VILLE Robert, Gabriel

Par Pierre Bonnaud

Né le 9 mai 1905 à Viviers (Ardèche), mort le 18 avril 1942 à Privas ; rédacteur principal de préfecture à Privas (Ardèche), révoqué en 1940 ; militant du parti communiste.

Robert Gabriel Ville était le fils de Gabriel, Isidore, Marius Ville, peintre de profession, et de Marthe Rosine Faure, ménagère. Le couple résidait Grande rue à Viviers au moment de la naissance de leur fils. À la suite de son veuvage, sa mère se remaria avec Henri Saturnin Léonard, ancien receveur des postes à Meysse (Ardèche) qui s’établit à L’Isle-sur-Sorgue (Vaucluse) où il prit la direction d’une entreprise de papeterie. Le beau-père de Robert Ville avait eut de son premier mariage une fille, Célina Léonard, et il eut une deuxième fille de son second mariage.

Robert Ville fit des études à l’EPS d’Aubenas. En 1921, il obtint le brevet élémentaire à Privas. Il suivit ensuite les cours de l’école professionnelle Dombre à Aix-en-Provence puis ceux de l’École Nationale des Arts et Métiers dans la même ville. Il entra dans la vie active en effectuant une brève suppléance dans l’enseignement primaire puis devint rédacteur stagiaire à la préfecture de Privas à compter du 10 mai 1928. En 1936, il était devenu rédacteur principal de quatrième classe.

Le 6 décembre 1927, il épousa à Gras (Ardèche) Célina Léonard, institutrice à Sainte-Eulalie, (Ardèche). Célina Ville abandonna l’enseignement et entra elle aussi dans l’administration préfectorale, sans doute pour se rapprocher de son mari. Le couple eut une fille. Bien qu’un médecin du Teil eut établi en 1928 que « Ville Robert, 23 ans, demeurant à Saint-Vincent-de-Gras, ne présente aucun symptôme de maladie contagieuse », il s’avéra qu’il était tuberculeux. L’enfant du couple contracta la maladie.

Les Ville se syndiquèrent à la section locale de la fédération nationale des syndicats de fonctionnaires affiliée à la CGT depuis 1923. La section syndicale comptait quarante-six membres en 1933 et Marcel Champanhet, rédacteur principal, en était le secrétaire. Dans le contexte de l’antifascisme du début des années trente, Célina et Robert Ville adhérèrent au Parti communiste et devinrent des militants actifs.

À propos de l’activité politique de Robert Ville, le commissaire spécial de Privas notait dans son rapport du 27 janvier 1939 qu’il était « à la tête de la cellule communiste » de la ville. Le 22 décembre de la même année, il en dressait le portrait suivant : « C’est l’intellectuel du Parti à Privas. Bien que paraissant effacé, doit être considéré comme un actif militant. Responsable et collaborateur de La Voix populaire et correspondant de Ce soir. Le policier ajoutait : « Bien que se démontrant peu localement en dehors des réunions privés du PC qui se tenaient au café-restaurant Levêque chaque semaine, Ville robert n’en était pas moins un actif propagandiste des idées marxistes et avait organisé, en compagnie de sa femme Ville Célina née Léonard, de nombreuses tournées de conférences dans les petits centres de l’Ardèche, seuls endroits où il pouvait prendre la parole par suite de son mauvais état de santé. Sa voix étranglée ne lui permettait pas, en effet, d’affronter le public houleux des grandes réunions publiques. »

Après la signature du pacte Germano-Soviétique, Robert et Célina Ville s’abstinrent de toute activité publique. Le jour même où l’interdiction du Parti communiste fut décrétée par le gouvernement Daladier, le 27 septembre 1939, leur domicile fut l’objet d’une perquisition en règle conduite par le capitaine de gendarmerie de Privas. Un lot important de « publications et livres doctrinaires communistes ou soviétiques fut saisi » (rapport du commissaire spécial du 22décembre 1939). Le préfet André Jean Faure après avoir hésité (il proposa d’abord une mutation), sur injonction du ministre de l’intérieur, prononça la révocation de Robert et Célina Ville par arrêté le 9 janvier 1940, en application du décret gouvernemental du 18 novembre 1939 qui prescrivait les « mesures à prendre à l’égard des individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ».

Privé de ressources, le couple connut la misère matérielle. Une note du cabinet du préfet au général commandant la XVe région militaire, datée du 29 avril 1940 signalait que Robert Ville venait d’être « récemment incorporé au Dépôt d’artillerie n°34 à Grenoble ». Il fut probablement démobilisé dans l’été 1940. Son état de santé et celui de son enfant ne firent que s’aggraver. En 1941, les Ville perdirent leur fille. Robert Ville décéda le 18 avril 1942. André Cayron rapporte la date de son décès sans en préciser le lieu.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180202, notice VILLE Robert, Gabriel par Pierre Bonnaud, version mise en ligne le 29 avril 2016, dernière modification le 30 avril 2016.

Par Pierre Bonnaud

SOURCES : Arch. Dép. Ardèche, 72 W 365 ; fonds du syndicat des employés de préfecture 1J 734-735, A. et A. Cayron, Peuple de la nuit, Montmélian, La Fontaine de Siloé, 1998. — Renseignements fournis par Mathé Galataud.

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