ZILLIOX Louis

Par Jean Limonet

Né le 10 octobre 1927 à Algrange (Moselle), mort le 20 avril 2022 à Affoltern-am-Albis (canton de Zürich, Suisse) ; sidérurgiste puis cadre administratif et contrôleur de gestion ; permanent JOC (1950) ; secrétaire du syndicat sidérurgie CFTC-CFDT de la Moselle ; trésorier national à la Fédération générale de la Métallurgie (1959-1967).

Louis Zilliox en octobre 1992
Louis Zilliox en octobre 1992
Collection Jean-Marie Conraud

Né dans une famille marquée par la culture franco-allemande tant géographiquement qu’historiquement, Louis Zilliox avait des grands-parents alsaciens, du côté paternel, Mosellans/Sarrois, du côté maternel. Au gré des conflits, sa famille fut tantôt française, tantôt allemande. Aîné d’une fratrie de six enfants, il grandit à Algrange où son père Louis Ferdinand, né en 1904 à Baden-Baden (Allemagne) et revenu en Moselle en 1920, était manœuvre à l’usine sidérurgique d’Hagondange (Moselle), puis ouvrier spécialisé à la SMK à Knutange pendant quarante ans. Sa mère, Joséphine Dorn, née en 1905 à Althorn (Moselle), fille d’ouvrier, avait travaillé avant son mariage dans une entreprise de livraison de lait. Tous deux étaient des catholiques pratiquants.
La scolarité de Louis Zilliox fut interrompue fin 1939 par l’occupation allemande et il fut obligé de la terminer pendant un an sous l’autorité allemande jusqu’en juillet 1941. Il entra ensuite à l’usine De Wendel d’Hayange pour faire un apprentissage d’employé de bureau (son CAP n’aura été reconnu à Strasbourg qu’en janvier 1948). Mobilisé par les autorités allemandes, il fut contraint de participer au service obligatoire du travail à partir de juillet 1944, puis d’intégrer l’armée allemande. Prisonnier des Soviétiques sur l’Elbe, en mai 1945, il rentra en Lorraine qu’en septembre 1945 et fut démobilisé quelques jours plus tard, le 19, par l’armée française.
À son retour, Louis Zilliox travailla à la Société métallurgique de Knutange (SMK) d’avril 1946 au 15 janvier 1950, comme employé de bureau puis comme agent de contrôle thermique. Ce fut alors, à la suite de rencontres avec des camarades militants de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), qu’il adhéra au mouvement en 1949 et s’engagea dans de nombreuses activités concernant les loisirs et les droits des jeunes travailleurs. En 1950, il devint secrétaire permanent national JOC à Paris où il exerça la responsabilité des relations avec l’Allemagne dans le cadre des stages franco-allemands tant en France qu’en Allemagne ainsi que celle des relations avec les jeunes émigrés, maintenant des relations suivies avec ses amis Lorrains. En fin de mandat, en novembre 1952, il retourna en Lorraine et travailla comme aide chimiste au laboratoire du service thermique de la SMK jusqu’en octobre 1953.
Dès lors Louis Zilliox milita à la CFTC avec ses amis de l’entreprise, dont Victor Madelaine et au syndicat avec Eugène Descamps aux côtés d’une CGT mosellane fortement implantée dans les usines de la sidérurgie et les mines de fer qui exerçait une forte domination sociale et culturelle avec le soutien du parti communiste. L’augmentation du nombre d’adhérents CFTC, sa progression importante aux élections professionnelles et ses actions menées changèrent peu à peu la donne, apportant une nouveauté chez les salariés sidérurgistes d’autant que, après la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en avril 1951, son comité consultatif eut obligation d’informer ses membres, représentants patronaux et salariés CFTC, mensuellement sur l’évolution de la production et de toutes les questions liées à cette industrie européenne. Parallèlement, en tant que représentant la CFTC, Louis Zilliox organisa des formations de responsables de syndicats régionaux CFTC de la sidérurgie, en lien avec des syndicats belges sur les questions européennes avec le soutien de personnalités engagées en Europe.
Les effectifs du syndicat de la sidérurgie CFTC croissant, Louis Zilliox devint en 1953 secrétaire permanent du syndicat au moment où le syndicat CFTC de la sidérurgie lorraine se constituait. Après le départ d’Eugène Descamps – appelé lui-même à prendre la responsabilité de secrétaire général de la Fédération de la Métallurgie à la suite de Charles Savouillan –, il fut désigné comme secrétaire général. Avec de nouvelles structurations, la CFTC sidérurgie réussit à modifier les relations avec la chambre patronale régionale de la sidérurgie et obtint à tenir les réunions paritaires au niveau régional, contrairement à ce qui se réalisait de manière séparée au niveau départemental. Louis Zilliox prit une part importante dans cette évolution, et un accord paritaire permit de supprimer en Moselle, les 16 heures de travail d’affilée du service continu, lors des changements de postes de la tournée de nuit.
