Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Jean-Luc Pinol
Né le 23 mars 1887 à Trouville-sur-Mer (Calvados), mort le 24 mai 1957 à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; ouvrier cimentier-briqueteur ; secrétaire de la Fédération du Bâtiment ; membre du comité central du PC en 1924 ; député (1936-1942) ; membre du Parti ouvrier et paysan français pendant la Seconde Guerre mondiale.
Né dans une famille d’ouvriers et de marins (père maçon, mère femme de ménage), M. Brout s’embaucha dans une entreprise à quinze ans, fit son Tour de France et devint ouvrier cimentier-briqueteur. En 1906, il adhéra à la CGT et participa à la constitution du syndicat du Bâtiment de Trouville. En 1907 et en 1910, il prit une part active aux mouvements revendicatifs du Havre et de Trouville. De 1911 à 1913, il milita surtout dans la région parisienne où il anima de nombreuses grèves, en particulier à Saint-Germain où il assura les fonctions de secrétaire du comité intersyndical. En 1913, il donna son adhésion au Parti socialiste.
Réformé pour maladie grave, il travailla, de 1914 à 1918, à la Société des Becs Auer à Paris puis, en 1919, il entra au Réseau des chemins de fer de l’État (Voie et Bâtiment). Très actif pendant les grèves de cheminots, en février et mai 1920, il fut révoqué. Favorable à la Révolution russe et à l’adhésion à la IIIe Internationale, il suivit la majorité à l’issue du congrès de Tours. Membre de la direction de la Fédération communiste de Seine-et-Oise, il fut élu membre titulaire du comité central du PCF au congrès de Lyon, en janvier 1924. Il ne fut pas réélu lors du congrès de 1925 et se consacra essentiellement au mouvement syndical.
Élu, en novembre 1923, à la commission exécutive de la CGTU lors du congrès de Bourges, il devint, en février 1924, secrétaire de l’Union départementale des syndicats unitaires de Seine et de Seine-et-Oise. En octobre 1924, il entra à la commission exécutive de la Fédération unitaire du Bâtiment. Secrétaire de l’Union des syndicats ouvriers de la Région parisienne après leur congrès de fusion, en février 1925, il fut réélu à la commission exécutive de la CGTU en 1925, 1927, 1929 et 1933. Désigné en septembre 1925 comme secrétaire de la Fédération unitaire du Bâtiment, il occupa cette fonction jusqu’en 1936 de même que celle de responsable de l’Union des syndicats de la Région parisienne où il représentait les syndicats du Bâtiment.
Marcel Brout milita également au plan international. En décembre 1926, il fut élu membre du Comité directeur du comité international de propagande et d’action du Bâtiment (CIPA), lors de la conférence de Hambourg. En novembre 1927, il représenta la CGTU lors du 10e anniversaire de la Révolution, à Moscou. En septembre 1931 et juillet 1932, il représenta la Fédération unitaire du Bâtiment, à Berlin, lors des conférences du CIPA. Militant très actif du comité « Amsterdam-Pleyel », il participa, en août 1932, au congrès mondial contre la guerre et le fascisme, à Amsterdam. Lors du congrès européen contre le fascisme qui se tint salle Pleyel, en 1933, il devint membre du comité national de lutte contre la guerre et le fascisme.
Parallèlement à ses multiples activités et fonctions, Marcel Brout fut désigné par le PCF pour être candidat à des élections municipales (à Saint-Germain-en-Laye en 1929, à Belleville en 1935) ou cantonales (Chevreuse en 1922) mais il ne fut pas élu.
Élu député communiste de la première circonscription du XXe arr. de Paris, en mai 1936 (il obtint 6 043 voix au 1er tour contre 5 381 au député sortant, socialiste, Jardel. Lors du 2e tour, il en obtint 9 844 et Jardel 5 365), Brout ne renonça pas à ses fonctions syndicales. En mars 1936, au congrès de Toulouse, il avait été élu membre de la CA de la CGT et, en septembre, il devint président de la Fédération réunifiée du Bâtiment. À la Chambre des députés, Brout fut vice-président de la commission d’Assurances sociales. Ses interventions portèrent sur les problèmes de l’emploi, de travaux publics, de construction de logements et d’établissements scolaires.
