VANGREVELINGHE Raphaël, Jean, Jérémie

Par André D. Robert

Né le 16 avril 1906 à Rosendaël (Nord) ; mort le 10 décembre 1949 à Marquette (Nord) ; professeur ; résistant ; acteur de la réforme de l’enseignement débattue par la France libre.

Fils de François, Cornil Vangrévelinghe, peintre, et de Louise, Émélie Martel, ménagère, Raphaël Vangrévelinghe obtint le baccalauréat (série Mathématiques élémentaires) en 1925. Sa carrière dans l’enseignement commença le 11 novembre 1925 presqu’exclusivement dans le Nord et le Pas-de-Calais. Il fut maître d’internat successivement à Calais (1925-1926), Douai (1926-1928), au lycée Faidherbe de Lille (1928-1929). En congé pour études pendant deux ans (novembre 1929-novembre 1931), il fut nommé maître d’internat à Saint-Omer pour quelques jours (du 3 au 12 novembre 1931) puis répétiteur titulaire aux collèges classique et moderne jumelés de Dunkerque (1931-1933), au collège de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) (en 1934, après un congé pour convenance personnelle pour études et après avoir obtenu sa réintégration), puis à celui de Saint-Amand-les-Eaux (1935-1936) où il enseigna les mathématiques.

Raphaël Vangrévelinghe obtint une licence ès sciences mathématiques à Lille en 1928 (certificats de mathématiques générale, mécanique rationnelle, calcul différentiel, géométrie supérieure), ainsi qu’un diplôme des Hautes Études Commerciales (1933, Paris). Il accomplit aussi deux années de licence en droit à Paris qui lui valurent le titre de bachelier en droit première partie (1931-1933).

Raphaël Vangrévelinghe demandait régulièrement une mutation (par exemple sur un poste de surveillant général en métropole, en Afrique du Nord ou en Corse, ou sur un poste de professeur de collège ou d’enseignement technique en France métropolitaine ou en Algérie). En 1936, il fut finalement détaché au lycée français de Londres. Son arrêté de nomination en date du 17 décembre 1936 stipule qu’il est mis à la disposition du ministre des Affaires étrangères pour occuper un emploi de répétiteur pendant une durée de 5 ans. Enseignant, syndicaliste, il était partisan de méthodes pédagogiques inspirées de celles de l’éducation nouvelle. Un rapport sur ses pratiques d’enseignement, rédigé le 21 juin 1937 par le directeur de l’Institut français de Londres, Denis Saurat, professeur de faculté, était assez élogieux. Il enseignait plusieurs matières (français, arithmétique, géographie notamment) dans les sections commerciales uniquement composées d’élèves anglais et étrangers. Son épouse était professeur dans ce même lycée.

Vangrévelinghe ne fut pas évacué dans le Cumberland avec le lycée français (déménagé de Londres à Penrith) ; restant en Angleterre après avoir été réformé à la suite d’une visite médicale au Consulat général de France (7 octobre 1939), domicilié à Cambridge, il offrit ses services au général de Gaulle, chef de la France Libre. Membre du Comité exécutif du Centre syndical français de Londres, il donna des commentaires réguliers à la BBC sous le pseudonyme de Raphaël Martel, nom de jeune fille de sa mère.

Il fit partie, du 8 juillet 1942 au 27 juillet 1943, de la section « des questions intellectuelles et d’enseignement » présidée par le professeur de chimie Joseph Cathala dans le cadre de la commission pour « l’étude des problèmes internes et internationaux d’ordre juridique et intellectuel » confiée par le général de Gaulle à René Cassin, commissaire national à la Justice et à l’Instruction publique, en vertu d’un décret du 2 décembre 1941. Au sein de cette section ou « sous-commission », Vangrévelinghe rédigea de nombreuses notes consacrées notamment aux questions de laïcité. Il présenta, le 14 mai 1943, un rapport sur « l’enseignement primaire et la coordination du primaire et du secondaire » qui préconisait de prolonger la scolarité obligatoire jusqu’à seize ans (cette obligation ayant été portée à 14 ans par la réforme Jean Zay de 1937), de limiter les classes à vingt élèves maximum, et de « faire passer l’enfant avant le programme ». Dans le même texte, il dénonçait « la trop grande rigidité des programmes et la centralisation excessive de l’éducation en France », disant vouloir « éviter le “bourrage de crâne“ ». Lors de la session du 28 mai 1943, Vangrévelinghe défendit et commenta le « Rapport sur l’orientation professionnelle, l’enseignement post-scolaire et l’apprentissage » préparé par le syndicaliste CFTC Yvon Morandat, absent. A la séance suivante du 11 juin 1943, il présenta, à la demande de la présidence de la section, ses propres analyses sur l’orientation et l’éducation professionnelle. Également membre de la section de réforme de l’État, relevant elle aussi de la commission pour « l’étude des problèmes internes et internationaux d’ordre juridique et intellectuel », Raphaël Vangrévelinghe y fit en novembre 1942 la proposition d’un abaissement de la majorité légale à 18 ans, acceptée à l’unanimité. Dans le cadre du Centre syndical français en Grande-Bretagne, il rédigea, avec Henry Hauck, un projet de nouvelle constitution pour la France, ébauchant l’idée d’une école d’administration.

Raphaël Vangrévelinghe était toujours en activité en qualité de professeur licencié (6e échelon) au lycée français de Londres, où il fut maintenu après la guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179764, notice VANGREVELINGHE Raphaël, Jean, Jérémie par André D. Robert, version mise en ligne le 6 avril 2016, dernière modification le 6 avril 2016.

Par André D. Robert

SOURCES : Arch. Nat. F/17/27459, 71 AJ 62 « France combattante, secrétariat des commissions », (procès-verbaux des réunions de la section enseignement). — Jean-François Muracciole, Les enfants de la défaite. La Résistance, la culture et l’éducation (1940-1944), Paris, Presses de Sciences Po, 1998, André D. Robert, « La commission Cathala et le modèle anglais, Londres 1942-1943 », Carrefours de l’éducation, n° 41, (2016).

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