Au XXXe congrès fédéral, en décembre 1958 à Paris, il entra au bureau fédéral au titre de la branche sidérurgie. Il assuma immédiatement la responsabilité de président de la commission fédérale permanente intitulée « mensuels ». À la suite du renouvellement important des membres du bureau fédéral au congrès de septembre 1952 et du développement de la fédération en nombres d’adhérents, il fut décidé au congrès de Paris en 1958 d’élargir le secrétariat fédéral, composé alors de trois permanents à Paris, Eugène Descamps, Laurent Lucas, Jean-Paul Murcier. Dès les premiers mois de 1959, Louis Zilliox fut appelé à prendre la responsabilité de secrétaire fédéral, chargé de la branche nationale de la sidérurgie et des mensuels. Il quitta ses fonctions dans l’est et fut remplacé par René Carème, rejoignant ainsi son ancien camarade de Lorraine, Eugène Descamps.
Cette même année, Laurent Lucas devenu chef de division au secteur social confédéral début 1960, Louis Zilliox fut trésorier de la fédération. Deux nouveaux secrétaires fédéraux furent embauchés, Pierre Jeanne et André Soulat, ce qui élargissait le secrétariat permanent à cinq personnes. Au congrès de Lyon le 30 septembre-2 octobre 1960, il fut réélu secrétaire fédéral trésorier et allait continuer d’exercer cette lourde responsabilité jusqu’à la fin de son mandat. Il fut également chargé d’animer un grand débat lors du congrès fédéral de Vincennes en octobre 1962 sur « Démocratie et vie syndicale ». Il participa activement à la réunion extraordinaire du conseil national de la fédération le 23 octobre 1964 dont l’objet fut le positionnement de la fédération au congrès confédéral le mois suivant, l’évolution de la CFTC et la création de la CFDT.
Ce fut au congrès suivant, en avril 1965 que Louis Zilliox fut le grand artisan de la construction des nouvelles structures de la fédération en particulier en constituant un conseil fédéral plus large et plus représentatif des différentes composantes des équipes syndicales de la métallurgie, à la place du bureau fédéral précédent. Le nouveau conseil fédéral avec 46 membres comprenant 25 élus et 21 désignés, trouva des équilibres succincts, d’une part, entre élus présentés par les syndicats à l’élection au congrès, et d’autre part entre membres désignés (21) partagés entre géographie (Unions Métaux, 10) et branches industrielles (10) puis un représentant des cadres. En même temps, les Unions Métaux furent reconnues comme structures régionales intermédiaires, financées par une politique de décentralisation des moyens financiers fournis par les cotisations et pensées comme outil de développement et de structuration dans les régions.
Des nouveaux statuts furent adoptés et la fédération de la métallurgie CFTC devint la fédération générale de la métallurgie, FGM-CFDT. Une nouvelle charte financière fut constituée pour assurer les répartitions des ressources des cotisations afin que les diverses structures fussent alimentées pour un fonctionnement équilibré et harmonieux. Ses nombreuses charges le conduisirent à participer à la commission nationale sidérurgie du IVe plan, puis à celle de la branche aéronautique et à être responsable de la diffusion du journal La Voix des Métaux.
En 1967, Louis Zilliox quitta le secrétariat fédéral et fut remplacé dans les fonctions de trésorier par René Carème, qui était arrivé de Lorraine au secrétariat fédéral en juin 1963. Il suivit alors une formation de cadre administratif à l’Institut de gestion prévisionnelle et contrôle de gestion de Paris puis, après une période chez un promoteur parisien, il entra au service de contrôle de gestion de la banque de la Construction et des travaux publics de Paris.
En 1978, il s’installa en Suisse, pays de son épouse, et poursuivit sa carrière professionnelle à l’Union de banques suisses jusqu’à sa retraite en 1992. Louis Zilliox s’était marié le 10 juillet 1953 avec Paula Zehnder, elle-même engagée dans le scoutisme, qu’il avait connue à l’occasion d’une rencontre franco-allemande ayant eu lieu en Allemagne, près de Cologne. Son épouse, employée en tant que secrétaire bilingue jusqu’à son mariage, fit partie du PSU en Moselle et créa une association familiale lors de leur séjour en région parisienne. La famille s’était élargie en 1954 par la naissance d’un fils et en 1956 par celle d’une fille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179786, notice ZILLIOX Louis par Jean Limonet, version mise en ligne le 7 avril 2016, dernière modification le 3 mai 2022.

Par Jean Limonet

Louis Zilliox en octobre 1992
Louis Zilliox en octobre 1992
Collection Jean-Marie Conraud

SOURCES : Archives interfédérales FGMM-CFDT. — Laetitia de Warren, L’emploi au cœur. L’histoire de la CFDT sidérurgie Lorraine, Édition Serpenoise, 2009. — Notes de Jean-Marie Conraud. — Entretien du 16 juillet 2010 à Zurich par Dominique Gillier et Jean Limonet ; entretien à Dietikon (Suisse), du 2 juillet 2014 par Jean Limonet. — Divers échanges de correspondance. — Sources familiales.

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