TRICLOT Bernard, Léon, Gaston

Par Jacques Girault

Né le 8 décembre 1923 au Meix-Saint-Époing (Marne), mort le 17 septembre 1995 à Villejuif (Val-de-Marne) ; professeur ; militant syndical SNET puis SNES ; militant communiste en Creuse ; conseiller général de la Creuse ; conseiller régional du Limousin ; adjoint au maire de Guéret (Creuse).

Bernard Triclot en 1950
Bernard Triclot en 1950

Son père, Gaston Triclot, ouvrier agricole, puis garde-forestier puis fermier dans diverses communes de la Marne (Le Meix-Saint-Époing, Péas, Barbonne-Fayel), conseiller municipal de Péas avant la guerre, fut conseiller municipal puis maire “sans étiquette“ de Barbonne-Fayel de 1953 à 1971. Bernard Triclot reçut les premiers sacrements catholiques. Élève de cours complémentaire à Sézanne, il réussit en octobre 1940 le concours pour devenir instituteur et effectua sa scolarité d’élève-maître au lycée de Reims (Marne) comme externe. Pendant la guerre, il aida un de ses camarades, réfractaire au STO, entré dans la clandestinité. Après avoir réussi à la première partie du baccalauréat (série M avec une seule langue) et à la deuxième partie en juin 1943 (section philosophie-lettres), bénéficiant d’une quatrième année, il prépara, à partir d’octobre 1943, le concours de l’École normale supérieure de Saint-Cloud au lycée Henri IV à Paris. Il échoua à l’oral mais fut reçu au concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure de l’enseignement technique pour la période 1944 à 1946 (section EF, lettres). En fait, il fut élève-professeur de janvier 1945 à septembre 1947, cette scolarité ayant subi une interruption pour l’accomplissement du service militaire (février-octobre 1945) au camp d’aviation de Bétheny (Marne). Selon Étienne Camy-Peyret, « il s’intégra d’emblée à l’équipe de militants qu’anima la section du Syndicat national de l’enseignement technique et s’employa à nouer des relations dynamiques avec l’amicale des anciens élèves ». Titulaire du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement technique, il fut nommé professeur certifié à Evreux (Eure) en octobre 1947.

Il se maria en juillet 1948 à Comines (Nord) avec Paulette Vallez, professeur, ancienne élève de l’ENSET (section D, section commerciale, 1946-1948), fille d’un démarcheur, parente de Narcisse Pavot, député maire socialiste de Viesly. Ils eurent deux enfants.

Bernard et Paulette Triclot furent nommés au collège technique (Institut Colbert) de Tourcoing (Nord). Mais il dut aller se soigner à Sainte-Feyre (Creuse) au sanatorium de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale, de janvier 1949 à octobre 1951. Nommé au collège technique de Fourmies (Nord), puis à Tourcoing, il fut à nouveau en congé de longue durée (mai 1952-décembre1954). Son épouse enseignait au collège (futur lycée) technique de Guéret ; il la rejoignit sur un poste de professeur à partir de janvier 1955 au lycée de jeunes filles, puis au collège technique, devenu lycée. En service à mi-temps (1977-1981), il reprit un service complet jusqu’à sa retraite en septembre 1982.

Bernard Triclot associa, tout au long de sa vie, activités intellectuelles et travaux manuels. Titulaire des CAP de reliure et de vannerie, il anima des ateliers et des clubs photo et cinéma, participa à des concours et expositions dans ces domaines. Il pratiquait la pêche, le jardinage et la cueillette de champignons. Dans le cadre scolaire, il réalisa avec ses élèves un moyen métrage, Une Place bien gagnée, et d’autres productions cinématographiques amateur.
À la découverte de la Creuse, il porta intérêt à ses personnalités et savoir-faire. Ainsi il publia dès juillet 1955 cinq articles sur « Tapisserie, capitale Aubusson » dans le quotidien régional L’Echo du centre et fut proche des peintres-cartonniers, Marc Saint-Saëns et Marc Vaugelade. En septembre 1958, il consacra, dans le même journal, une nouvelle série de cinq articles « Dans la lutte contre le pouvoir personnel. Sur les pas de Martin Nadaud ».

Membre du Syndicat national de l’enseignement technique, il devint le secrétaire de la section syndicale du collège, responsabilité qu’il conserva pendant quelques temps après la fusion avec le Syndicat national de l’enseignement secondaire. Membre de la commission administrative de la section académique (S3) du SNES, tendance "Unité et Action", il fut élu à la commission administrative paritaire académique des professeurs certifiés.

