MAIRE Gérard, Fernand

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 7 février 1922 à Verdun (Meuse), fusillé sommairement le 12 juin 1944 à Neuville-sur-Saône (Rhône) ; employé de commerce ; résistant dans l’Armée secrète (AS) et agent du réseau Gallia RPA dans le Rhône.

Gérard Maire était le fils de Roger Maire, marchand de primeurs, et de Mélina Emma Cretin. Il était employé de commerce (marchand de primeurs d’après certaines sources), célibataire et demeurait à Villeurbanne (Rhône), 38 rue Michel Servet, chez ses parents.

Gérard Maire fut incorporé douze mois dans un chantier de jeunesse dont il sortit chef d’atelier. Il s’engagea dans la Résistance en décembre 1942. Jusqu’en 1944, Gérard Maire fut membre de l’AS et agent P2, chargé de mission de 3e classe, dans le réseau Gallia RPA. Son chef, André Vansteenberghe, le fit évader de l’organisation Todt et l’orienta vers un maquis, sous le nom d’André Joly. Traqué, il revint à Lyon (Rhône) à la fin de l’année 1943 et intégra un groupe franc de l’AS à Villeurbanne.

Soupçonné « d’activité terroriste », Gérard Maire fut arrêté par la Gestapo le 20 février 1944 au domicile de ses parents, 38 rue Michel Servet à Villeurbanne. Son père déclara après-guerre : « à 20 heures, alors que nous étions tous ensemble à notre domicile, des agents de la Gestapo sont arrivés et ont procédé à l’arrestation de mon fils. J’ai été également appréhendé mais après vérification d’identité, j’ai été relâché. C’est mon fils qui était recherché ». Après avoir subi des interrogatoires et tortures, Gérard Maire fut incarcéré le 3 mars 1944 à la prison de Montluc (Lyon) dans la cellule 122 ou 124. Son père eut « de temps en temps de ses nouvelles par la Croix-Rouge ».
Le 12 juin 1944, vers 18h, Gérard Maire et vingt-deux autres prisonniers furent extraits de la prison de Montluc. Sous prétexte de les échanger contre d’autres détenus, les Allemands les entassèrent dans une camionnette, menottés deux par deux. Quatre soldats armés prirent place à l’arrière du véhicule pour les surveiller. Des hommes en civil et en uniforme, dont un agent français de la Gestapo, montèrent dans trois voitures. On imposa le silence aux prisonniers. Le convoi sortit de Lyon et s’arrêta vers 18h45 à Neuville-sur-Saône (Rhône), devant une carrière située sur la route de Civrieux (Ain), à 3 km environ du centre. Onze détenus furent jetés hors de la camionnette à coups de pied et de poing. Ils furent détachés et menés à 200 mètres de distance, dans un lieu isolé situé Montée du Parc (nommée anciennement Montée de la Chaumière). Ils durent se coucher à plat ventre dans un sentier. Vers 19h40, le peloton d’exécution formé d’une dizaine d’hommes tira des rafales de mitraillettes. Puis, les victimes reçurent le coup de grâce. Vint ensuite le tour des douze autres prisonniers. Ils furent conduits dans un pré, à peu de distance, et furent exécutés selon les mêmes modalités. Deux hommes du premier groupe furent blessés. L’un d’eux décéda dans la nuit à l’hôpital de Neuville-sur-Saône, l’autre, seul rescapé, se réfugia dans une ferme. Les corps furent découverts le soir même par les autorités locales. Le 13 juin, les vingt-deux victimes furent numérotées, photographiées et inhumées dans le cimetière de Neuville-sur-Saône.

Son corps fut décrit comme suit : « blouson bleu marine gros drap avec 8 gros boutons noirs. Col ouvert ; chemise col tenant avec rayures horizontales rouges et verticales bleues formant carreaux entrelacés. Cravate chinée avec rayures obliques. Ceinturon large cuir avec encoches au canif sur le haut et mousquetons droit et gauche. Pantalon même couleur que veste fermé sur le devant (genre marin) avec ceinture intérieure. Main serviette éponge jaune et blanche ». Le 17 avril 1945, son père l’identifia sous le numéro 18 et reçut des « prélèvements vestimentaires et une breloque Saint Christophe ». Gérard Maire fut inhumé au cimetière de Cusset-Villeurbanne.

La mention « Mort pour la France » fut inscrite sur son acte de décès en 1948. Le titre d’interné résistant lui fut attribué en 1956. Il fut homologué sous-lieutenant des Forces françaises combattantes (FFC). Il reçut la Légion d’honneur, la Médaille de la Résistance et la Croix de guerre. Une rue porte son nom à Villeurbanne.

Une plaque, 38 rue Michel Servet à Villeurbanne signale que Gérard Maire a été "arrêté ici le 20 février 1944 par la Gestapo".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180107, notice MAIRE Gérard, Fernand par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 27 avril 2016, dernière modification le 3 mai 2017.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Gérard Fernand Maire. — Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W7, 3808W1078, 3460W3, 3460W4, 6MP641.— CHRD, Lyon, ar. 1816 (dossier de René Louis Delorieux).— Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours, 2824 engagements, Permezel, 2003.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable