ARNOULD Arthur [ARNOULD Charles, Auguste, Edmond, Arthur, dit Larive, dit A. Matthey ou Mathey]

Par Jean Maitron

Né le 17 avril 1833 à Dieuze (Meurthe), mort le 23 novembre 1895 à Paris (Xe arr.) ; ancien employé de l’Assistance publique, puis journaliste et homme de lettres ; élu membre de la Commune de Paris ; membre de l’Internationale.

Issu d’une famille universitaire libérale — son père fut professeur de littérature étrangère à la Sorbonne de 1856 à sa mort en 1861 — Arthur Arnould fit de bonnes études classiques à Angers, Strasbourg, Poitiers, puis commença des études médicales à Paris en 1850.

Employé au ministère de l’Instruction publique, puis à la préfecture de la Seine, il démissionna finalement et se fit journaliste, d’opposition surtout. Ses collaborations furent variées et il créa même quelques feuilles éphémères. (Cf. préface de L. Scheler au Proscrit.) En mai 1869, il participa au quotidien Le Rappel dès son premier numéro. En décembre 1869, il participa, aux côtés de Rochefort, au lancement de La Marseillaise. Son opposition à l’Empire lui valut quelques condamnations : 600 f. d’amende le 25 septembre 1867 pour un article paru dans L’Époque ; 100 f. d’amende le 16 octobre 1868 pour un nouveau délit de presse ; un mois de prison et 2.000 f. d’amende le 16 mai 1869 pour un article paru dans La Réforme ; quatre mois de prison le 27 juillet 1870, pour le même délit que précédemment.

Après le 4 septembre 1870, il devint sous-bibliothécaire de la ville de Paris et adjoint du IVe arrondissement. Candidat en février 1871 aux élections à l’Assemblée nationale, il ne fut pas élu. Il se rattrapa après le 18 mars, à la Commune.

Élu, le 26 mars, dans le IVe arrondissement (8.608 voix sur 13.910 votants et 32.060 inscrits) et dans le VIIIe arrondissement (2.114 voix sur 4.396 votants), Arnould opta pour le IVe et fut délégué à la mairie de cet arrondissement. Il fut membre de la commission des Relations extérieures (29 mars), de la commission du Travail et de l’Échange (6 avril), de la commission des Subsistances (21 avril) qu’il quitta le 4 mai pour celle de l’Enseignement. Le 1er mai, il fut désigné avec Vermorel pour la rédaction du Journal officiel.
Il vota contre le comité de Salut public et, le 15 mai, signa la déclaration de la minorité : « La Commune de Paris a abdiqué son pouvoir entre les mains d’une dictature à laquelle elle a donné le nom de Salut public. » Voir Jourde.

Lepelletier, dans son Histoire de la Commune de 1871, nous l’a dépeint vers cette époque (cf. t. II, p. 56-58) :

« C’était alors un homme d’aspect plutôt sévère, paraissant plus que son âge, avec ses cheveux argentés qu’il portait assez longs, rejetés en arrière. La taille était moyenne, les yeux bleus brillaient, chercheurs ; la bouche fine, au pli ironique, s’ombrageait d’une moustache en brosse, assez rude. Il avait l’allure vive et dégagée et la physionomie d’une intelligence éveillée. Son tempérament était d’un frondeur, ses propos d’un mécontent, mais nullement d’un violent » [...]

« Arthur Arnould, dont l’arme était la plume et non le fusil, homme de cabinet dépaysé dans la rue, penseur assourdi dans une assemblée tumultueuse, lutteur hardi dans la polémique et timide dans l’action, était l’un des membres les plus instruits de la Commune. »

Par contumace, le 6e conseil de guerre le condamna, le 30 novembre 1872, à la déportation dans une enceinte fortifiée.

Réfugié successivement à Genève (Suisse) où il se fit appeler un temps Larive, à Lugano (Suisse), Buenos-Aires (Argentine), Genève, il gagna sa vie comme correspondant de divers journaux. Il appartint à la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste de Genève, constituée, le 8 septembre 1871, sur l’initiative de proscrits français. En 1874, il habita Lugano et se lia avec Bakounine, retiré lui aussi dans cette ville.

En septembre 1874, Arnould ayant appris la peinture en bâtiment et Guesde la comptabilité, tous les deux se dirigèrent sur Anvers (Belgique) afin de s’embarquer pour Buenos-Aires. Guesde ne reçut pas l’argent qu’il avait escompté et ne prit pas le bateau, mais Arnould partit avec sa femme, Jeanne Matthey, et sa mère. Sans doute la situation qu’on lui offrit là-bas ne correspondait-elle pas à son attente, car son séjour en Argentine fut de courte durée et il revint à Genève. En 1876, il appartint au comité composé de trois personnes à qui furent confiés les manuscrits laissés par Michel Bakounine décédé le 1er juillet. (Cf. Archives Bakounine)

En 1879, Wroblewski et Arthur Arnould furent nommés membres de l’institut genevois, section sciences morales et politiques.