De 1936 à 1940, Marcel Brout fut membre du Conseil national économique en tant que secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du Bâtiment, du Bois, des Travaux publics et des matériaux de construction.
Dès l’annonce du Pacte germano-soviétique, Brout manifesta son désaccord puis démissionna du PCF fin septembre. Il demeura président et secrétaire de la Fédération du Bâtiment. En décembre 1939, il fonda le groupe parlementaire de l’Union populaire française avec Capron, Fourrier, Loubradou et Nicod. Vingt-et-un anciens dirigeants communistes signèrent le texte intitulé « A tous les travailleurs, à l’opinion publique. Pourquoi nous avons démissionné du Parti communiste » : Marcel Gitton (secrétaire du Parti communiste, député de la Seine), Marcel Capron (député de la Seine, maire d’Alfortville), Marcel Brout, J.-M. Clamamus (sénateur de la Seine, maire de Bobigny), Vital Gayman (conseiller municipal de Paris), Charles Delval (conseiller général de la Seine), Jules Fourrier (député de Paris), Paul Loubradou (député de la Dordogne), Gustave Saussot (député de la Dordogne), Gilbert Declerq (député du Nord, maire d’Halluin), Sulpice Dewez (député du Nord), Émile Fouchard (député de Seine-et-Marne, maire de Chelles), René Nicod (député de l’Ain), Fernand Valat (député du Gard), Charles Rigaud (conseiller général de la Seine), Maurice Naile (conseiller général de la Seine), Eugène Jardon (député de l’Allier), Armand Pillot (député de Paris), Léon Piginnier (député maire de Malakoff), Lucien Raux (député du Nord) et Albert Vassart (maire de Maisons-Alfort, membre du Comité central du PC).
Marcel Brout n’était pas présent à Vichy, le 10 juillet 1940, lors du vote des pouvoirs constituants au Maréchal Pétain. Parti sur le Massilia, il se trouvait alors à Alger d’où, avec plusieurs députés, il avait envoyé un télégramme protestant contre leur impossibilité de rentrer en France. Selon S. Courtois (thèse, op. cit.), il fut arrêté en 1940 et libéré vers mai 1941. Son nom figura sur la liste des signataires de la première (6 septembre 1941) et deuxième (postérieure au 28 avril 1942) « lettre ouverte » aux ouvriers communistes du Parti ouvrier et paysan français fondé par Marcel Gitton. Il fit partie d’une délégation du CIPO reçue par Pierre Laval le 16 juin 1942 et entra à la sous-commission Information et Main-d’œuvre en août 1942.
À la Libération, la presse communiste du XXe arr. publia des articles d’une extrême violence contre l’ancien député communiste, affirmant en particulier - explication utilisée pour d’autres membres du POPF. - qu’il était « dans les pattes d’une femme policière, provocatrice » (L’Eveil du XXe, 4 février 1945). Brout se cachait alors pour éviter les rigueurs de l’épuration. Il se présenta par la suite à la justice et fut condamné à cinq ans de dégradation nationale par la chambre civique de la Seine (Le Monde, 9 avril 1948).
Marié une première fois, le 6 septembre 1924 à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise), il épousa en secondes noces Marie-Jeanne Martin le 18 avril 1956 à Saint-Étienne-de-Rouvray (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mariage religieux. Il mourut dans cette même commune l’année suivante et fut enterré religieusement.
Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Jean-Luc Pinol
ŒUVRE : Pour une France prospère, recueil commenté des projets de lois communistes, 1932-1936, Paris, 1936.
SOURCES : RGASPI, 495 270 1710, dossier sans intérêt. — Arch. Nat., F7/13652. — Arch. PPo. 300, rapport de juin 1927 ; Ba/1715, rapport de janvier 1932. — Arch. Dép. Seine, Versement 10441/64/2 n° 24. — CAC, versement 199440500 (dossiers revenus de Moscou), dossier 187, fiche de police d’avril 1929. — Arch. Dép Seine-et-Oise, II M 16 4. — Arch. Jean Maitron. — J. Jolly, Dictionnaire des parlementaires français, op. cit. — P. Ory, Les Collaborateurs, op. cit. — S. Courtois, thèse, op. cit. — Le Monde, 9 avril 1948. — État civil de Trouville-sur-Mer et de Saint-Étienne-de-Rouvray.