. Le service auxiliaire releva une affection cardiaque légère en 1895.

Emmanuel Triaire fut nommé ensuite, en 1902, à l’école de Raphèles-les-Arles, puis à la rentrée de 1904, à Marseille à l’école des Présentines.
Secrétaire en 1905 du Syndicat des institutrices et instituteurs publics des Bouches-du-Rhône, il faisait partie de l’équipe marseillaise qui animait le syndicalisme des instituteurs au sein de la Fédération nationale des syndicats d’instituteurs (FNSI) et sa revue L’École émancipée. Il militait par ailleurs à l’Amicale "Union des institutrices et instituteurs publics des Bouches-du-Rhône" située au n°9 de la rue Colbert à Marseille. Secrétaire avec H. Pellegrin de cette amicale présidée par Victor Ferrier, il résidait alors au 84 du Grand chemin d’Aix à Marseille.

Au troisième congrès national, tenu à Lyon en avril 1908, la section des Bouches-du-Rhône accepta de prendre en charge la Fédération avec un bureau constitué par Antoine Ripert, secrétaire, qui succédait à ce poste à Marius Nègre dont l’adhésion avait été suspendue suite à sa révocation le 25 avril 1907, Adolphe Bezot, secrétaire adjoint, et Ismaël Audoye, trésorier chargé du Bulletin ; Emmanuel Triaire complétait le bureau avec Emmanuelli et Victor Ferrier.

Durant les années 1906 et 1907, Emmanuel Triaire fut secrétaire de la rédaction de L’ouvrier syndiqué, bulletin officiel bimensuel de l’Union des chambres syndicales ouvrières des Bouches-du-Rhône et de la Bourse du travail de Marseille, « journal exclusivement rédigé par des ouvriers ». Il était par ailleurs vice-trésorier du conseil d’administration de l’union des chambres syndicales.

Lors du congrès de la Fédération qui se tint à Angers les 25, 26 et 27 mars 1910, Emmanuel Triaire se vit confier le dossier des « ingérences politiques », une question qui préoccupait depuis longtemps le syndicalisme enseignant. Il fut ensuite délégué départemental pour L’École émancipée entre 1912 et 1914 en compagnie de Ismaël Audoye, Adolphe Bezot, Victor Gourdon et Louis Lafosse. En effet, le 7e congrès de la FNSI, qui se tint à Chambéry en août 1912, fit appel aux abonnés de L’École émancipée, afin de mettre en place un délégué de la revue dans chaque département. Ce délégué, qui servait de correspondant avec l’administration de Marseille (Audoye en particulier), était en outre chargé de diriger la propagande en faveur de L’École émancipée, de recueillir et de centraliser les abonnements.

Le 31 octobre 1912, Emmanuel Triaire fut entendu par le juge d’instruction qui déféra les 11 membres du bureau marseillais au tribunal correctionnel – ces derniers furent présents au rendez-vous mais uniquement pour « faire défaut ». Le 4 décembre 1912, avec l’ensemble du bureau syndical (Ismaël Audoye, Louis Blanc, Justin Casimir, Esprit Fage, Léonie Farjas, Victor Ferrier, Jean Alphonse Germond, Gustave Guieu, Louis Lafosse et Victorin Martin), il fut déclaré coupable d’avoir contrevenu aux dispositions de la loi du 21 mars 1884, ayant constitué un syndicat d’instituteurs et d’institutrices dans le département des Bouches-du-Rhône. À ce titre, Triaire et ses camarades furent condamnés chacun à une peine de 50 francs d’amende et solidairement à la somme de 93,76 francs ; par ailleurs, la dissolution du syndicat, « illégalement constitué », fut également prononcée en audience publique.
Dans le contexte compliqué du 8e congrès de la Fédération nationale des syndicats d’instituteurs – le dernier avant la guerre – qui se tint à Bourges en août 1913 et dont l’ordre du jour était la réorganisation de la fédération et la question des traitements, Emmanuel Triaire, Louis Lafosse, Adolphe Bezot, et un instituteur Trojani, militant de la Fédération en Corse, furent censurés pour leur activité syndicale.

En 1913, Emmanuel Triaire succéda à Louis Lafosse comme responsable de la rédaction du Bulletin mensuel de l’Émancipation (organe du syndicat des institutrices et des instituteurs publics des Bouches-du-Rhône). Ce bulletin devint en 1914 L’Émancipation (Bulletin du « sindicat » des institutrices et des instituteurs « sindiqués et sindicalistes » de la région du Sud-Est). Après la guerre, entre 1920 et 1926, J. Chauvet, Ismaël Audoye et Jules Aubert succédèrent à Emmanuel Triaire et se partagèrent la gérance et la responsabilité du Bulletin mensuel de l’émancipation (organe du syndicat des institutrices et des instituteurs publics des Bouches-du-Rhône).

En 1914, Emmanuel Triaire résidait impasse Junot à Marseille (3e arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179450, notice TRIAIRE Emmanuel, Léon, dit parfois Émile par Gérard Leidet, version mise en ligne le 22 mars 2016, dernière modification le 1er août 2022.

Par Gérard Leidet

SOURCES : L’École émancipée, n°5, 25 octobre 1913. — Thierry Flammant, L’École émancipée, une contre-culture de la belle époque, Treignac, Les Monédières, 1984. — Répertoire de la presse départementale (syndicats des instituteurs), Centre d’histoire sociale du XXe siècle. Université de Paris I. – François Bernard, Louis Bouet, Maurice Dommanget, Gilbert Serret, Le syndicalisme dans l’enseignement, Histoire de la Fédération de l’enseignement des origines à l’unification de 1935, (Présentation et notes de Pierre Broué), T. 1 (Des origines à la Première guerre mondiale par F. Bernard), collection « Documents » de l’Institut d’études politiques de Grenoble, 1966). – L’ouvrier syndiqué, bulletin officiel de l’Union des chambres syndicales ouvrières des Bouches-du-Rhône et de la Bourse du travail de Marseille, années 1906 et 1907. — Bulletin de l’association amicale des anciens élèves de l’École normale d’instituteurs des Bouches-du-Rhône fondée à Aix le 22 juillet 1907. — Bulletin mensuel de l’union des institutrices et des instituteurs publics des Bouches-du-Rhône. — Grand mémorial, ministère de la Culture.

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