VERNEIGES Geneviève, Julienne [née GUENOT, épouse BOUCHARD, puis VERNEIGES. Pseudonyme dans la clandestinité : Annette]

Par Julien Lucchini

Née le 2 janvier 1915 à Billy-sur-Oise (Nièvre), morte le 20 octobre 1992 à Auxerre (Yonne) ; militante communiste, secrétaire fédérale de l’Yonne ; syndicaliste CGT ; conseillère générale de l’Yonne (1945-1951) ; résistante ; déportée, présidente de l’ADIRP de l’Yonne (1963-1979).

Issue d’une famille de cultivateurs nivernais, fille de Julien Guenot et de Valentine Guiltat, Geneviève Guenot grandit entre un père radical-socialiste et une mère catholique. Son frère et sa sœur devinrent, comme leurs parents, cultivateurs. Elle suivit une scolarité qui la conduisit jusqu’au certificat d’études primaires et n’exerça probablement pas d’activité professionnelle. En décembre 1934, alors âgée de dix-neuf ans, elle épousa à Massange (Yonne) Léon Bouchard, cheminot, militant communiste et syndicaliste. Le couple eut trois enfants, nés en 1936, 1938 et 1942. Genevève Guenot, devenue Bouchard, était alors simple sympathisante du Parti communiste.

Son époux ayant renoué sous l’Occupation des liens avec les responsables locaux du Parti communiste clandestin, le logement des Bouchard servit, à partir de 1942, de point de chute à Marcel Mugnier, responsable départemental. Il semble que Geneviève Bouchard ait dès lors prit part à l’action clandestine. Le logement qu’elle occupait avec son époux servit de dépôt de courriers et de lieu d’hébergement. À la fin 1942, une perquisition eut lieu à leur domicile et les deux époux furent séparés, Léon Bouchard devant gagner l’Aube où il devint responsable du parti clandestin et des FTP, sous les pseudonymes d’Allain puis de Georges. Geneviève Bouchard adhéra alors, début 1943, au Parti communiste, et fut nommée responsable locale aux femmes. En janvier 1943, elle avait constitué un groupe de femmes à Migennes (Yonne). Sous le pseudonyme d’Annette, elle partit à son tour pour la Marne où, trois mois durant, elle exerça la responsabilité du département. Elle avait, durant cette période, confié son plus jeune enfant à ses parents, toujours installés à Billy-sur-Oise, et ses deux aînés dans l’Aube.

Le 18 août 1943, à Reims, alors qu’elle avait rendez-vous avec une militante clandestine, Geneviève Bouchard fut arrêtée par la Gestapo en compagnie de l’une de ses amies. Emmenée dans les locaux de la Gestapo, fouillée, elle était alors en possessions de tracts. Les officiers allemands trouvèrent également sur elle des exemplaires de La Vie du Parti, de l’Humanité et de La Vie ouvrière. Incarcérée à la prison Robespierre, elle ne fut interrogée qu’à partir du 23 août suivant, jusqu’au 28 août, ses geôliers n’épargnant pas leurs coups pour obtenir des informations sur l’activité clandestine du Parti communiste. Informations qu’elle affirmait ultérieurement n’avoir pas dévoilées. Transférée à Laon, elle y demeura jusqu’au 1er février 1944 et, de là, fut envoyée à Compiègne, puis au fort de Romainville. Dans ce camp d’internement de la région parisienne, elle se mit en lien avec d’autres communistes arrêtés et incarcérés avec elle. Le 18 avril, elle fut déportée à Ravensbrück, où elle se souvint, dans son questionnaire biographique de 1950, avoir profité d’une mise en quarantaine pour organiser des cours collectifs et de la propagande pour son parti. Le 31 mai 1944, elle quitta Ravensbrück pour le camp d’Holleischein, dans les Sudètes. À la libération de ce camp, en mai 1945, elle fut rapatriée en France, où elle arriva le 24 mai. Jusqu’à la fin de sa vie, Geneviève Bouchard conserva les séquelles physiques de sa déportation.

Son mari, Léon Bouchard, avait quant à lui été arrêté en mars 1944 et déporté à Bergen-Belsen, dont il ne revint pas. Désormais veuve, Geneviève Bouchard s’investit alors dans ses activités militantes. En septembre, elle suivit une école de formation fédérale du Parti communiste à Auxerre. Nommée responsable départementale adjointe de l’Union des femmes françaises (UFF), elle adhéra au Secours populaire et, en novembre, prit sa carte à la CGT. Présentée sur la liste Mouvements unis de la Résistance (MUR) aux élections départementales de 1945, elle fut élue conseillère générale du canton d’Aillant-sur-Tholon, et le demeura jusqu’en 1951. Ratifiée en troisième position aux élections législatives l’année suivante, elle ne fut pas élue.

Fin 1946, le responsable aux cadres soulignait son intense activité au sein de l’organisation de masse des femmes. Elle fut alors proposée pour une école centrale du parti en janvier 1947 mais, n’ayant pu se libérer, elle ne s’y rendit pas. Cette même année 1947, Geneviève Bouchard devint responsable départementale de l’UFF. Elle avait été élue, en 1946, au bureau fédéral de l’Yonne, dont elle démissionna en mars 1948, la fédération de l’Yonne étant alors en proie à des divisions et conflits internes, et un autre membre du bureau ayant formulé à l’encontre de la vie privée de Geneviève Bouchard des accusations qui, malgré enquête, ne furent jamais confirmées.

Le 12 juillet 1949, Geneviève Bouchard épousa en secondes noces, à Bleigny-le-Carreau (Yonne), Paul, René Verneiges, instituteur et militant communiste de l’Yonne, lui aussi rescapé de la répression allemande – il avait été interné à Minem –, qui était son compagnon depuis 1948. Membre de la section de Ligny-le-Châtel (Yonne), elle fut réélue au comité fédéral de l’Yonne en 1953 et, trois ans plus tard, elle siégeait comme secrétaire fédérale. En mars 1957, elle demanda à être déchargée de cette responsabilité en raison de son état de santé, dégradé depuis sa déportation, et du fait qu’elle considérait être trop isolée et éloignée des masses. Devenue membre du bureau fédéral, elle y siégea jusqu’en 1962 où, en désaccord avec les orientations du parti, elle quitta toute responsabilité fédérale.

Établie à Auxerre, où son époux enseignait, elle assuma la présidence de l’Association des déportés, internés et résistants patriotes (ADIRP) de l’Yonne, de 1963 à 1979. Elle mourut en 1992, à Auxerre, trois ans avant son époux. La ville d’Auxerre fit apposer son nom sur son monument aux fusillés et déportés de la Seconde Guerre mondiale.

Geneviève Verneiges, Chevalier de la Légion d’Honneur, fut décorée de la Médaille militaire, de la Croix de Guerre et de la médaille de la Résistance française.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179841, notice VERNEIGES Geneviève, Julienne [née GUENOT, épouse BOUCHARD, puis VERNEIGES. Pseudonyme dans la clandestinité : Annette] par Julien Lucchini, version mise en ligne le 25 avril 2016, dernière modification le 3 septembre 2020.

Par Julien Lucchini

SOURCES : Arch. comité national du PCF. – Notices de Paul Verneiges, par Jean-Yves Boursier, et de Léon Bouchard, par Jean-Pierre Besse et Guy Lavrat, in Le Maitron. – Mémorial GenWeb. – Fondation pour la mémoire de la déportation, Livre Mémorial. – « Les femmes dans la Résistance de l’Yonne », site de l’ARORY. — État civil.

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