VAN DER MEERSCH Maxence (Vandermeersch dit)

Par André Caudron

Né le 4 mai 1907 à Roubaix (Nord), mort le 14 janvier 1951 au Touquet-Paris-Plage (Pas-de-Calais) ; avocat, écrivain, lauréat du prix Goncourt pour L’Empreinte du Dieu (1936).

Issu d’une famille de petite bourgeoisie aisée dont le père fut comptable avant d’être négociant, Maxence Van der Meersch fut baptisé et fit sa communion solennelle sans recevoir de véritable éducation chrétienne, mais il n’était pas le fils d’un « athée affirmé » comme on l’a parfois prétendu. Il souffrit toujours d’une santé délicate bien que suivant les cours de l’école publique (1913), du « petit lycée » (1919) et du lycée de Tourcoing (Nord).

Ayant obtenu le premier prix de composition française au concours général (1925), il prépara ensuite les licences de lettres et de droit à l’Université de Lille. Il se distingua comme rédacteur en chef du Lille universitaire que lisaient les étudiants de l’État (1927-1930). Bientôt inscrit au barreau, il plaida rarement. À l’âge de vingt ans, il fit la connaissance d’une ouvrière d’usine, Thérèse Denis, son aînée de trois ans, qu’il épousa en 1934. Déjà, il avait publié en 1932 son premier succès, La maison dans la dune, roman inspiré par la vie de sa femme, comme plusieurs autres ensuite. Elle eut sur lui une grande influence. En 1933, il écrivit l’un de ses chefs-d’œuvre, Quand les sirènes se taisent, où vivait l’ambiance des récentes grèves du textile. Suivit en 1935 Invasion 14, puis L’Empreinte du Dieu, roman précédé par un article du Journal où l’écrivain révéla sa conversion à la religion catholique.

L’année 1940 fut celle de la sortie de Pêcheurs d’hommes, volume très apprécié par l’abbé Cardijn, fondateur de la JOC belge. D’autres livres nés de la même veine spiritualiste parurent ensuite, tels une Vie du Curé d’Ars (1942) et La petite Sainte Thérèse (1947) où Maxence Van der Meersch donnait une image du Carmel suffisamment dure pour que l’auteur ait frôlé la mise à l’index.

Entre-temps, en 1943, dans Corps et âmes, le romancier avait dépeint un tableau sans concession des milieux de la médecine officielle. Souffrant d’une affection pulmonaire, il se refusait à toute thérapeutique non végétarienne.

Lorsqu’il mourut à l’âge de quarante-quatre ans en 1951, il n’y eut pas de cérémonie religieuse, seulement une bénédiction sur sa tombe par son vieil ami Pierre Tiberghien, le grand théologien, au cimetière de Mouvaux (Nord). Le 21 janvier 1951, au cours d’une messe célébrée à Lille, à la demande de la JOC, celui-ci déclara : « Il ne s’agit pas d’annexer Van der Meersch à aucun groupement, à aucun parti, à aucune classe. Il est au-dessus de la mêlée des idées et des hommes. Il n’appartient à personne. »

Pour le dominicain ouvrier Joseph Robert, qui servit d’intermédiaire entre le défunt et les jocistes de Pêcheurs d’hommes, « sa recherche de la foi n’a jamais poussé sa conversion jusqu’à la pratique religieuse, un peu comme Simone Weil ou Bergson. Celle-ci tournait entièrement autour de l’Évangile qu’il avait projeté à la fin de sa vie de réécrire… C’est le projet social non réalisé de l’Église qui le torturait ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179972, notice VAN DER MEERSCH Maxence (Vandermeersch dit) par André Caudron, version mise en ligne le 18 avril 2016, dernière modification le 12 juin 2016.

Par André Caudron

Œuvre : Livres cités.

SOURCES : Archives diocésaines de Lille, fonds Tiberghien et dossier Van der Meersch. — Michel Spanneut, « Le chrétien Maxence Van der Meersch. Un point de vue », Ensemble, XI, I, 1983. — André Caudron, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, 4. Lille-Flandres, Beauchesne, Université de Lille III, 1990.

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