ROCHMAN Szaja, dit Charles. Pseudonyme de guerre : Félix.

Par Maxime Steinberg - notice réalisée en juillet 1990

Varsovie (Pologne), 27 décembre 1913 – Camp de Mauthausen (commune de Mathausen-Gusen, Autriche), 26 novembre 1943. Ouvrier tailleur, militant communiste juif, membre des Brigades internationales, membre des Partisans armés.

Szaja, dit Charles, Rochman immigre en Belgique en 1924. Ouvrier tailleur à son domicile, il milite à la section juive de la « Main-d’œuvre immigrée » (MOI), organisation du Parti communiste belge (PCB) à Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). Après la guerre civile en Espagne, il s’est engagé dans les Brigades internationales. Il est rapatrié à la suite d’une blessure qui le laisse mutilé de la main droite.

Après l’exode de mai 1940, les Français internent Charles Rochman au camp d’Argelès (département des Pyrénées-Orientales, France). Il s’en évade en avril 1941. Avec sa compagne Laja Celmanska, il rentre à Bruxelles. Cette dernière est aussi une militante communiste. Expulsée de Belgique en raison de son activité politique, elle y est restée clandestinement jusqu’à la guerre.

À son retour, le couple Rochman-Celmanska reprend contact avec le MOI. Le secrétaire politique, Todor, dit Théodor, Angheloff, qui n’est pas juif, est un ancien d’Espagne comme Charles Rochman. Lorsqu’il entreprend d’organiser sur base de la MOI un Corps mobile des Partisans à Bruxelles au printemps 1942, il confie le commandement de la compagnie juive à Rochman. Adjoint d’Angheloff, « Félix » - nom de guerre de Rochman - recrute ses partisans parmi les militants de la section de la langue yiddish, la plus nombreuse. Dès avant l’été 1942, il a lancé ses hommes dans les premières actions armées. Pendant la grande vague de déportation, c’est donc à des hommes d’expérience qu’il assigne comme cible l’Association des Juifs en Belgique (AJB) créée en décembre 1941 sur ordre de l’occupant allemand. Le 25 juillet 1942, un détachement de sa compagnie incendie le fichier de l’institution juive légale ; le 29 août, un autre détachement abat le chef juif de la « mise au travail » dont les employés distribuaient les convocations pour le camp de rassemblement de Malines (Mechelen, pr. Anvers-Antwerpen, arr. Malines). Ces attentats, y compris les menaces de mort, ne parviennent toutefois pas à contraindre les notables à mettre fin aux activités du conseil juif.

Avec le passage massif de la population juive dans la clandestinité, après les rafles de la fin de l’été 1942, la compagnie de Charles Rochman ne délaisse pas pour autant les cibles « juives ». Elle s’attaque au début de l’hiver 1942-1943 aux entreprises travaillant pour l’armée allemande avec un personnel juif provisoirement immunisé contre le risque de déportation. Cependant Théodor Angheloff n’autorise pas le Corps mobile à prendre part à la chasse aux officiers et sous-officiers allemands que l’autre formation des Partisans, le Corps de Bruxelles, abat dans les rues de la capitale belge à la fin de 1942. En revanche, c’est la compagnie de Rochman qui a la charge de liquider, le 11 janvier 1943 à Molenbeek (Bruxelles), un agent de la Gestapo infiltré dès avant la guerre dans la direction du Parti communiste allemand en Belgique. L’arrestation d’Angheloff le 19 janvier ne provoque aucune chute dans le Corps mobile.

La compagnie de Charles Rochman perd deux hommes en décembre 1942, puis trois le 16 février 1943. Une semaine plus tard, le 22 février, c’est au tour de Rochman d’être arrêté. Interné au fort de Breendonck (commune de Willebroek, pr. Anvers, arr. Malines-Mechelen), puis à la prison de Saint-Gilles (Bruxelles), il est déporté en Allemagne le 23 septembre 1943. Déporté au camp de Mauthausen comme prisonnier Nacht und Nebel, il y meurt le 26 novembre, officiellement abattu lors d’une tentative d’évasion du kommando disciplinaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article179979, notice ROCHMAN Szaja, dit Charles. Pseudonyme de guerre : Félix. par Maxime Steinberg - notice réalisée en juillet 1990, version mise en ligne le 19 avril 2016, dernière modification le 14 janvier 2020.

Par Maxime Steinberg - notice réalisée en juillet 1990

SOURCE : STEINBERG M., L’Étoile et le fusil. La traque des Juifs 1942-1944, Éditions Vie ouvrière, Bruxelles, 1986.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable