RUTH Eugène.

Par Renée Dresse

Wegnez (aujourd’hui commune de Pepinster, pr. Liège, arr. Verviers), 10 août 1913 – Herstal (pr. et arr. Liège), 1er septembre 1973. Ouvrier métallurgiste puis permanent syndical socialiste de la Centrale des métallurgistes de Belgique, militant wallon.

Fils d’un ouvrier métallurgiste socialiste, Eugène Ruth milite très jeune dans les organisations socialistes de jeunesse. À l’âge de dix-sept ans, il est engagé comme ouvrier mouleur sur sable à la Fonderie Houget à Verviers (pr. Liège, arr. Verviers). En 1934, il devient délégué syndical. Il est actif dans les associations sportives locales et est secrétaire de la Jeune garde socialiste d’Ensival (aujourd’hui commune de Verviers). Vers 1935, il passe à la Jeunesse communiste et lors de la fondation de la Jeune garde socialiste unifiée, il devient secrétaire adjoint du comité régional.

Lors de la grève générale de 1936, Eugène Ruth joue un rôle important dans le comité régional de grève. Il est membre du comité régional de la Fédération syndicale des métallurgistes de Verviers et fait partie du comité d’aide à l’Espagne.

En 1938, Eugène Ruth commence les cours à l’École ouvrière supérieure (EOS) à Uccle (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). Dans ce cadre, il effectue des stages au syndicat, à la mutualité. Il reste à l’EOS jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Après sa mobilisation, il suit une année de spécialisation toujours à l’EOS. À partir de 1942, il participe aux activités clandestines du Parti communiste (PC). Comme délégué syndical, il continue son combat à la Fonderie Houget. Il est à l’origine de la formation d’un comité régional de métallurgistes. Après une grève en février 1944, il est arrêté et se voit contraint de travailler chez Daimler-Benz.

À la Libération, Eugène Ruth devient secrétaire du Syndicat unique des métallurgistes de Verviers. Une fois la fusion entre les organisations syndicales réalisée, il garde son mandat de secrétaire syndical de la section régionale de Verviers. Parallèlement, il est membre du Comité fédéral du PC de Verviers et devient en 1946 membre du Comité central. Il rompt avec le PC en 1948 car il entend préserver l’unité syndicale au sein de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB).

En 1959, Eugène Ruth devient secrétaire professionnel à la mécanique à la Fédération syndicale des métallurgistes de la province de Liège. C’est à ce titre qu’il suit de près la grève des « femmes-machines » de la Fabrique nationale d’Herstal (pr. et arr. Liège) en 1966 revendiquant l’égalité salaire homme-femme. Avec Guillaume Barbe, secrétaire général adjoint de la Fédération syndicale des métallurgistes de la province de Liège, et Jean Braham, permanent régional de la Centrale chrétienne des métallurgistes de Belgique, il est présent à la Ruche (maison du peuple) dès le 17 février 1966. Il soutient l’action menée soulignant que « L’ouvrière qui travaille aux machines, et qui est incontestablement une spécialisée, touche un salaire horaire qui varie entre 33,31 et 36,71 francs selon les marges bénéficiaires. Ces chiffres cités à titre d’exemple constituent la preuve irréfutable que la discrimination salariale entre les hommes et les femmes est effective et que les employeurs sont ainsi en contradiction avec l’article 119 du traité de Rome […]. » (Interview d’Eugène Ruth, Combat, 3 mars 1966) Il participe, avec Guillaume Barbe et Jean Braham, aux réunions de conciliation avec la direction de la FN. Il prend souvent la parole, au nom de la FGTB, pour exposer aux grévistes l’actualité des négociations. Il défend aussi à l’intérieur du syndicat la cause des femmes auprès des militants, insistant sur l’intérêt de les soutenir, les avertissant qu’« avec les techniques nouvelles, ils doivent s’attendre à ce que la FN tente de remplacer progressivement les ouvriers par les ouvrières, ces dernières constituant une main-d’œuvre moins chère… Ils ont donc intérêt à aider les femmes à faire aboutir leurs revendications. » (« La grève des ouvrières de la FN », Syndicats, 5 mars 1966, page Liège et Verviers, p. 6) Ruth suivra le dossier « FN » jusqu’à sa mort en 1973.

Eugène Ruth milite au Mouvement populaire wallon (MPW) fondé par André Renard en 1961. Il est membre du Conseil général du MPW en décembre 1964.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179590, notice RUTH Eugène. par Renée Dresse, version mise en ligne le 24 mars 2016, dernière modification le 7 mai 2021.

Par Renée Dresse

SOURCES : Notice biographique réalisée par Rik Hemmerijkx – Biographies réalisées par l’IHOES (Seraing) dans le cadre de l’exposition « Femmes en colère », janvier-février 2016 – DELFORGE, P., « Ruth Eugène », dans DELFORGE P., DESTATTE P., LIBON M. (dir.), Encyclopédie du mouvement wallon, t. III, Charleroi, 2001, p. 1449 – COENEN, M.-Th., La grève de la FN en 1966. Une première en Europe, Bruxelles, réédition, 2016 (Les carnets du CARHOP).

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