TERREL Jean, Joseph, Marie

Par Alain Monchablon

Né le 10 juillet 1943 à Charvieux (Isère) ; syndicaliste étudiant, président de l’UNEF, militant marxiste-léniniste, universitaire.

Dernier d’une fratrie de six enfants, Jean Terrel était fils de Jean-Marie Terrel, vigneron du Beaujolais devenu ensuite ouvrier et membre de la CFTC, et de Jeanne Béraud, sans profession. Ses grands-parents appartenaient à la bourgeoisie. Après un début de scolarité dans l’enseignement catholique, Jean Terrel termina ses études secondaires au lycée Lamartine à Mâcon. C’est là qu’il fut sensibilisé aux questions politiques, dans le contexte de la guerre d’Algérie : grâce à un aumônier il connut les journaux qui dénonçaient la guerre et la torture ; actif à la JEC il prit des responsabilités dans l’encadrement des plus jeunes. Puis la préparation (à Lyon, au lycée du Parc) du concours de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, lui laissa peu de temps pour militer, si ce n‘est la participation au bureau de l’Office national des « prépas » à l’UNEF. Reçu à l’ENS en 1965 il dirigea en 1965-1966 le Cartel des ENS, structure de l’UNEF. À ce moment la mise au pas de la JEC par la hiérarchie catholique aboutit à la création de la JUC (Jeunesse universitaire chrétienne) marquée à l’extrême gauche, à laquelle il participa brièvement.
Au congrès de Grenoble de l’UNEF (avril 1966) il fut élu vice-président Universitaire, au sein d’un bureau qui voulait consolider par une pratique plus modérée le syndicat étudiant dangereusement affaibli et endetté. Cette orientation tenait compte à la fois des idées émises dans Les Héritiers (P. Bourdieu et J.C. Passeron) et de la dépolitisation déplorée du milieu étudiant. En juillet de la même année il prit la présidence que dut abandonner Jean François Nallet, au vu de l’aggravation de la situation financière de l’UNEF. Dès lors, trois membres du bureau du syndicat étudiant étaient issus des ENS où l’influence de l’UJCml (Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes) était considérable. Jean Terrel, qui n’était alors pas membre du groupe maoïste, engagea alors le syndicat étudiant dans une double direction : l’action redoublée contre la guerre du Viêt-Nam , aux côtés du Comité Viêt-Nam national et des Comités Viêt-Nam de Base ; d’autre part la dénonciation sous tous ses aspects du « caractère de classe » de l’Université, ce qui excluait toute revendication partielle. L’insuccès manifeste de cette dernière campagne, qui rompait avec l’orientation plus modérée décidée à Grenoble, l’incita, contre l’avis des responsables de l’UJCml, à présenter la démission du bureau de l’UNEF le 15 janvier 1967. Le texte qu’il présenta à cette occasion (publié dans la revue Esprit de mars 1967) était une déploration de l’atonie du milieu en même temps qu’une critique radicale des apories du syndicalisme étudiant. Il ne prit dès lors plus de responsabilités nationales.
Agrégé en 1968, il fut nommé en 1969 professeur de philosophie au lycée du Portail rouge à Saint-Étienne. Adhérant au SGEN-CFDT, qu’il quitta peu après pour le SNES, il anima dans cette ville un groupe du PCMLF clandestin (pour lequel il avait quitté l’UJCml rejointe en 1968). En 1971 l’ensemble du groupe quitta le PCMLF pour un militantisme hors des structures partidaires. Enseignant au Maroc de 1974 à 1982, il retrouva ensuite un poste en lycées jusqu’en 1992, date de sa nomination à l’Université Bordeaux III (aujourd’hui Université de Bordeaux Montaigne), où il recréa la section locale du SNESup, et enseigna la philosophie politique jusqu’à sa retraite en 2011.

Il s’était marié le 5 janvier 1967 à Paris (Ve arr.) avec Denise, Anne-Marie Pitaud, puis se remaria le 6 mai 2000 à Bordeaux (Gironde) avec Claude Baudon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180012, notice TERREL Jean, Joseph, Marie par Alain Monchablon, version mise en ligne le 12 mai 2016, dernière modification le 12 mai 2016.

Par Alain Monchablon

ŒUVRE : Hobbes, matérialisme et politique, Vrin 1994. — Les théories du pacte social : droit naturel, souveraineté et contrat, de Bodin à Rousseau, Seuil, 2001. — Hobbes, vies d’un philosophe, PUR 2008. — Politiques de Foucault, PUF, 2010. — Hobbes, philosopher par temps de crises, PUF, 2012. — Politiques d’Aristote : la démocratie à l’épreuve de la division sociale, Vrin 2015.

SOURCES : Archives de l’UNEF (AN 46/AS), correspondance avec l’intéressé. — État civil.

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