Bernard Triclot adhéra à la cellule du Parti communiste français de l’ENSET en 1946. En septembre 1946, pendant deux semaines, il participa à une “caravane cycliste des enseignants“ en Hollande. En 1947, il se rendit au Festival mondial de la jeunesse à Prague qu’il prolongea en visitant la Hongrie et la Bulgarie, où il fut volontaire dans un chantier de travail. Il acheva son voyage à Belgrade. Il poursuivit son engagement communiste dans le Nord. Pendant son séjour à Sainte-Feyre, il participa aux diverses activités et réflexions théoriques des malades où les communistes étaient nombreux.

À Guéret, il continua à militer intensément et entra très vite dans les instances dirigeantes de la section communiste. Il fut élu membre de la commission fédérale de contrôle financier puis au comité de la fédération communiste en 1966. Il fut « secoué », selon le rapport d’Henri Védrines du 26 décembre 1961, lors des discussions sur le XXIIe congrès du PCF et le culte de la personnalité. Non réélu en 1968, il en redevint membre peu après et le demeura au moins jusqu’en 1985. En 1977, il était responsable de la politique municipale et cantonale dans le comité fédéral.

Aux élections municipales de Guéret de 1965, Bernard Triclot fut élu dans la minorité. En tête des candidats communiste sur la liste de gauche en 1977, il fut parmi les sept élus du premier tour. La liste emportant 12 autres sièges au scrutin du deuxième tour, il devint deuxième adjoint au maire socialiste, André Lejeune, en charge des finances. Malade et s’interrogeant sur la politique du PCF, il ne se représenta pas en 1983.

Aux élections pour le Conseil général, le 22 septembre 1973, il arriva en tête au premier tour avec 771 voix et l’emporta, le dimanche suivant, avec 1 387 voix dans le canton Guéret-Sud-Est. En 1979, il réunit 920 voix puis fut réélu avec 1 527 voix, la presse indiquait alors qu’il n’avait pas recueilli la totalité des voix socialistes. Il devint, en 1982, vice-président chargé des affaires culturelles. En 1985, arrivé en troisième position avec 735 voix, il se retira. Le report des voix fut mauvais et le candidat socialiste échoua. Ses interventions portèrent sur des questions de l’enseignement et sur les questions culturelles (école de musique devenue conservatoire départemental, musée de la tapisserie, théâtre Jean Lurçat d’Aubusson notamment).

En outre, il était membre de la commission administrative de la Fédérations des œuvres laïques.

Après avoir été candidat aux élections sénatoriales, Bernard Triclot, candidat aux élections législatives de 1973 dans la première circonscription (Guéret), obtint 8 781 voix sur 51 636 inscrits (troisième position). La presse indiquait qu’il avait perdu un cinquième des voix recueillies par le candidat communiste en 1968, l’ancien député communiste Auguste Tourtaud, et surtout que le PCF n’arrivait plus en tête de la gauche. Son appel à voter socialiste au second tour amena la victoire de ce dernier Guy Beck, sur le maire de la ville. Lors des élections législatives de 1978, il arriva à nouveau en troisième position avec 10 880 voix sur 55 096 inscrits. Son désistement en faveur du socialiste, député sortant, ne permit pas la réélection de ce dernier battu par le candidat RPR, Jean-Claude Pasty.

En outre, Bernard Triclot, depuis le début des années 1970, présidait la fédération de la Creuse du Secours populaire français. Après avoir adhéré au mouvement des “reconstructeurs“, il se détacha du PCF en 1984-1985, et rejoignit le mouvement “Alternative Démocratie Socialisme“ qu’il présida dans la Creuse.

Après son incinération, son nom fut donné à une rue de Guéret, reliant deux villages de son ancien canton.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179455, notice TRICLOT Bernard, Léon, Gaston par Jacques Girault, version mise en ligne le 22 mars 2016, dernière modification le 9 février 2022.

Par Jacques Girault

Bernard Triclot en 1950
Bernard Triclot en 1950
Avec André Lejeune, député-maire de Guéret.
Avec André Lejeune, député-maire de Guéret.
Avec E. Camy-Peyret au stage du CREPS de Montpellier, sur une plage (été 1946).
Avec E. Camy-Peyret au stage du CREPS de Montpellier, sur une plage (été 1946).
Avec Marcel Rigout.
Avec Marcel Rigout.

ŒUVRES : Numérisation de sa production cinématographique par la cinémathèque du Limousin, http://www.cinemathequedulimousin.fr/ .

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Article nécrologique signé E. Camy-Peyret dans le bulletin de l’association des anciens élèves de l’ENSET. — Renseignements fournis par Denis Triclot, son fils. — Notes de Denise Benoit et d’Arlette Sarrazin..

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