TRIHOREAU André, Clément

Par Gérard Boëldieu, Jacques Girault

Né le 21 juin 1907 à Valennes (Sarthe), mort le 5 juin 1993 à Martel (Lot) ; instituteur dans la Sarthe ; militant syndicaliste du SNI et militant pédagogique ; militant socialiste puis communiste dans la Sarthe puis dans le Lot.

Fils de Louis Trihoreau, né le 4 mai 1868 à Bouffry (Loir-et-Cher), garde particulier, garde-chasse et régisseur au château de la Quentinière, propriété du marquis de Monteynard à Valennes aux confins de la Sarthe et du Loir-et-Cher, secrétaire de mairie de cette commune postérieurement à 1911, et d’Angèle Seguin, née le 25 juin 1876 à Valennes, tous les deux descendants de cultivateurs, André Trihoreau reçut les premiers sacrements catholiques. Élève de l’école primaire supérieure de Château-du-Loir, il entra en 1923 à l’École normale d’instituteurs du Mans où son frère, Louis, né le 7 juillet 1900, l’avait précédé en 1917.

André Trihoreau appartint à la même promotion (1923-1926) que son futur beau-frère, Pierre Dailly. Titulaire du brevet supérieur et du certificat d’aptitude à l’enseignement agricole, il accomplit son stage d’instituteur à Écommoy, où son frère était en poste, de 1926 à 1928. Il effectua ensuite son service militaire comme sous-officier d’artillerie. De retour à la vie civile, et nommé en même temps qu’elle à La Chapelle-Saint-Rémy (canton de Tuffé), il se maria religieusement en novembre 1929 à Valennes avec Régine Dailly (voir Régine Trihoreau), institutrice socialiste, fille d’un journalier mort pendant la Grande-Guerre en octobre 1918, qui devint son adjointe. Comme son mari, elle adhéra au Parti communiste français après la Seconde Guerre mondiale. Le couple adopta un orphelin.

À La Chapelle-Saint-Rémy, commune rurale, André Trihoreau fut secrétaire de mairie et secrétaire de mutuelles agricoles. Toujours avec sa femme pour adjointe, de 1953 à 1956, il dirigea l’école de garçons à trois classes de La Chartre, chef-lieu de canton, puis de 1956 à sa retraite en septembre 1962, celle à six classes d’Arnage, au sud du Mans. Dans chacun de ces postes, il anima de nombreuses activités périscolaires : musique, sociétés sportives, cours post-scolaires, gestion de cantine scolaire, coopérative scolaire. Partout, il employa les méthodes de Célestin Freinet chez qui, à Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes) il suivit un stage.

À La Chapelle-Saint-Rémy, il adhéra en 1927 au Syndicat national (CGT) puis au Syndicat national des instituteurs à partir de 1936, délégué de la sous-section du canton de Tuffé. Hostile à la non-intervention en Espagne, alors qu’il avait décidé de faire grève le 30 novembre 1938, il y renonça après une démarche personnelle du secrétaire de la section départementale du SNI.

Membre du Parti socialiste SFIO de 1936 à 1939, militant de la tendance de “La Bataille socialiste“, André Trihoreau décida de quitter le parti en 1940, en désaccord avec sa politique pacifiste. Il milita intensément à la Libre Pensée jusqu’en 1939 puis la quitta en raison de son sectarisme.

Mobilisé du 7 septembre 1939 au 26 juillet 1940, membre de Libération-Nord en 1943, il fit partie du maquis du Bois de Croix à Pont-de-Gennes et prit part à des sabotages sur les voies ferrées et les lignes téléphoniques. En 1944, il était membre du Mouvement de Libération nationale à Connerré. En 1945, secrétaire du Comité de Libération du canton de Tuffé, il fut au nombre des fondateurs de l’Amicale de la Résistance de la Sarthe.

