PAYET Bruny

Par Gilles Pichavant

Né le 1er juin 1922 à la Rivière Saint- Louis (la Réunion) ; ingénieur électricien, administrateur de presse, secrétaire général de mairie ; Secrétaire général de la CGTR (1974-1985) ; Membre du comité central du Parti Communiste Réunionnais (PCR) ; conseiller général de La Réunion, Conseiller régional ; Résistant, membre des FNFL

Le 15 juillet 1941 Bruny Payet, après des études secondaires au lycée Leconte-de-Lisle à Saint-Denis de la Réunion, obtint le Brevet de capacité colonial (équivalent du baccalauréat) dans la série “mathématiques”, avec la mention Bien.
Par arrêté du gouverneur Pierre Aubert, représentant de l’autorité du Maréchal Pétain à la Réunion, il fut nommé agent auxiliaire aux services économiques, détaché à la gestion des stocks de denrées diverses disponibles dans la colonie. Peu après l’arrivée à Saint-Denis du contre-torpilleur Le Léopard, le 28 novembre 1942, il s’engagea dans les Forces Françaises Libres (FFL) et rejoignit Brigade Navale de Casabianca et entra à l’École Navale de Casablanca. Il participa ensuite dans l’Atlantique Nord à la surveillance des nombreux convois alliés qui convergeaient vers l’Europe avec la 23e flotille MTB. Il fut nommé Enseigne de vaisseau 2ème classe, le 1er mars 1945, puis Enseigne de vaisseau 1ère classe, le 1er septembre 1946, et enfin Lieutenant de vaisseau.

La guerre terminée, il entra à l’École Supérieure d’Électricité de Paris, et obtint en 1944, un diplôme d’ingénieur électricien, premier réunionnais à obtenir cette qualification. « Trop diplômé, selon l’administration française, pour exercer à la Réunion », il travailla en Algérie.

En 1953, de retour sur son île, il fut embauché par le docteur Raymond Vergès*, en qualité de secrétaire général de la mairie de Saint-André (La Réunion), et le resta jusqu’en 1957. Le député-maire, qui était aussi directeur de Témoignages, lui confia la co-direction du journal en avril 1955, un organe de presse asphyxié financièrement en raison de multiples procès, responsabilité qu’il gardera jusqu’en 1974. En 1955, avec Paul Vergès*, il participa au sauvetage de l’usine sucrière de Quartier Français de René Payet.

Destitué de son poste à la mort du docteur Raymond Vergès en 1957, il tenta de se faire embaucher dans l’Education nationale, sans succès, car l’administration lui barra la route malgré ses diplômes.

En 1961, à la tribune du congrès du PCF, il déclara : « L’avenir est la liberté des peuples. L’avenir est avec le camp du socialisme triomphant avec à sa tête la glorieuse Union Soviétique. L’avenir est avec les peuples coloniaux qui luttent pour leur indépendance. L’avenir n’appartient-il pas à l’héroïque peuple qui arrache son indépendance ! L’avenir est à tous les peuples qui luttent pour leur libération sociale et politique ».

En 1968, il était Conseiller général du canton du Port (La Réunion). Le 16 décembre 1968, il dénonça la déportation d’enfants de 631 enfants dans le cadre du Bumidom, à l’occasion de la délibération sur un rapport concernant la création de postes d’éducateurs en milieu ouvert à la réunion : il dénonça avec force "(…) la politique qui concerne les jeunes enfants de deux ou trois ans que l’on envoie dans la Creuse dans une maison dirigée par M. Barthes, ancien directeur de la population de la Réunion, et ces enfants sont stockés dans cette maison. Ensuite ils sont répartis sans doute dit-il, en France".

Bruny Payet fut de nouveau conseiller général PCR du canton du Port de 1973 à 1985. Le canton ayant été divisé en deux, il fut conseiller général du canton du Port 2 de 1985 à 1992, l’autre canton étant gagné par Paul Vergès* (PCR).

Secrétaire général de la CGTR, Confédération générale des travailleurs réunionnais jusqu’en 1987, lors du 4e congrès de la CGTR le 23 juillet 1978, il s’écria devant les congressistes : « Vive la Réunion libre, autonome, démocratique et populaire ! » En 1976 il devint le directeur et gérant de l’organe de la CGTR, le Travailleur réunionnais.
Le 28 février 1982, dans une résolution de la commission exécutive de la CGTR, il demanda la fermeture du Consulat d’Afrique du Sud à la Réunion, qu’il obtint un peu plus tard.

Les 16 - 17 –18 août 1971, à Morne-Rouge (Martinique), il participa en tant que représentant de la CGTR à la Convention pour l’autonomie regroupant des représentants de partis politiques et syndicats de l’Outre-mer français. Il signa un texte réaffirmant le droit des peuples à l’autodétermination et réclamant une assemblée unique « chargée d’élaborer un statut nouveau de nos pays à négocier avec le gouvernement français ».

Le 19 juin 1973, comme porte-parole du Comité local de coordination pour l’autodétermination, il s’éleva contre le projet de création d’une base militaire à Pierrefonds, dans le sud de l’île, et d’une base de radionavigation du système mondial américain Oméga à Saint-Paul.

Le 10 décembre 1976, à L’Humanité, il déclara à « Les luttes ont atteint un tel niveau que notre peuple est engagé dans un processus d’accession à la responsabilité, à l’autonomie démocratique et populaire. Processus défini à Morne Rouge comme la voie au suffrage universel. Nous pensons que les masses populaires font confiance aux organisations réclamant l’autonomie et qu’elles sont conscientes qu’il s’agit de la meilleure forme de développement. À la Réunion et dans l’environnement géographique de l’île, ainsi qu’en France, peuvent être réunies aujourd’hui les conditions démocratiques nécessaires pour nous conduire à la victoire par ce processus »

En septembre 1982 il était membre de l’Association des élus républicains de la Réunion présidée par Lucet Langenier *.

Il fut élu Conseiller régional le 20 février 1983 sur la liste “Développement, Solidarité, Justice et Liberté” conduite par Paul Vergès à l’élection au Conseil régional de la Réunion.

Le 17 décembre 2005, il fut signataire d’un “Appel à la célébration du 19 mars 1946” abolissant le statut colonial.

En mars 2007, il se déclara opposé aux projets de Tram-Train et de la route digue gérés par la Région Réunion présidée par Paul Vergès.

Le 6 juin 2015, le journal Témoignages revint sur son parcours militant à l’occasion d’un compte rendu d’une rencontre organisée à l’occasion de son 93 anniversaire.

Divorcé. 2 enfants. Chevalier de la Légion d’Honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179662, notice PAYET Bruny par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 1er avril 2016, dernière modification le 1er avril 2016.

Par Gilles Pichavant

Bruny Payet dans une manifestation le 12 octobre 2010
Bruny Payet dans une manifestation le 12 octobre 2010

Source : Historique des FNFL — TémoignagesParcours d’officiers dans la RoyaleCélébrités de la Réunion de Jérôme l’archiviste, 2009. — PV de la délibération de l’assemblée départementale ordinaire, 2e cession de l’année 1968, conseil général, 436 pages, rapport N°16/Ddas, p87, cité dans Une enfance volée, par Sudel Fuma, Yvan Combeau, Jean-Jacques Martial, Pascale Frey, p131. — La tribune des Antilles

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