Retour d’exil, Arnould adhéra à l’éphémère Alliance socialiste républicaine qui rassemblait des radicaux d’extrême gauche et des socialistes, et dont le programme parut dans l’Intransigeant du 5 novembre 1881. Mais l’Alliance disparut dès l’année suivante.

Vers la fin de sa vie, Arnould changea beaucoup ; d’après le Dictionnaire de biographie française, il accepta d’être décoré en 1886 de l’ordre d’Isabelle la Catholique et, dans ses dernières années, s’occupa d’ésotérisme et devint le président de la Société théosophique de Paris et l’éditeur du Lotus bleu, l’organe de la secte.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179886, notice ARNOULD Arthur [ARNOULD Charles, Auguste, Edmond, Arthur, dit Larive, dit A. Matthey ou Mathey] par Jean Maitron, version mise en ligne le 14 avril 2016, dernière modification le 1er février 2022.

Par Jean Maitron

ŒUVRE (cotes de la Bibl. Nat.) : Une campagne à « la Marseillaise ». Préface de H. Rochefort, Paris, 1870, Lb 56/2924. — L’État et la Révolution, Genève, 1877, 8° R. 8567 (réunion de ses articles parus aux Droits de l’Homme). — Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, Bruxelles, 1878, (2 tomes en un volume, in-12), Lb 57/8463 (traduction flamande, Antwerpen, 1881). — Les Croyances fondamentales du bouddhisme, 1895, in-18°, 02 m 145.
Il est curieux de noter que, d’Arthur Arnould, parut, en russe, Les Martyrs de la Commune, Genève, 1903, in-16, 16 pp., 8° Z 17.103, donc après la mort du Communard. Sont-ce quelques pages empruntées à celui-ci ?
Entre 1878 et 1890, Arnould publia, seul ou en collaboration, une quantité de romans et de drames sous le pseudonyme de A. Matthey, nom de sa femme morte en décembre 1886.
Collaborations :
Avant la chute de l’Empire, Arnould a collaboré à de nombreux journaux d’opposition et en a même fondé quelques-uns. Notons avant tout, pour cette époque, le quotidien qu’il fonda avec Rochefort, La Marseillaise, 19 décembre 1869-9 septembre 1870.
Pendant la Commune, il collabora au Rappel d’A. Vacquerie (18 mars-23 mai), à La Nouvelle République (19 mars-1er avril) suivie de L’Affranchi (2-25 avril), journaux dirigés par P. Grousset.
Après la défaite de la Commune, relevons parmi ses collaborations : La Liberté, Bruxelles (feuilleton paru à partir du 18 mars 1872 sous le titre « Paris et la Commune. Notes et souvenirs personnels »). — La Révolution sociale, (directeur : Claris), hebdomadaire, 26 octobre 1871, continué par le Bulletin de la Fédération jurassienne. — La Commune, almanach socialiste pour 1877, Genève, 1877 (avec Élie et Élisée Reclus, P. Brousse, A. Clémence, etc.). — Le Travailleur, revue socialiste révolutionnaire, Genève, 20 mai 1877-avril-mai 1878. — Gustave Lefrançais et Arthur Arnould, Souvenirs de deux communards réfugiés à Genève, 1871-1873, présentation et notes de Marc Vuilleumier, Genève, collège du travail, 1987.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE : Arch. Nat., BB 24/850, n° 7523. — Arch. Min. Guerre, 6e conseil. — Arch. PPo., B a/434 ; B a/438. — État civil, Dieuze. — Procès-Verbaux de la Commune de 1871, éd. critique sous dir. G. Bourgin et G. Henriot, 2 vol. Paris, 1924 et 1945, STHVP. — Bulletin de la fédération jurassienne, 9 novembre 1873. — E. Lepelletier, Histoire de la Commune de 1871, 3 vol. Paris, 1911-1913. — L. Scheler, Le Proscrit, correspondance [de Vallès] avec Arnould [1852-1880], Paris, 1950. — Archives Bakounine, IISG, Leiden 1961, vol. I, 1re partie, p. LII.— La Comune di Parigi (G. Del Bo), Milan, Feltrinelli, 1957. — L. Descaves, Philémon vieux de la vieille, Paris, 1913, p. 76. — M. Vuilleumier, « Les proscrits de la Commune en Suisse (1871) » Revue Suisse d’Histoire, tome 12, fascicule 4, 1962. — Gérard Hamon, Retour en France d’un communard déporté, Rennes, Pontcerq, 2016, p. 214. — Acte de décès. — Note de J. Chuzeville.

ICONOGRAPHIE : Arch. PPo., Album 286/43. — G. Bourgin, {La Commune 1870-1871, op. cit.}, p. 227. — Bruhat, Dautry, Tersen, La Commune de 1871, op. cit., p. 134.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable