CORRADINI Libero

Par Daniel Grason

Né le 12 septembre 1907 à Cavriago région d’Émilie-Romagne (Italie) ; manœuvre ; volontaire en Espagne républicaine ; militant de l’Union Populaire Italienne (U.P.I.) ; résistant.

Fils de Joseph et de Caroline, née Frédérico, Libero Corradini quitta son village de Cavriago pour la France. L’Émilie-Romagne était alors une région essentiellement agricole, le chômage touchait les couches populaires. Une forte communauté italienne vivait à Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), il vint en 1935. Trois mille six italiens étaient recensés en 1936 sur un total de six mille huit cents quarante-huit étrangers. Il travailla puis partit combattre en Espagne républicaine au sein de la XIIe Brigade Garibaldi. Il revint à une date inconnue, probablement avant le retrait des Brigades d’Espagne. À son retour il s’installa au modeste hôtel du 104 rue de Sannois à Argenteuil. Manœuvre, il travailla notamment dans l’entreprise Hoyer à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine).
Libero Corradini adhéra à l’Union populaire italienne (l’Unione popolare italiana) qui fut créée en mars 1937. Cette association unitaire était présidée par Alessandro Bocconi, avocat, socialiste ; Romano Cocchi, cadre de l’Internationale communiste, secrétaire ; Renato Balestri, secrétaire-adjoint, communiste. Randolfo Panciardi du Parti républicain, commandant du bataillon Garibaldi. L’U.P.I. contribua à l’organisation et à la politisation de l’immigration italienne, un hebdomadaire La Voce degli Italiani (La Voix des italiens), annonçait et rendait compte des initiatives de l’association.
L’U.P.I. d’Argenteuil fut l’une des associations locales la plus dynamique, le 20 juin 1938 était inaugurée la première Maison des Italiens de la région parisienne. Un meeting de tint avec mille deux cents participants Italiens, Polonais, Tchécoslovaques et même un Chinois, un jeune communiste italien déclara qu’il y avait la nécessité de remercier le gouvernement pour la possibilité de tenir cette réunion : « Avec les anciens gouvernements […] nous en aurions été chassés par la police, puis emprisonnés et expulsés ».
Cinq membres de l’U.P.I. d’Argenteuil combattirent dans les Brigades internationales en Espagne, l’association mena des campagnes de solidarité avec les républicains espagnols. Quelques membres du Parti socialiste italiens de la ville adhérèrent à l’U.P.I. En septembre 1938, Romano Cocchi tint un meeting à Argenteuil, il tint un discours antifasciste, affirmant « Les Italiens ne se battront pas pour le pangermanisme hitlérien ! ».
Libero Corradini participa à la résistance avec d’autres membres de l’U.P.I., le 12 septembre 1942, il était à bicyclette, un gardien de la paix lui fit signe de s’arrêter, il s’arrêta mis pied à terre… prit la fuite… trente mètres plus loin un autre gardien l’arrêta. Il portait sur lui vingt-six tracts. En titre : « Pour l’amitié Franco-Italienne ! Pour la lutte à mort contre les occupants ! » Le texte recto-verso s’adressait aux « Français » et était signé « Les italiens antifascistes en France ».
La perquisition de sa chambre d’hôtel ne donna aucun résultat. Il déclara qu’un nommé Gino avec qui il avait travaillé chez Hoyer à Gennevilliers lui avait donné le paquet au rond-point de la Défense à Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine). Emmené au commissariat de Puteaux, frappé lors de l’interrogatoire, il déclara qu’il ne connaissait pas le texte du tract, le paquet lui avait été remis enveloppé. Des italiens se prénommant Gino étaient connus de la police sur la circonscription d’Asnières, leurs photographies furent présentées à Libero Corradini qui n’en reconnut aucun.
Incarcéré, le 20 novembre 1942 il comparut devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris, il fut condamné à un an de prison et mille deux cents francs d’amende pour « activité communiste ». À l’expiration de sa peine, le 17 juin 1943, Libero Corradini fut expulsé en Italie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180213, notice CORRADINI Libero par Daniel Grason, version mise en ligne le 30 avril 2016, dernière modification le 30 avril 2016.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/65 (dossier 441). – Arch. PPo. BA 2056, 77W 680. – Éric Vial, L’Union populaire italienne, 1937-1940. Une organisation de masse du Parti communiste italien en exil, École française de Rome, 2007. – Antonio Canovi, Argenteuil. Creuset d’une petite Italie, Éd. Le Temps des Cerises, 2000.

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