BRISSAUD Gabriel, Auguste

Par Pierre Broué

Né le 24 août 1894 à Siccieu-Saint-Julien-et-Carisieu (Isère), mort en déportation le 8 juillet 1944 au camp de Mauthausen (Allemagne) ; instituteur ; militant de la CGTU, de la CGT et du Parti communiste.

G. Brissaud entra en 1911 à l’École normale d’instituteurs de Grenoble et s’y lia avec Raoul Faure, avec qui il fréquenta la Bourse du Travail où il reçut les premiers rudiments d’une formation socialiste.

Mobilisé dans l’infanterie à sa sortie de l’école, il fut blessé à trois reprises, en 1915, 1916 et 1917, terminant la guerre avec trois citations, la médaille militaire, la croix de guerre et une pension d’invalidité de 55 %.

Il fut nommé en octobre 1919 instituteur à Corbelin (Isère), y fonda une section de l’ARAC et adhéra au Parti socialiste où il se rangea d’emblée parmi les partisans de l’adhésion à la IIIe Internationale. Il anima le groupe communiste de Corbelin, puis celui de Meyzieux, où il fut muté en octobre 1921.

Il se maria en 1923 à une de ses collègues, Andréa Trouillon – dont la sœur était la femme de Lucien Desblache* – et ils furent tous deux nommés à Chasse-sur-Rhône. Militant en direction des ouvriers de la sidérurgie, il y éditait en 1924 un journal ronéotypé, Haut-Fourneau Rouge. Il était également le conseiller d’un syndicat local de cheminots affilié à la CGTU et qui compta jusqu’à deux cent cinquante adhérents. Son activité provoqua l’inquiétude des autorités et de fréquentes récriminations du commissaire de police qui suggérait inlassablement le déplacement de cet instituteur trop remuant vers « un centre moins important ».

Le ménage Brissaud fut muté en 1928 à Ruy, près de Bourgoin, puis à Lumbin, sans que cette mutation entraîne de changement de rythme dans leur vie militante. Brissaud devint dès lors le spécialiste régional du PC dans le « travail paysan ». Président du comité paysan régional, il multiplia les cellules paysannes - une quarantaine au total, selon la presse de son Parti - au dehors comme à l’intérieur du rayon du Touvet dont il était le secrétaire.

Depuis 1921, il militait dans le syndicat départemental adhérent à la Fédération unitaire de l’enseignement, et fut membre de son bureau fédéral. Avec les autres militants de la fraction du PC, il animait depuis 1930 la « minorité oppositionnelle révolutionnaire » (MOR) qui combattait la « majorité fédérale » que dirigeaient des exclus du PC, Jean Aulas*, Gilbert Serret* et Dommanget*. Il fut délégué aux deux derniers congrès de la Fédération, à Montpellier en 1934, et à Nice, en 1935, à la veille de la réunification.

En octobre 1937, Brissaud fut candidat du Parti communiste aux élections cantonales. Lors de la grève du 30 novembre 1938, il semble avoir suivi les instructions données par la direction départementale du SNI d’assurer la réception des élèves pour éviter la répression.

Considéré depuis longtemps par la police comme un dangereux « meneur », il fit partie des quarante-huit militants arrêtés le 30 novembre 1940, et fut interné au Fort-Barraux. Il fut transféré au début de 1941 en Algérie, dans la redoute de Bossuet. Dans l’intervalle, après avoir été suspendu de ses fonctions d’instituteur-adjoint par mesure administrative, il avait été réintégré dans l’Education nationale, affecté dans l’Ardèche à Saint-Martin-de-Valamas. Il fut libéré au mois de juillet 1941 et revint en France. Renommé dans l’Isère l’année suivante, il fut de nouveau arrêté comme otage au début de 1944 et, cette fois, déporté en Allemagne où il mourut.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17974, notice BRISSAUD Gabriel, Auguste par Pierre Broué, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 18 octobre 2021.

Par Pierre Broué

SOURCES : Arch. Dép. Isère, 52 M 119, 77 M 1, 2. — le Travailleur Alpin, 22 août 1936, 11 juin 1937. — Gérard Bouchet, Le PC dans l’Isère, 1923-1925, TER, Grenoble, 1972.

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