BROUSSAUDIER Sylvain, Jean, Baptiste

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Jacques Girault

Né le 7 février 1904 à Saint-Mathieu (Haute-Vienne), mort le 19 mars 1980 à Saint-Raphaël (Var) ; professeur, censeur, proviseur ; militant socialiste et pacifiste.

Dans la promotion 1924 à l’ENS Lettres, avec Raymond Aron, Georges Canguilhem, Paul Nizan, Jean-Paul Sartre...

Petit-fils d’agriculteurs propriétaires, fils d’instituteurs ruraux catholiques pratiquants, Sylvain Broussaudier aimait, enfant, participer chez son grand-père, aux travaux des champs. Boursier d’internat, il fit au lycée de Limoges (Haute-Vienne), des études faciles et brillantes. Bachelier en 1922, entré en octobre suivant en première année de khâgne au lycée Louis-le-Grand à Paris, il obtint, en 1924, le prix d’excellence et fut reçu 5e au concours d’entrée à l’École normale supérieure en juillet de cette même année.

Au cours des années 1922-1927, se détachant peu à peu de l’Église, il était devenu résolument pacifiste. À l’ENS, il fréquenta le groupe d’Études socialistes des ENS et y adhéra. Il fut reçu 3e à l’agrégation des lettres en 1927.

Il effectua son service militaire d’abord à Saint-Maixent (Deux-Sèvres), d’où il sortit sous-lieutenant en 1928, puis dans un corps de troupe à Paris, moment où il épousa le 12 avril 1928 Marguerite Boileau, jeune Sévrienne de formation scientifique, reçue la même année à l’agrégation de sciences physiques et naturelles. Ils eurent deux filles et deux garçons puis accueillirent en 1941 un neveu orphelin de guerre qu’ils déclarèrent comme leur enfant par la suite (René Simoneau 1924-1970).

Sylvain Broussaudier débuta dans l’enseignement au lycée de Roanne (Loire) puis fut nommé en 1929 à Oran (Algérie). Grand admirateur de Jaurès et aussi d’Alain, il s’était inscrit au Parti socialiste SFIO et à la Ligue des Droits de l’Homme. En 1932, secrétaire du syndicat confédéré des professeurs de lycée – et sans doute aussi du Syndicat autonome alors dirigé par des « cégétistes » – , il était secrétaire adjoint de l’UD-CGT d’Oran. Il donnait des conférences organisées par la Ligue internationale des combattants de la paix à Oran et dans d’autres villes dont Mostaganem. Appliquant ses convictions, il refusa de participer aux exercices de défense passive. Selon Le Figaro du 24 mai 1933, en signe de protestation contre le couvre-feu imposé, il alluma 5 feux de bengale sur son balcon, trois rouge et deux vert. Lors d’une réunion en décembre 1934, il annonça qu’il venait de renvoyer ses galons d’officier de réserve et qu’il refusait son fascicule de soldat de 2e classe. Le recteur, le 4 janvier 1935, proposa au conseil académique la réprimande ; le ministère répondit qu’une telle mesure était impossible et souhaitait sa mutation. Son épouse, professeure au lycée de jeunes filles de la ville, était secrétaire d’une section de la LICP. En 1936, secrétaire adjoint des syndicats CGT d’Oranie, il présida le comité local du Front populaire en avril-juillet 1936.

En octobre 1936, Sylvain Broussaudier fut nommé au lycée du Parc impérial de Nice (Alpes-Maritimes). En 1937, il était rédacteur en chef de L’Alerte et secrétaire fédéral du Parti socialiste SFIO. Il donna dans le département des conférences et signa des affiches du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Après le congrès de Royan du Parti socialiste (4-7 juin 1938), il adhéra au Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP) et assura le secrétariat de la Fédération des Alpes-Maritimes.

Mobilisé en septembre 1939, comme simple deuxième classe, il fut assez gravement blessé par un éclat d’obus le 28 mai 1940 dans la Somme et évacué sur Poitiers, puis sur Bordeaux avant d’être hospitalisé au lycée de Digne. Le 15 octobre 1940, il retrouva son poste au lycée de Nice, mais le pacifiste militant qu’il avait été et demeurait, fut nommé d’office en février 1941 au lycée Léon Gambetta de Cahors (Lot). Il avait décroché le portrait de Pétain qui avait été mis dans sa classe. Volontaire pour un stage de maître d’éducation générale à Antibes (Alpes-Maritimes) en avril 1942, il exerça cette fonction avec sérieux alors que son épouse enseignait au lycée de filles de Cahors.

Dans le Lot, sans participer directement à la Résistance, il manifesta des sympathies pour les membres du Mouvement de libération nationale et en novembre 1944, il fut secrétaire du bureau provisoire du comité (MLN) de Cahors. Il participa au lancement du journal Le Lot républicain, n° 1, 25 novembre 1944.

En février 1945, sur sa demande, Sylvain Broussaudier fut nommé censeur au lycée Louis Barthou de Pau (Basses Pyrénées/Pyrénées-Atlantiques). Selon le proviseur, en janvier 1946, il avait été « un combattant courageux, un authentique résistant victime de Vichy ». Il devint, en octobre 1946, proviseur du lycée de Blois (Loir-et-Cher) où il demeura huit ans et favorisa les échanges franco-britanniques et les méthodes actives. De 1954 à 1960, il retrouva le lycée de Pau comme proviseur. En raison de la santé de son épouse, retraitée depuis 1958, il demanda sa mutation et dirigea l’annexe de Boulouris (Saint-Raphaël) du lycée de Toulon (Var), annexe qui devint lycée Saint-Exupéry. Il s’obligea dans cette période à une réserve politique.
Vint l’heure de la retraite en octobre 1965 que Broussaudier passa à Saint-Raphaël dans sa maison « la Cabane Bambou » sur les hauteurs d’Estérel-Plage en compagnie de son épouse.
Sa fille Jeanne, épouse de Jean Hercent, mourut le 31 décembre 2020.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18032, notice BROUSSAUDIER Sylvain, Jean, Baptiste par Jean Maitron, Claude Pennetier, Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 5 octobre 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Jacques Girault

Sylvain Broussaudier, proviseur
Dans la promotion 1924 à l’ENS Lettres, avec Raymond Aron, Georges Canguilhem, Paul Nizan, Jean-Paul Sartre...

ŒUVRE : Journal d’un combattant de la paix, inédit, 1979, 148 pages dactylographiées, communiqué par son fils Pierre.

SOURCES : Arch. Nat., F17 27270. — JO, lois et décrets, 2 juillet 1916. — Le Semeur, 1932. — Le Figaro, mai 1933. —La Voix du Peuple, mars 1936. — L’Echo d’Oran, avril 1936. — La Révolution Prolétarienne, 25 mars 1938. — Annuaire ENS, 1981 (texte communiqué grâce à l’obligeance de G. Lefranc). — Notes de son fils, Pierre Broussaudier. — Notes d’Alain Dalançon.

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