À la Libération, André Trihoreau contribua à la relance de l’activité du SNI dans la Sarthe. Après la scission syndicale, il fut double affilié à la FEN-CGT puis, après 1953, se reconnaissait dans la tendance des "unitaires" du SNI, minoritaire dans la section départementale jusqu’en 1971. De juin 1945 jusqu’à sa retraite, il siégea au bureau de la section départementale, constamment chargé du secrétariat à l’action laïque, excepté en 1951-52, quand le secrétaire départemental, Robert Dernelle, et les « autonomes » majoritaires, visant le militant communiste, l’écartèrent de ce poste pour indiscipline et au motif qu’il ne pouvait revenir à « un homme de parti ». Il en fut de même au Cartel départemental d’action laïque, fondé en avril-mai 1946 à l’initiative de la section du SNI, dont Trihoreau était le premier secrétaire. En septembre 1951, dans la sous-section cantonale de Tuffé, contre le projet de loi Barangé, il avait créé et animé un comité local de défense de l’école publique qui regroupa 80 laïques de diverses nuances politiques, et que la presse locale communiste vanta tout particulièrement.

En 1946, André Trihoreau participa au stage d’information sur l’Éducation nouvelle qui se tint, à l’initiative des CEMEA, au centre éducatif de Saint-Cloud du 12 au 22 novembre, et appela ses collègues sarthois à la création d’un groupe départemental de l’École moderne, afin de populariser les méthodes Freinet, ainsi qu’une filiale de la coopérative de l’enseignement laïque. Son initiative aboutit à la naissance de l’Institut coopératif sarthois d’École moderne. Placé sous l’égide du SNI, il compta plus de soixante membres en 1947. il en assura le secrétariat, le trésorier étant André Fertré.

Roger Trihoreau siégea au premier conseil d’administration de la section de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale de la Sarthe, élu lors de la première assemblée générale le 28 mars 1947, présidé à partir du 13 mars 1947 par André Péan.

En 1950, avec son épouse et entre autres René Busson, il fit partie de l’équipe d’instituteurs qui constitua le groupe folklorique “La Gouline sarthoise“.

Membre du Parti communiste français depuis 1945, membre du bureau de la section communiste de Tuffé, André Trihoreau fut secrétaire des cellules de La Chapelle-Saint-Rémy (1946-1953) et de La Chartre (1954-1956), puis membre du bureau de la section communiste de Pontlieue (quartier du Mans jouxtant Arnage). Il fut membre de la commission fédérale de contrôle financier de 1957 à 1962. Candidat aux élections cantonales dans le canton de Tuffé de 1945, 1949 et 1961, il fut à chaque fois devancé par Georges Guillois, socialiste qui, élu en 1945 au second tour après désistement communiste, l’emporta ensuite, jusqu’à son décès en 1965, à l’issue du premier.

En 1962, retraités, André et Régine Trihoreau allèrent habiter Martel dans le Lot où il devint secrétaire de la section communiste jusqu’en 1969, puis membre du seul bureau de cette section. Dès 1963, il fit partie de la commission fédérale de contrôle financier jusqu’en 1971. Il la présida à partir de 1964.

Tout en conservant sa maison de Martel, André Trihoreau revint un temps dans la Sarthe à Arnage où il fut le secrétaire de l’Amicale laïque. Il redevint membre du comité fédéral en 1971. Il ne fut pas réélu en 1972 en raison de son mauvais état de santé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179458, notice TRIHOREAU André, Clément par Gérard Boëldieu, Jacques Girault, version mise en ligne le 22 mars 2016, dernière modification le 17 mars 2021.

Par Gérard Boëldieu, Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. de la Sarthe : listes nominatives de Valennes et de La Chapelle-Saint-Rémy de 1906 à 1936 ; archives de l’École normale d’instituteurs du Mans (En série 2T) ; dossier administratif d’André Trihoreau, 1582 W 89. — Arch. mun. de Valennes. —Archives du comité national du PCF. — Bulletin départemental (Sarthe) de l’Enseignement primaire. — L’Instituteur syndicaliste, organe de la section sarthoise du SNI. — Plaquette du cinquantenaire de la section de la Sarthe de la MGEN, 1997. — L’Aurore sarthoise, Les Nouvelles de la Sarthe, Sarthe Nouvelle, organes successifs de la fédération sarthoise du PCF. — Presse locale. — Renseignements fournis par l’intéressé en 1975.

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