PIERRE-ROSE Gérard, Georges, Delan [pseudonymes dans la Résistance : Prince, Manfred, Georges]

Par Jean-Marie Guillon

Né le 26 janvier 1913 à Fort-de-France (Martinique), exécuté sommairement le 18 juillet 1944 à Norante (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) ; officier d’active ; chef de maquis Armée secrète (AS)-Organisation de résistance de l’Armée (ORA).

Barrême (Alpes-de-Haute-Provence), tombe de Gérard Pierre-Rose au cimetière
Barrême (Alpes-de-Haute-Provence), tombe de Gérard Pierre-Rose au cimetière

Issu d’une famille catholique de cinq enfants, Gérard Pierre-Rose fit ses études à La Trinité (Martinique) où son père, receveur des PTT, avait été affecté. Excellent élève, il alla, après le CEP, au Lycée Schoelcher de Fort-de-France, où il obtint le prix d’excellence de la 6e à la 1e, et le prix d’honneur de rhétorique en 1931. Il réussit au baccalauréat de mathématiques avec mention en 1932, ainsi qu’au concours des bourses qui lui permit de poursuivre ses études à Paris. Il prépara le concours d’entrée à l’école coloniale au Lycée Louis-le-Grand de 1932 à 1934, mais y échoua. Il obtint cependant sa licence en Droit.
Après avoir effectué sa préparation militaire (PMS) avec un stage à Saint-Maixent, il fut nommé sous-lieutenant à Saint-Louis-du-Sénégal en 1939, dans un régiment mixte d’infanterie coloniale, le 22e colonial. Il était alors en poste à Tamba-Counda, près de la frontière gambienne. Il se maria avec Amélie Plonger, professeur de mathématiques, qu’il avait connue à Alger en décembre 1941. De retour en France au début 1942, il suivit les cours de l’école des sous-officiers de Saint-Maixent, alors repliée à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Passionné de sport, il fut remarqué pour sa droiture et son rayonnement.
À la dissolution de son régiment, il entra dans l’encadrement du mouvement Jeunesse et Montagne, mais fit rapidement le choix de la Résistance. D’abord instructeur « volant » à l’école des cadres du Service Maquis de Norante (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) en 1943, il prit la direction de cette école lorsqu’elle fut transférée à La Lavanderaie d’octobre 1943 à février 1944. Déplacé vers Draix (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) en janvier 1944, ce camp-école put échapper à l’attaque des Allemands, le 14 février. Pierre-Rose qui avait pris le pseudonyme de Manfred aurait abattu l’individu soupçonné de dénonciation, à Chanolles, dans la nuit du 18 au 19 février.
C’est alors que fut créé le maquis Fort-de-France à Barrême, à l’hôtel Pascal, avec les éléments du maquis-école et d’autres groupes venus le rejoindre. Cet important maquis s’installa d’abord à Haute-Melle et sans doute se rattacha-t-il alors à l’ORA, encore que tout indique qu’il ait eu un double rattachement AS-ORA. En tout cas, par son comportement exemplaire, Manfred devint une légende dans la vallée. Responsable du sous-secteur de l’Asse, il suscita l’admiration de ses pairs et de la population. Alors que la Résistance mobilisait ses troupes à la suite du débarquement du 6 juin en Normandie, il tint un précieux carnet qui rend compte des événements dans le secteur jusqu’au 5 juillet 1944. Ce carnet a été publié avec l’historique d’un maquis qui resta actif et important jusqu’à la Libération par l’Association qui porte activement sa mémoire.
Le 18 juillet 1944, alors que les militaires allemands, accompagnés des hommes de la Sipo-SD de Digne et du groupe Schwinn de la 8e compagnie Brandebourg, essayaient de reprendre le contrôle de la Route Napoléon, Manfred fut arrêté à Mézel (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence), où il était caché après s’être fait une entorse. Brutalisé, il aurait répliqué : « Sachez, Messieurs, qu’un officier de l’armée noire ne parle jamais ». Il fut exécuté avec Victor Arnoux* à la Barre d’Auran en représailles des attaques subies par la colonne allemande le long de la route. Sa dépouille fut inhumée à Barrême, où une place porte le nom du « capitaine Pierre Rose dit Manfred, Héros de la Résistance ».
Il obtint la mention « Mort pour la France » et fut décoré de la Médaille de la Résistance avec rosette à titre posthume le 24 avril 1946.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179573, notice PIERRE-ROSE Gérard, Georges, Delan [pseudonymes dans la Résistance : Prince, Manfred, Georges] par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 24 mars 2016, dernière modification le 14 février 2022.

Par Jean-Marie Guillon

Barrême (Alpes-de-Haute-Provence), tombe de Gérard Pierre-Rose au cimetière
Barrême (Alpes-de-Haute-Provence), tombe de Gérard Pierre-Rose au cimetière
Mézel (Alpes-de-Haute-Provence), stèle à la mémoire de Victor Arnoux et Gérard Pierre-Rose
Mézel (Alpes-de-Haute-Provence), stèle à la mémoire de Victor Arnoux et Gérard Pierre-Rose
Gérard Pierre-Rose dit Manfred
Gérard Pierre-Rose dit Manfred

SOURCES : Mémoire des Hommes SHD Caen DAVCC 21 P 136656 et Vincennes GR 16 P 476973 (nc). — Presse locale La Résistance des Basses-Alpes n°9, 30 novembre 1944.—Tropiques, revue des troupes coloniales n°320, avril 1950.— Fort de France, maquis des Basses-Alpes, Barrême, Amicale du Maquis Fort-de-France, 1984.— Jeanne Calovamme, Le renard n’aime pas le jambon. Maquisards à 20 ans (1942-1944), Aix-en-Provence, Édisud, 2004.— Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes de Haute-Provence 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, 1983— Mémorial de la Résistance et des combats de la Seconde Guerre Mondiale dans les Basses-Alpes, Digne, Secrétariat aux Anciens Combattants–CDIHP des Alpes-de-Haute-Provence, 1992.

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