CAVAGNI Émile, Baptiste [pseudonyme dans la Résistance : Robert G ou ROBERGÉ]

Originaire du quartier de l’Estaque à Marseille (Bouches-du-Rhône), navigateur, garçon de restaurant à bord, ce militant communiste participa à la reconstitution du parti clandestin et à la mise en place de l’OS, puis des FTP. Il contacta Raphaël Montarello* en décembre 1942 pour constituer avec lui et un autre militant un groupe de trois. Ce fut le point de départ du groupe FTP La Marseillaise, implanté dans le quartier de l’Estaque. Il en était probablement le responsable militaire. Il partit de Marseille pour se replier dans les Basses-Alpes en janvier ou, plus probablement, en février 1943. Il joua un rôle important dans la Résistance du secteur dont il était devenu l’un des responsables. Lié peut-être au responsable régional maquis, Henri Masi, lui aussi marseillais et communiste, il mit en place plusieurs des maquis AS du département (par exemple, le camp Robespierre au col des Blaux), avant de les superviser et de les approvisionner. Il fut arrêté avec Marcel Pascal*, le 7 juin 1944, par les Allemands à bord de la camionnette de la distillerie de la Lure alors qu’il était en mission de ravitaillement.

René Char, avec qui il avait participé à plusieurs parachutages pour le compte de la SAP, le tenait en haute estime. Sa mort le rendit furieux : « Nous sommes tordus de chagrin à l’annonce de la mort de Robert G. (Emile Cavagni), tué dans une embuscade à Forcalquier, dimanche. Les Allemands m’enlèvent mon meilleur frère d’action, celui dont le coup de pouce faisait dévier les catastrophes, dont la présence ponctuelle avait une portée déterminante sur les défaillances possibles de chacun. Homme sans culture théorique mais grandi dans les difficultés, d’une bonté au beau fixe, son diagnostic était sans défaut. Son comportement était instruit d’audace attisante et de sagesse. Ingénieux, il menait ses avantages jusqu’à leur extrême conséquence. Il portait ses quarante-cinq ans verticalement, tel un arbre de la liberté. Je l’aimais sans effusion, sans pesanteur inutile. Inébranlablement ».

Son nom a été donné à une rue de l’Estaque, à Marseille, par délibération du 23 juillet 1945.

Il obtint la mention « Mort pour la France » et fut décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume le 24 avril 1946.