MARCO Ramon

Par Michel Thébault

Né le 9 février 1922 à Barcelone (Espagne) , fusillé le 4 avril 1944 après condamnation d’une cour martiale du régime de Vichy à la maison d’arrêt de Limoges (Haute-Vienne) ; républicain espagnol ; résistant et maquisard FTPF de la Creuse.

Fils de Ramon et Abstinencia Marco, célibataire, il exerçait à Barcelone la profession de boucher charcutier. Engagé dans la défense de la République espagnole, il dut (avec son père) lors de la défaite de 1939 se réfugier en France. Entré sur le territoire français le 29 janvier 1939, il fut interné dans divers camps dont ceux d’Argelès-sur-Mer et de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Après la promulgation de la loi du 27 septembre 1940 organisant les GTE (Groupement de Travailleurs Etrangers), et prévoyant de mettre les étrangers des GTE à la disposition d’entreprises, il fut affecté au GTE 427 (Pyrénées-Orientales). En juin 1943, il fut requis pour partir travailler à Agde (Hérault) dans le cadre de l’organisation Todt qui entama à partir de l’été 1943 des travaux de fortification sur la côte méditerranéenne. Il s’évada au bout d’un mois et rejoignit la région de La Souterraine (Creuse). Un tel choix reflète sans nul doute le maintien de solidarités entre républicains espagnols et vraisemblablement la présence du parti communiste clandestin. En effet à cette époque, pour la seule région de La Souterraine, plus de 150 militants communistes se répartissaient sur treize communes. Alain Guérin, dans sa chronique de la Résistance (op. cit.) y signale : « une solide organisation sur laquelle comptait le comité militaire régional des FTP, organisation capable d’assurer l’hébergement des réfractaires du STO, de s’occuper du ravitaillement des maquisards, de leur ravitaillement et de la sécurité des camps ». Ramon Marco devint ouvrier agricole d’abord chez un agriculteur résistant, au hameau de Neuville, commune de Lizières (Creuse), puis dans la commune de Noth (Creuse), toujours dans le même secteur de La Souterraine.
Depuis octobre 1943, le responsable régional FTPF avait décidé de réunir les Espagnols engagés dans la clandestinité au sein d’un groupe FTP-MOI (Main d’Œuvre Immigrée), au hameau de Nouvelours, commune de Grand-Bourg, à l’endroit où Vidal De Juana Baldazo avait travaillé entre 1941 et 1943 et noué de solides amitiés. Ramon Marco intégra donc ce maquis. Le 20 mars 1944, suite à une dénonciation, une vaste opération policière fut menée dans la commune de Grand Bourg, par la 20ème brigade de police de sûreté du gouvernement de Vichy appuyée par des détachements du 5ème régiment de la Garde et du GMR Berry stationné à la Souterraine. Quatre maquisards espagnols furent arrêtés, parmi eux Ramon Marco, qui fut le premier capturé en tentant d’échapper à l’encerclement du hameau. Les agriculteurs soupçonnés d’avoir hébergé les maquisards furent également arrêtés et déportés à Buchenwald. Ramon Marco fut conduit à Limoges (Haute-Vienne) avec José Fuentès et Francisco Roberto et incarcéré à la maison d’arrêt. Remis à la Milice, ils subirent interrogatoires et tortures sous l’autorité de Jean Filliol (un des fondateurs de la Cagoule) chef du deuxième bureau (renseignement) de la Milice de Limoges. Ramon Marco fut finalement présenté le 4 avril 1944 devant une "cour martiale" itinérante et anonyme créée en janvier 1944 sous l’autorité du gouvernement de Vichy. Condamné à mort, il fut aussitôt avec ses deux camarades, fusillé à 17 h. dans l’enceinte de la prison. En même temps qu’eux fut également fusillé un résistant FTPF des maquis de la Haute-Vienne, René Jallageas.
Inhumé dans un premier temps au cimetière de Louyat, son corps fut transféré après la guerre à Carcassonne. A la demande de son père Ramon Marco demeurant à Brouilla (Pyrénées-Orientales) il fut déclaré Mort pour la France par décision du 7 juillet 1975. Son nom figure sur le monument des Espagnols arrêtés à Nouvelours, édifié par la municipalité de Grand-Bourg en 1978, au lieu-dit La Montagne, sous l’impulsion de l’A.N.A.C.R de la Creuse. Il figure aussi à Guéret (Creuse) sur le mémorial de la Résistance creusoise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179775, notice MARCO Ramon par Michel Thébault, version mise en ligne le 6 avril 2016, dernière modification le 1er avril 2022.

Par Michel Thébault

SOURCES : Etat-civil — Dossier DAVCC Caen — Archives municipales de Limoges 4 H 142 — Alain Guérin, Chronique de la Résistance, éditions Omnibus, nouvelle édition 2010. — Marc Parrotin, Le temps du maquis, histoire de la Résistance en Creuse, Verso, 1984 et Immigrés dans la résistance en Creuse, Verso, 1998 — Christophe Moreigne, Réfugiés et travailleurs étrangers dans la Creuse (1940 – 1944) , ARSVHRC 2006 et l’internement des travailleurs étrangers in La Creuse pendant la seconde guerre mondiale, Le Puy Frau, 2012 — Eva Léger, L’exil républicain espagnol en Limousin, cartographie des mémoires, des imaginaires et des appartenances, thèse de doctorat Paris Ouest Nanterre, 2014 — Article de presse La Montagne.

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