JOULIN Jean

Par Jacques Defortescu

Né le 9 avril 1932 à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 21 février 2016 à Sotteville-lès-Rouen ; cheminot, comédien, co-directeur du Théâtre Maxime Gorki, à Petit-Quevilly (Seine-Inférieure, Seine-Maritime)

Jean Joulin en 2011.
Jean Joulin en 2011.
Cliché de Jaques Defortescu

Jean Joulin naquit à Sotteville-lès-Rouen, dans la banlieue de Rouen. Son père, nommé également Jean Joulin, était surveillant en Maison d’arrêt au sortir de la guerre, après cinq années de captivité, puis monteur en chauffage central, sa mère Hélène Gamond était confectionneuse, puis employée SNCF.
En 1947, au sortir de l’école primaire, Jean Joulin entra à l’École d’ Apprentissage de la SNCF à Sotteville-lès-Rouen- Quatre-Mares. Après trois années d’études, il intégra les ateliers SNCF de Sotteville Buddicum, nanti d’un CAP d’ajusteur-électricien.
En 1950, à l’occasion de la 3e année d’apprentissage, les élèves de l’École d’apprentissage avaient pour mission d’animer la distribution des prix de fin d’année. Le professeur de Français proposa alors à Jean Joulin de jouer un extrait de Cyrano de Bergerac, rôle dans lequel il excella. Un ami qui avait vu le spectacle, en parla à Jean Verdure, qui maître-ouvrier travaillait lui aussi à Buddicum, grand connaisseur du théâtre et poète, rencontra alors Jean Joulin. Une véritable amitié naquit de cette rencontre.
Jean Verdure lui conseilla alors de tenter le concours du Conservatoire d’Art Dramatique de Rouen. Après un travail de répétition qu’il effectua alors suite à son temps de travail à la SNCF, il tentait le concours en présentant Le Cid de Corneille. Il y fut admis et après trois années de cours, fut reçu 1er prix de Comédie Classique. Poursuivant sa carrière de cheminot, en parallèle, il commençait à pratiquer avec ses camarades du Conservatoire le théâtre. Il fit alors parti des « Comédiens de Bellegarde », la presse s’en faisant l’écho, la situation devint difficile vis-à-vis de la SNCF.
Il participa à de nombreuses créations théâtrales tant en comédie classique que moderne.
Il fut membre de la Compagnie du Beffroy de la Comédie de Rouen, de l’Expansion culturelle de Normandie.
En 1967, la Mairie de Petit-Quevilly, dans la banlieue de Rouen, dirigée alors par Henri Levillain, maire communiste, décida de racheter un cinéma de quartier, voué à la destruction pour en faire un lieu culturel. Avec un ami rencontré au Conservatoire, Daniel Lesur, il décidèrent de monter un projet, et de le proposer à la Mairie. Le projet fut retenu et ainsi naquit le « Théâtre MAXIME GORKI » qui obtint le label « Scène Nationale », Jean Joulin en assurait la Co- direction avec son ami et complice Daniel Lesur.
Dans l’histoire du théâtre de la région rouennaise, le Théâtre Maxime Gorki a joué un rôle essentiel. Dès 1969, le théâtre joue en intermittence, il faudra le Festival culturel de Saint-Étienne du Rouvray, commune voisine de Petit-Quevilly, voulu par Jean Verdure, poète, ami de Jean Joulin, et adjoint au maire de Saint Étienne du Rouvray pour avec le Théâtre Maxime Gorki s’offrir de grands moments théâtraux et musicaux. Le Centre Culturel Municipal de Petit-Quevilly devint le foyer, le point de rencontres et d’échanges qui permit l’envol des compagnies régionales. Le Théâtre Maxime Gorki a été un lieu d’accueil et de création, qui ouvrit des voies dans l’art dramatique, dans le domaine musical, chorégraphique et la chanson. Il fut un témoin de la vie sociale d’où les recherches dans l’histoire du syndicalisme à Elbeuf, avec les « Chroniques elbeuviennes » de Pierre Largesse et Alain Van der Malière, ou les soubresauts de la Révolution française dans les milieux rouennais, avec « L’affaire Bordier-Jourdain » de Dominique Flau.
Dans le théâtre Maxime Gorki, la chance fut donné à des centaines de talents, quelquefois nouveaux comme Allain Leprest, il donna aussi à connaitre d’autres comédiens qui firent une carrière nationale comme Rufus ou Maxime Leroux notamment.
En 1992, le changement de municipalité amena Jean Joulin à quitter ce lieu, devenu en 2002 le « Théâtre de la Foudre ». Il poursuivit alors son activité théâtrale avec « Mélodie Théâtre », avec qui il fera une tournée avec La Noce des Petits Bourgeois de Berthold Brecht.
Atteint d’une maladie neuro- musculaire, Jean Joulin dut cesser son activité théâtrale. Non sans avoir encore participé à de nombreuses initiatives théâtrales dont une participation active dans les conférences théâtralisées « Pour saluer Jaurès » organisées par l’Institut CGT d’histoire sociale à l’initiative de Pierre Largesse en 2010 et 2011.
Marié à Jeanine Henry le 26 juin 1956, celle-ci fut tour à tour piqueuse en chaussures, vendeuse en confection, puis hôtesse d’accueil au Centre Culturel Maxime Gorki.
Jean Joulin, adhérent au Syndicat CGT du Spectacle, reçu en 1989, dans le cadre de la promotion du Bicentenaire de la Révolution Française l’Insigne de Chevalier des Arts et Lettres.
Jean Joulin est décédé à Sotteville- lès Rouen le 21 février 2016, il avait 83 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180278, notice JOULIN Jean par Jacques Defortescu, version mise en ligne le 2 mai 2016, dernière modification le 7 février 2019.

Par Jacques Defortescu

Jean Joulin en 2011.
Jean Joulin en 2011.
Cliché de Jaques Defortescu

SOURCES : Roger Balavoine, THÉĀTRE MAXIME GORKI- Une comédie dramatique en 5 actes et quelques interludes, Point de vues- mai 2007. — Paris Normandie, 23 février 2016. — Entretiens divers avec Jean Joulin.

Version imprimable