VAN GEYT Louis, Robert.

Par Jules Pirlot - Notice provisoire

Anvers (Antwerpen, commune de, pr. et arr. Anvers), 24 septembre 1927 − Schaerbeek (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 14 avril 2016. Président du Parti communiste de Belgique-Kommunistische partij van Belgie, conseiller communal de Bruxelles, député de l’arrondissement de Bruxelles, membre du Conseil régional flamand.

Louis Van Geyt est né dans une famille libérale, laïque et flamande. Son père, d’abord magistrat, devient professeur néerlandophone de droit civil à l’Université libre de Bruxelles (ULB). Après quatre années d’école primaire dans sa langue maternelle à Anvers, il poursuit ses études à Bruxelles en français. Van Geyt entre à l’ULB en 1945. Parfait bilingue, il y milite comme étudiant socialiste, puis adhère au Parti communiste de Belgique (PCB) - Kommunistische partij van Belgie (KPB). De 1949 à 1952, il est élu au Bureau national de la Jeunesse populaire de Belgique, où il s’occupe de l’organisation des étudiants progressistes à l’échelle nationale. Licencié en sciences économiques et financières, il renonce à un poste à la Banque nationale pour entrer dans l’appareil permanent du PCB-KPB en 1951. Il y travaille au service de documentation, puis comme rédacteur au quotidien Le Drapeau rouge.

Louis Van Geyt adhère avec enthousiasme à l’orientation du XIe Congrès du PCB/KPB tenu en 1954, sous l’impulsion d’Ernest Burnelle et de René Beelen, dont il devient ensuite adjoint au secrétariat d’organisation. La nouvelle ligne qui rompt avec le sectarisme des premières années de la Guerre froide, consiste à renouer avec les masses, impliquer les militants communistes dans la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) de tendance socialiste, dans le respect de l’indépendance syndicale. Le PCB-KPB retire de ses statuts les notions de « parti d’avant-garde » et de « dictature du prolétariat ». Il renoue avec les options fédéralistes, traditionnelles dans le PCB-KPB mais occultées au début des années 1950 au profit de l’unitarisme belge.

Pendant la grande grève de 1960-1961 (contre la Loi unique), Louis Van Geyt est chargé de la liaison avec les entreprises bruxelloises. En 1960, il devient membre du Bureau politique et bientôt principal dirigeant de la Fédération bruxelloise du parti. Il y combat vigoureusement la scission prochinoise. De 1965 à 1970, il est conseiller communal à Bruxelles, puis député de l’arrondissement de Bruxelles de 1971 à 1981. À cette époque, le PCB-KPB a perdu une partie de son électorat au profit du Front démocratique des francophones (FDF), mais la qualité de flamand de Louis van Geyt lui amène des électeurs issus des rangs socialistes flamands de l’arrondissement de Bruxelles-Halle-Vilvorde. Il accède au secrétariat national en 1971. En décembre 1972, suite au décès de Marc Drumaux, il succède à la présidence du PCB-KPB.

Au cours des années 1960 et 1970, le PCB-KPB est bien ancré dans le monde politique syndical belge. Louis Van Geyt noue des contacts cordiaux avec des milieux socialistes, démocrates-chrétiens de gauche et progressistes. Il se lie avec Georges Debunne, principal dirigeant de la Centrale générale des services publics (CGSP) qui devient président de la FGTB.

Les élections communales de 1970 mettent en évidence à Cuesmes (pr. Hainaut, arr. Mons) dans le Borinage, le succès d’une liste d’Union démocratique et progressiste (UDP) menée par le communiste René Noël*. Elle repose sur une alliance des communistes bien implantés dans la sous-région et de chrétiens de gauche en rupture avec leurs organisations traditionnelles. Un courant se développe dans le PCB, principalement dans le Hainaut, pour étendre l’expérience, voire même dissoudre le PCB dans l’UDP. Dans un autre sens, la Fédération liégeoise (pr. et arr. Liège) privilégie ses contacts avec la FGTB, refuse le rapprochement avec des militants des syndicats chrétiens et rejette la présence d’une troisième composante « qualifiée de gauchiste". Elle voit avec sympathie une démocratie chrétienne se détacher du Parti social-chrétien (PSC) mais ne souhaite pas d’alliance électorale avec elle. L’UDP a peu d’écho en Flandre et à Bruxelles. Comme président, Louis Van Geyt soutient les initiatives de l’UDP mais ne s’implique pas lui-même.

Dans le mouvement communiste international, au moment des débats sur l’eurocommunisme, Louis Van Geyt défend le concept de solidarité critique, c’est-à-dire d’une attitude critique à l’égard du bloc soviétique, tout en préservant une alliance stratégique durable avec lui. Cette position remonte à 1968 quand le PCB-KPB condamne l’intervention en Tchécoslovaquie sans rompre avec les partis des pays du Pacte de Varsovie. En 1974 se tient à Bruxelles une réunion internationale des dirigeants des partis communistes d’Europe de l’Ouest, mais cette initiative reste sans lendemain en raison du revirement du Parti communiste français (PCF). La question internationale agite le PCB-KPB, ce qui amène son président à déployer des efforts incessants pour maintenir l’unité d’un parti où une tendance eurocommuniste radicale et un courant prosoviétique contestent l’un et l’autre la stratégie de la direction et de la majorité qui la soutient.

Dans les années 1980, Louis Van Geyt s’investit avec succès dans la lutte pour la paix et contre les euromissiles, à l’Est comme à l’Ouest. Mais en même temps, il voit fondre sa base électorale avec le déclin des grands centres wallons et des industries bruxelloises. Le lien du PCB-KPB avec les masses populaires ne résiste pas à la globalisation de l’économie, à la vague d’idéologie néolibérale, et à l’ébranlement du bloc soviétique.

En 1988, le PCB-KPB se fédéralise puis se sépare sur une base communautaire. Louis Van Geyt opte pour le Parti communiste flamand, très minoritaire à Bruxelles, mais il parvient à maintenir et à présider une coupole réunissant les deux partis, sous la forme de l’Union des communistes de Belgique. Celle-ci se dissout en 1995.

Afin de sauvegarder les documents et la presse du parti désormais scindé, Louis Van Geyt met alors sur pied une association sans but lucratif bilingue intitulée en français « Patrimoine historique du parti communiste ». Il la préside jusqu’en 2012 et participe à la constitution des deux centres d’archives : DACOB (Documentatie- en archiefcentrum van de communistische beweging) et CArCoB (Centre des archives communistes en Belgique), chargés de la gestion de ce patrimoine au niveau de l’une et de l’autre grande communauté linguistique.

Louis Van Geyt s’investit aussi dans les mouvements pour la paix et la solidarité internationale, dans des associations de citoyens comme la Ligue des droits de l’homme et, à l’échelle bruxelloise, dans la lutte pour un urbanisme démocratique et le contrôle des loyers.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180075, notice VAN GEYT Louis, Robert. par Jules Pirlot - Notice provisoire, version mise en ligne le 26 avril 2016, dernière modification le 18 janvier 2024.

Par Jules Pirlot - Notice provisoire

SOURCES : CArCoB, dossiers CCP Louis Van Geyt − LEMAITRE J., Louis Van Geyt, la Passion du Trait d’Union, regard croisés sur le Parti communiste de Belgique (1945-1985), Mémogrames-CArCoB, 2015.

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